Sound of fire

▲ Le dos recouvert d'une fine pellicule de cendres, Gladys ronflait régulièrement des naseaux, bruyamment. Elle était bien obligée de passer par là, pour rejoindre un blessé incapable de la suivre et l'aider à se soigner. Un petit baluchon de plantes entre ses dents serrées, elle cherchait les chemins les plus arrangeants, enjambant les rivières de lave, les sautant ou les contournant parfois. Tout dépendait de la taille de celles-ci.

▲ La jument de jais savait que ses filles adoptives avaient survécu. Elle en était certaine. Elles connaissaient l'Empire par coeur, chaque recoin, elles s'en étaient tirées, et elle n'attendait qu'un signe de vie de leur part. Apercevant l'aînée en se retournant, Gladys ne fut pas surprise. Elle se contenta de la rejoindre, sans cacher son bonheur. Yû! Ma yû!

▲ Gladys atteint enfin sa fille adoptive, qu'elle étreint, passant son encolure au-dessus de la sienne. Ma petite Yû! Tu vas bien? Pas blessée? Demandes-tu en l'inspectant. Où est Léo, tu sais?

▲ Le cœur de Gladys se serra. Léo avait disparu du jour au lendemain, elle avait beau l'avoir cherché et appelée, elle n'avait reçu aucune réponse. Depuis l'effondrement des territoires, elle craignait le pire pour sa fille adoptive. Au moins, Yû était saine et sauve, c'était déjà ça.
L'ébène souffla tendrement dans les naseaux de l'appaloosa. Son regard se posa ensuite sur les environs, dévastés. Elle devait toujours rejoindre ce blessé. Viens, je vais rejoindre quelqu'un là-bas... Elle désigna l'entrée de l'Ante-Enfer.

▲ Gladys connaissait sa fille adoptive. Tu n'y es pour rien Yû, et puis tu connais Léo, elle s'en est forcément sortie... Du moins aimerait-elle que ce soit vraiment le cas. La noiraude reprit la marche. Si, sans doute...mais une guérisseuse doit faire son devoir. Quand soudain, prise de vertige, elle dû s'arrêter, et sa vision se brouilla.

▲ Gladys reprit lentement ses esprits, ne répondant pas tout de suite à Yû. Elle s'appuya contre la paroi de roche volcanique à droite. D'ailleurs, elle ne l'entend pas bien, mais répond de façon instinctive et surtout pour elle-même. J'ai dû respirer trop de souffre.

▲ Gladys n'aime pas renoncer, le blessé a des risques de ne pas passer la nuit si elle n'intervient pas. Mais si elle intervient, il pourrait y avoir deux morts, qui sait. La noiraude hésite, puis acquiesce et fait demi tour sans trop de peine sur le sentier assez étroit.

▲ Un dernier regard en direction du passage pour ce qui la concerne. Elle suit sa fille adoptive. La route risque de durer un moment. Yû?