faut pas d'faux pas (-15)

SWEENEY

Fixé là, il observait les marsupiaux. Des fois certains s'approchaient trop près et il les recalait d'une ruade dans le vide. Même s'il avait entendu que ces bêtes étaient de super boxers, il n'en avait pas peur. Mais il ressentait la leur. Alors il étudiait ce comportement étrange, ces rebonds, tout ça n'avait pas de sens. Enfin si, c'étaient des cons, c'est tout.

Une odeur est immédiatement détectée par ses impitoyables naseaux qui ne laissent aucune chance aux vagabonds. Celle-ci était transpirante et avec un fond qu'il ne connaissait que trop bien. Mais un tout petit fond. Un tout petit peu trop. Rapt fit un mouvement de tête, tournant d'un quart. Se dressait là haut une bête majestueuse; pas de doutes.
C'était le fils, l'amant. Que. Faire.

Moi non plus, mais j'ai pas pu résister

Lui ne l'a pas vu. Pas encore, sûrement. Il observe la mer, cet étendue qu'il compare aux mers de glace. Elle semble bien plus douce, bien plus accueillante que tous les lacs gelés, les mers glaciales, les eaux nordiques. Il soupire doucement, serein, et observe en contrebas.
C'est là qu'il l'aperçoit. Une silhouette imposante, impériale. Il ne le reconnait pas tout de suite – sans l'avoir jamais vu, comment le pourrait-il ? et lui fait un simple signe de tête respectueux.

Dans la précipitation, Sweeney, ou Rapt, - voilà encore un autre problème - échangea le mouvement de tête que lui avait fait l'autre. Il se faisait polit, c'est que l'heure était grave. Il se ressaisit en balayant toute imperfection en secouant sa crinière: peut-être le geste de tête passerait inaperçu. Puis, il se demanda quel prénom donnerai-je. L'ibérique en conclut qu'il n'en donnera pas.
Le long de sa marche, il réfléchissait à son entrée. Si cela se trouve, c'était un éternel soumis, et c'est pour ça que Rowena l'aimait bien. Ou au contraire, un étalon colossal qui cache son jeu à la perfection. Mais il avait l'air jeune. Alors il se dit que c'était seulement pour ça. Sans expérience, elle lui ferait voir toutes les choses.

Tu es le mec de Rowena je présume?

Il n'adopta pas un comportement irresponsable, pas tout de suite. Et si ça se trouve, ça n'était même pas cet Oroszlàn.

Espèce de fouine

Il répond à son salut, s'approche. Oroszlàn le laisse venir, restant neutre et calme, même s'il sent dans l'air une tension qui tord le vent. Qui transforme les courants en noeuds tendus qui l'effleurent, le bousculent. Puis vient l'agression.
Par la parole, bien sûr. Aucun signe d'agressivité chez l'autre, si ce n'est cette source tendue dans sa gorge lorsqu'il lui demande ça. Le Lion se fige tout entier. Puis il comprend.
Enfin, il sait qui il a en face de lui. Sweeney.
Le « compagnon » de la veuve noire. « Il me semble savoir que Rowena n'a qu'un mec. » répond-il calment, prudent et sûr de lui, en dévisageant l'autre de façon neutre.

Un rire tordu mêlé à de l'appréhension sort de sa bouche, grave et emplit de moqueries.

Et lequel est-ce?

Qu'est ce qu'elle lui trouvait, bon sang? Il était nul, pareil à dix milles, même pas méchant.

Oroszlàn ne réagit pas au rire sinistre et moqueur de l'étalon. Il reste fidèle à lui-même. Peut-être Rowena a-t-elle vu quelque chose d'autre en lui. Certains démons qui n'attendent que d'être nourris, et qu'elle alimente très bien. « Il est clair que personne ne ferait le poids face à vous. » ironise-t-il en secouant la tête, se demandant bien pourquoi est-ce qu'ils ont ce genre de conversation. « Il parait que vous lui avez fait un enfant, alors la réponse est claire. »

Mieux vaut que tu le saches.

Son regard avait quelque peu changé. Une vague ombre s'était emparé de ses pupilles, et crachait un feu noir.

Pas exactement. A l'heure actuelle, nous en savons une vivante, son jumeau, on ne sait pas ce qu'il devient. Nous en avons tout un tas, à vrai dire. Mais il s'avère que Rowena n'est pas très ... clémente avec les poulains. Elle les tue, ou je les sauve.

On aurait dit ce débile d'Osiris : Gnagnagna, tu veux que je le dise à Rowena, ce que tu  as fait avec Septenrê? A croire qu'il ne savait pas le plus important chez la dame noire.

Ça ne choque en rien le Lion, peut-être que ça aurait dû. Un frisson court le long de son échine mais il ne cille pas, et dévisage toujours le bai. « Pourquoi me dire tout ça ? Votre vie m'intéresse bien peu, je n'vois pas ce que je viens faire là-dedans. » nie-t-il. Elle ne lui a tout de même pas raconté, si ?

Il avait beau être neutre: le fait qu'il fasse semblant de ne pas s’intéresser lui prouvait qu'il était plutôt tordu.

T'en es sûr? Rowena m'a pourtant parlé de toi avec une jolie flamme dans le regard.

Et maintenant, c'était intéressant?

Oroszlàn ne mime pas la surprise qu'il laisse apparaître sur son visage aux mots de l'étalon. Non, il est réellement surpris. Pourquoi aurait-elle risqué de lui parler de ça ? « Je serai bien curieux de savoir ce qu'elle a raconté. » lance-t-il avec un fin sourire amusé.

Je n'ai pas plus creusé que ça. Elle m'a dit qu'elle t'avait rencontré, et que tu lui montrais dessus aux prochaines chaleurs. Moi je m'occupe de ... la surveiller de loin. Rowena sait ce qu'elle fait, mais si tu l'abîmes de trop par je ne sais qu'elle force que tu n'as pas, je te promets que je te tue. Elle ne t'a peut-être pas dit que je vais au bout de chaque chose que j'entreprends.

Il avait faillit lâcher un trop gros morceau Moi je m'occupe de ta mère. Bah, il le saura tôt ou tard. Il lui dira peut-être s'il se livre un peu. Sweeney ressentait le besoin - le plus étrange soit-il - de se confier à cet étalon qui allait baiser Rowena.

L'entendre proférer tout cela comme une prophétie fait hérisser les poils sur l'échine du Lion. Lui-même n'en sait rien de ce qu'il va se passer dans le futur, pourquoi a-t-elle avancé qu'il allait la saillir ? Pourtant, il est obligé de s'avouer que l'idée ne lui déplairait pas, et qu'à cette simple imagination, il sent son coeur s'affoler. Il a chaud.
Il braque son regard sombre sur celui du bai, qui l'est tout autant. « Elle m'a confié ses pouvoirs d'antan. Ceux qu'elle avait encore avant que vous ne détruisiez toutes nos terres. » Il renâcle. Il parle d'autre chose, pour détourner un peu l'attention peut-être. Parce que ça l'intéresse, aussi. « Tu étais forcément l'un d'eux, toi aussi. Quel était ton pouvoir ? »