❄︎ whistling my name

Prise de conscience. Il était temps de commencer le changement. Le moment était enfin venu de prendre les choses en mains et de changer. J'avais pris la décision de ne pas vouloir croupir ici comme un cheval malade physiquement aux yeux des autres. Je faisais cela avant tout pour moi, pour que mon état mental puisse me permettre de devenir quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui ne souffre plus du regard des autres. Quelqu'un qui n'aura plus peur du regard d'autrui. J'avais, par cette belle journée ensoleillée mais fraîche, décidé de commencer l'entraînement sportif. Les escaliers en ruines me semblait un endroit parfait pour fatiguer mes muscles et les faire tressaillir. Mes deux yeux, plein de bonne volonté, jugèrent la hauteur de ces escaliers. Un renâclement puissant sortit de mes naseaux et je me mis à escalader de bon train ces escaliers mal en point. Comme moi. 

L'étalon à la robe argentée s'était arrêté après une longue ascension, observant le paysage que surplombait le haut des escaliers. Sa robe se fondait dans la pierre et lui-même semblait être une statue rocheuse.

Un mouvement brusque sur sa gauche fit bondir Viktor en arrière, mais le temps de réagir la chose - qui avait à peine une forme équine - était déjà repartie. Intrigué, l'étalon s'avança au bord des marches et ronfla légèrement pour signaler sa présence.

Le squelette vivant tourna son regard vers lui, et Viktor se permit de l'observer avec attention. Dire qu'il n'avait jamais vu pareil spectacle pitoyable serait mentir, il avait déjà vu des chevaux maigres de la sorte. Des gens qu'il estimait, entre autre. Ne sachant trop comment saluer la chose, il se contenta de lui lancer : Qu'est-ce que vous faites ?

La chose semblait déterminée à gravir et descendre ses escaliers indéfiniment, mais Viktor sentait qu'il n'aurait pas la patience de le regarder faire indéfiniment. Vous vous entraîner à gravir des escaliers ? répondit-il, légèrement moqueur.

Je ne pris pas la peine de répondre ; je savais que j'allais arriver en haut tôt ou tard. Exténué, j'arrivai à hauteur de l'étalon et souffla < Ca se voit, non ? > Ni une, ni deux, je pivotai et redescendai ces marches qui me semblaient infinissables.

Vous allez vous évanouir, prédit l'étalon gris, détournant la tête pour ne pas avoir à contempler ce misérable spectacle. Il s'éloigna un peu pour grimper sur un rocher, plaçant stratégiquement ses sabots dans les recoins de cette surface irrégulière. Dominant ainsi davantage l'horizon, il dilata ses naseaux lorsqu'un courant d'air fit onduler ses crins.