☾ Protect Me

Elle semble debout au bord d'un gouffre, en équilibre sur un mur vertigineux et étroit. Il comprend qu'il en faudrait peu pour la faire flancher, pour la faire vaciller. Juste de souffler un peu, comme on ranime des braises endormies.
Le regard noir du Lion ne la quitte pas. Il doit la mettre en garde, avant. « Je ne serai peut-être pas.. celui que tu attends. » Il se mord la lèvre. Il a envie de se lancer, de tenter quand même, qu'elle lui dise que ce n'est pas grave. Mais il est forcé de la mettre en garde. Il ne l'a pas fait avec Aslaug, et leur histoire s'est effritée avant même de commencer. Parce qu'elle avait eu, sans doutes, trop d'attentes le concernant. Parce qu'elle avait des attentes qu'elle affiliait à Murphy, pas à lui. Mais il ne doit pas cacher qu'il y a ce côté sombre et sauvage, prédateur et instable, en lui, qu'il ne contrôle pas. Qu'il connait peu et qui l'effraie. Ce côté qu'il tient de son père, cette tendance au Diable lorsqu'un autre démon s'approche trop de lui. Ce n'est que pour ça qu'il a fait un enfant à Rowena. Un coup de tête, un coup de folie – il n'était plus lui-même pendant ce moment-là.
Il fait encore un pas, leurs poitrails se frôlent, il en tressaille de tout son long. Il ne sourit pas, il est concentré, comme un prédateur s'apprêtant à fondre sur sa proie. Ou comme un adolescent, attiré par la plus belle fille du lycée. Il louche un instant sur les lèvres de la mouchetée. Il retient son souffle, captivé.

Elle continue de le regarder, toujours en état de semi-transe. La mouchetée continue de trembler. Mais les mots du doré la ramènent peu à peu à la réalité et enfin, elle comprend. Elle sait ce qui lui arrive. Enfin, elle pense savoir. Et tout ce qu'elle à avoué à 'Zlàn lui revient en pleine tête, la faisant d'autant plus rougir. Il s'approche, encore. Il la frôle, elle tressaille, frissonne et son corps semble prêt à exploser. Je ne suis pas en sucre. Elle pensait qu'il avait comprit. Qu'il se serait au moins rappelé ce par quoi elle était passé, qui l'avait rendue plus forte. Tout en restant elle même, malgré tout. Sa naïveté et sa crédulité en moins, évidemment. Moon avait énormément évolué depuis son arrivée sur galop sauvage. En partie grâce à lui. Elle penche alors la tête sur le côté, pour lui lancer un regard de travers, une expression un peu folle sur le visage. Le plus excitant n'est pas d'attendre, mais de surprendre. En vérité, Elune n'attendait rien de lui. Enfin rien de spécial. Au fond, elle ne voulait pas d'une relation plate, sans aucun piment. Elle voulait vivre, à fond. Ressentir le danger. Frissonner. Profiter. Je ne suis peut-être pas non plus celle que tu attend ... et pourtant, je suis là. Je suis venue à toi. Ils étaient si proches qu'il aurait été facile de prendre possession des lèvres sombres du mâle. Ces lèvres si inconsciemment désirées. Tous deux étaient si différents, mais pourtant si semblables en même temps ... En cet instant, Moon avait quasiment totalement rompu tout contact avec celle qu'elle était quand elle était arrivée.

Mais lui, qui est-il ? Qu'est-il ?
La plateforme sur laquelle il se trouve est bancale, instable. Il pourrait tomber d'un côté ou de l'autre à n'importe quel moment. Il ferme les yeux. À sa droite, une prairie à l'herbe dorée comme ses poils se secouent au vent, formant un océan d'or liquide, vivant. Une douce odeur de printemps vient embaumer l'air et quelques pétales blanches, venues d'un cerisier invisible, se déposent comme des flocons de neige. De l'autre côté, le chaos le plus total règne en maître. Quelques arbres fins et tristes errent en esclaves, secoués par des rafales sèches et impitoyables. L'air y est étouffant. Irrespirable. Pourtant, Oroszlàn parvient à y respirer. Une partie de lui est faite pour vivre là-bas, aux enfers. L'autre envie terriblement le décor paradisiaque. Il rouvre les yeux, les décors disparaissent, mais il se sent toujours en équilibre sur cette plateforme.
Il entend la jument parler, mais reste muet. Comme pour mieux comprendre ses paroles, il lit sur ses lèvres. Il les fixe, suit leurs mouvements, et s'abandonne à cette terrible envie qui le saisit depuis un moment. Il fond sur sa bouche comme un charognard, plaquant ses lèvres aux siennes avec une fougue qu'il peine à dissimuler. Son coeur implose, lui donne presque la nausée, il l'a, lui aussi, au bord des lèvres. Elle n'est pas en sucre, mais prendrait-il le risque de la briser plus qu'elle ne l'a été par le passé ?

On dit que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.
Mais à la chute de son père, Oroszlàn est un peu mort. Les yeux clos, il se laisse prendre par leur baiser volé, attendu, inopiné pourtant.

Elle l'attend. À vrai dire, elle là toujours un peu attendu. Lui toujours si proche d'elle et pourtant si loin. Le Roi du Nord et tout le mystère qui l'entoure. Lui et ses manières. Son sourire. Sa façon d'être. Mais aussi ce côté sombre qu'il ne montre à personne. Ce monstre qui sommeille en lui et qui attire Moon, inlassablement. Ce complexe personnage qu'est Oroszlàn. Voilà ce qu'elle veux. Qu'elle dévore des yeux, le cœur battant, prête à basculer dans un monde dont elle ignore presque tout. Chacun cache en soi un monstre qui sommeille. Et tandis que les uns le laissent s'exprimer librement, d'autres le confinent, l'enferment. Et d'autres ne le réveilleront jamais. De quel côté était située Elune ? Elle ne le savait pas encore.
Et lorsque le doré plonge sur ses lèvres, la belle frémit et tout en elle explose. Sa poitrine peine à retenir la brutale course que vient d'entreprendre son cœur et plus rien ne semble le retenir. Son esprit se déconnecte et elle oublie tout. Le froid. Le vent sifflant dans les hublots défoncés de leur abri. La peur qui l'étreignait jusque là. Jamais personne ne l'avait embrassée ainsi auparavant. D'ailleurs, jamais personne ne l'avait embrassée. Répondant avec la même fougue que lui au baiser qu'il lui offre, Moon semble perdre pieds. Mais elle n'a pas peur, au contraire.

Et s'il doit sombrer, elle irait avec lui.

Chacun d'entre nous porte en lui un inquiétant étranger.

Murphy l'appelait son passager noir. L'invité clandestin qui prenait parfois les rênes. Oroszlàn ne laisse les commandes à personne d'autre, sinon à lui-même. Parce que cet étrange n'est pas un autre, il fait partie de lui. Et il va lui falloir l'accepter. Le prendre en considération, l'écouter aussi parfois, oser le contredire.
Et il sent qu'Elune est prête à plonger avec lui, même s'il se refuse de l'entraîner dans les bas-fonds à sa suite. Mais qui ne tente rien n'a rien. Alors... on n'aura qu'à voir.
Alors que le baiser se poursuit, encore et toujours, les privant tous les deux d'oxygène, il colle son poitrail au sien plus franchement. Un râle s'échappe de ses lèvres écrasées contre celles de la grise, lorsque ses oreilles laissent filtrer un son qui attire son attention. Suffisamment pour qu'il mette fin au baiser, abruptement. Il tourne vivement la tête et ses muscles se tendent immédiatement. Un deuxième hurlement se fait entendre, de nouveau, et le Lion observe, par la fenêtre de l'appareil, les trois loups qui les encerclent.

Elune s'ignore. Elune étouffe. Elune plonge. Mais elle n'a plus peur. Elle n'est plus seule. Enfin plus totalement. Et tandis qu'elle se laisse aller à leur étreinte un peu sauvage, Oroszlàn s'écarte, brusquement, la ramenant à la réalité. Au froid. Ne comprenant dans un premier temps pas ce qui avait bien pu pousser le doré à s'écarter ainsi elle le regarde, hébétée. Puis un troisième grondement s'élève hors de la carcasse. Regardant à son tour à l'extérieur, Moon grimace. Trois loups, quelque peu imposant encerclent l'abri. Se tendant à son tour, la moucheté plaque les oreilles, mécontente. Pourquoi fallait-il toujours que quelqu'un ou quelque chose vienne gâcher ses moments de bonheur ? Jetant alors un rapide coup d'oeil au doré, elle attend qu'il dise quelque chose.

Car si cela ne tenait qu'à elle, elle serait déjà sortie. Se jeter dans la gueule du loup n'était pas dans sa nature, mais aujourd'hui, la mouchetée n'était pas d'humeur. Elle avait toujours le cœur au bord des lèvres et les milliers d'étincelles dans le corps mais une nouvelle sensation venait de les rejoindre : le manque. Ainsi que l'envie. Celle de recommencer. Celle de sceller à nouveau leurs lèvres, dans un baiser encore plus passionné que le premier. D'une voix plus rauque qu'elle ne l'aurait voulue, mué par tous les sentiments qui la submergeait, Elune pris la parole. Que fait-on ? On se laisse coincer ici ou on saute dans le tas ?

Lilou

Il n'a aucunement l'intention de se faire prendre au piège. Pas là, dans son propre refuge. Personne ne viendra à bout du Lion dans sa propre tanière. Il sent son poil se hérisser, son regard devenir sombre, sérieux, aussi froid que peut l'être une pierre noire. Il observe les loups, qui commencent à japper, à hurler. Il se tourne vers elle, et sa voix n'a plus rien de séductrice. Elle est autoritaire mais confiante. « Tu te souviens de notre entraînement ? Voilà le premier test. » Il lui offre un sourire en biais. Secouant sa crinière d'argent, il se rue vers l'entrée en quelques pas souples et habitués. Il tourne la tête, l'observant du coin de l'oeil. « Tu en prends un, je m'occupe des deux autres. Si tu te retrouves en difficulté, tu m'appelles. Et tu le fais. » Il la toise, sérieux. Elle ne doit pas plaisanter avec ça. Si elle se retrouve en position de faiblesse par une quelconque éventualité, il faut qu'elle le lui dise, et elle ne doit pas en avoir honte. « Ils sont sensibles à l'intimidation. » reprend-il en observant le dehors et les loups, qui cherchent déjà une entrée. Le dominant se rapproche des escaliers, et l'air glacé vient se cogner contre son corps encore bouillant. Il attend son assentiment avant de se lancer dans l'arène.

Si la solution est d'attaquer, alors autant y aller. Rejoignant Oros' vers les escaliers, Moon se contente d’opiner du chef à chacune de ses paroles. Intimider, pousser et si cela ne fonctionne pas, se battre pour sa vie. Le froid la saisit, mais l'adrénaline l'empêche de frissonner. À la suite du doré, Elune se lance, faisant face au plus éloigné des trois prédateurs. Oreilles plaquées, allure assurée, la jument s'avance, tout en ronflant des naseaux, le regard dur et assombris. Arrivé à quelques centimètre du canidé, qui montre les crocs tout en se léchant les babines, la moucheté piétine le sol, tout en lançant ses antérieurs en direction de l'animal, prête à tout pour éviter le combat. Elle n'a pas envie de se battre. L'envie de jeter un coup d’œil vers 'Zlàn la démange, mais elle sait qu'une seconde d’inattention pourrait lui être fatale. Alors elle reste concentrée sur son adversaire, qui recule de quelques pas, tout en grondant et claquant des dents. Moon lui répond, de plus en plus fébrile.
Au fond d'elle, elle a peur qu'il attaque. Elle ne s'est jamais battu pour de vrai. On ne se battait pas dans sa vallée natale. Ou très peu. Jamais la pouliche qu'elle avait été n'avait vu son père se battre. Il lui avait toujours dit d'éviter le conflit, quoi qu'il advienne. Mais il n'avait jamais pris le temps de lui expliquer pourquoi. Et tandis que l'animal recule, elle avance, de plus en plus menaçante. Enivrée par la tournure que prend le face à face, Elune prend confiance en elle et peut à peu, le monde autour d'elle disparaît. Jusqu'à ce que l'image d'Oros' ne fasse irruption dans son esprit et ne l'oblige à détourner les yeux, durant une seconde. Non ! Concentre toi ! Lui crie une voix, dans son esprit. Mais c'est trop tard.

Le prédateur n'attendait que ça. Un moment d'inattention. Il la contourne, ne la quitte pas du regard et ... lui saute dessus. Ses dents se fichent dans la base de son encolure, au niveau de l'épaule. Un cris de douleur s'échappe alors des lèvres de Moon, qui bondit en arrière, le loup accroché à son épaule. Alors, dans un geste désespéré, la moucheté se cabre, de toute sa hauteur, pris l'encolure et attrape l'animal par la cuisse, planta sa mâchoire dans la chair tendre et les muscles. Et elle tire. La douleur est terrible. Et ce fut le noir. La lumière remplacée par la fureur. Une fureur qu'elle ne se connaissait pas.
Lorsqu'Elune rouvrit les yeux, elle était étendue dans la neige, rouge de sang. Et elle ne se souvenait de rien. Qu'est ce que ... ? Balbutia-t-elle, vaseuse ... Mais ce qu'elle vit la pétrifia : non loin, d'elle, le corps sans vie du loup, la nuque brisée. Sans parler de sa fourrure et de ses blessures. Qu'est ce qu'elle avait fait ?

Mouahahaha voilà ce que je préparait depuis son arrivée

mouahahahahahaha

Elle semble être d'accord sur toute la ligne. Ça tombe bien, ils n'ont pas le temps de traîner. Il la laisse descendre avant lui et une fois cela fait, à son tour, il se jette au dehors. Son corps musclé atterrit souplement dans cette neige qu'il connait si bien, sur cette glace qu'il a appris par coeur, dans ce décor où il ne fait qu'un avec l'Hiver. Mais ses adversaires connaissent bien le terrain aussi, manque de bol. Il ne les dupera pas là-dessus.
Il ne s'occupe plus d'Elune. Elle doit se gérer seule. Lui doit aussi se concentrer. Ses poils se hérissent et il tourne un regard noir de rage sur les deux loups. Un regard qui ferait sûrement pâlir n'importe qui... sauf un prédateur. Bien. Alors allons-y. Les deux se sont rapprochés l'un de l'autre et s'avancent, les crocs dehors. Mais le Lion n'a que faire de leur petit jeu, il peut les intimider bien plus qu'eux. Pour première tentative, il charge. Oreilles enfouies sous ses crins d'argent qui tourbillonnent, Oroszlàn fonce droit sur eux. Ils s'écartent au dernier moment, et il parvient à en bousculer un de sa tête massive. Le loup grogne et lui envoie un coup de griffe. Il en a déjà un qui lui a laissé une belle cicatrice sur le visage, il n'est plus à ça près. Il se retourne en un seul bond et leur fait face de nouveau. L'un d'eux charge déjà, mais l'étalon l'envoie hors de danger d'un mouvement de tête en le soulevant par les flancs. Le loup couine mais plus aucun son ne sort de sa gueule lorsque sa tête rencontre un rocher. Ses flancs se soulèvent encore. Il n'est sûrement qu'assommé. Il se retourne alors un instant pour jeter un oeil sur la grise. C'est plus fort que lui. Il ne se pardonnerait pas qu'elle soit blessée, ou pire encore.

Mais le spectacle auquel il assiste le cloue sur place. La jument est déchaînée. Loin de la douceur qu'elle porte habituellement, il la découvre pleine de hargne, de colère, de violence. Ça lui fait froid dans le dos, parce qu'il se demande s'il apparait comme ça, aussi, lorsqu'il s'abandonne à sa colère intérieure. La première chose qui le réveille, c'est le crissement des griffes sur une plaque de verglas. La deuxième, c'est la douleur qui le saisit brusquement à l'antérieur. Il tombe instantanément à genoux. Bon, d'accord, fini de rire. Il se relève en un bond magistral. Il voit rouge. Son corps entier est parcouru d'étincelles acides et il bondit sur le loup qui vient de l'attaquer. Et il frappe. Et il frappe encore. Et encore. Et encore. Son poitrail et la neige autour se teignent de rouge. Mais le Lion ne s'arrête pas. En plein dans une folie furieuse, il extériorise tous ses démons sur le cadavre massacré de l'animal. Il sent les os craquer, la chair s'exploser, il a presque envie d'y goûter. Son père n'a pas choisi ce nom au hasard, en lui sommeille un prédateur féroce et imprévisible.

(...)

Lorsqu'il s'arrête ainsi, ce qui le trouble, c'est ce silence brutal. Jusque là, ses tympans étaient prêts à exploser sous un assaut terrible et interne. Mais lorsqu'enfin la folie barbare quitte le corps de l'ibérique, il se rend compte qu'autour de lui, tout est calme. Calme, silencieux. Bien trop silencieux. Il étudie brièvement le décor. Le loup à ses pieds qui ne ressemble plus à un loup. L'autre n'est plus là, il a dû s'enfuir. Et le troisième... dans une marre de sang. Où baigne aussi la grise. Son coeur se serre et sa mâchoire se crispe. « Non ! Elune ! » crie-t-il en se ruant dans sa direction.

Désolée pour le pavé

Etendue sur le sol, le corps couvert de de neige et de sang mêlée, Elune met quelques instants à reprendre contact avec la réalité. Le monde semble s'être stoppé autour d'elle. Ses petites oreilles captant soudainement la voix d'Oros' la poussent à se redresser, lentement. Tremblante sur ses membres, La mouchetée jeté y regard vers le cadavre tuméfié de son adversaire, que la vie à quitté depuis longtemps. Un frisson la parcourt mais le dore l'a deja rejointe, visiblement inquiet. C'est ... moi qui ai fait ça ? Demande-t-elle d'une voix tremblante, à la mesure de ses membres qui peinent à la soutenir. Moon titube, mais ses yeux ne peuvent se détacher de la vision d'horreur que lui donne le corps du loup. Oros' .... qu'est ce que j'ai fait ? Je .... ne me souviens de rien .... Continue-t-elle, l'estomac dans les talons. Elle a la nausée. Elle ne sais plus à quoi se raccrocher.
Complètement perdue, incapable de se souvenir de quoi que ce soit la jument jette un regard implorant à son amant. Elle voudrait qu'il l'a rassure, qu'il lui dise que ça va aller, que c'est pas grave, qu'il y a une explication à tout cela. Mais au fond, Elune sait. Elle sait ce qu'il s'est passée. Au elle comprend. Elle comprend pourquoi son père ne se battait jamais. Pourquoi il lui avait interdit de se battre, pourquoi il ne le lui avait jamais appris. Et la, maintenant, elle a peur. Peur que cela se reproduise. Alors elle cherche son regard. Mais elle ne bouge pas, pétrifiée. De toute façon il n'y avait plus rien à faire. Car le mal était fait. Son demon intérieur venait de s'éveiller et la situation était irréversible. Et elle allait devoir vivre avec ça.

Nom de dieu cette réponse est nulle par rapport à la tienne. Bon en même temps je suis sur telephone xD

Une partie de lui a envie de tout lui révéler. Qu'il connait ça. Qu'il ne le contrôle pas non plus chez lui, mais qu'il connait. Mais il n'en a pas le droit, trouve-t-il. Il inspire un air chargé de l'odeur poisseuse du sang. Il regarde le sol, là où la neige, souillée, se mélange au sang des victimes. « Tu t'es simplement défendue. » commence-t-il en se rapprochant d'elle, n'ayant que faire de ses blessures.
Il sait qu'elles sont superficielles si on les compare au choc interne qu'elle doit vivre. Le même qu'il a déjà vécu, et qu'il revit souvent puisqu'il peine à accepter cette partie de lui. « Et tu t'en es très bien sortie. C'était eux ou nous, Elune. » la rassure-t-il d'une voix pourtant forte et autoritaire.

t'en fais pas c'est faux, désolée du retard

Elle a envie de fuir. Loin. D'oublier ce qu'il vient de se passer. Mais elle n'a pas le droit. Dorénavant, elle allait devoir assumer ce qu'elle avait, même si ce n'était que de la défense. Sentant le corps de l'étalon se rapprocher du siens et son être tout entier s'électriser, la belle ne peux s'empêcher de se coller à lui, dans un réflexe somme toute normal. Je l'ai tué ... mais je ne m'en souviens pas ... Ce n'était pas tant le fait d'avoir ôtée la vie qui la dérangeait - car comme le disait Oros', ça avait été les loups ou eux - mais plus le fait de ne pas se souvenir. De sentir en elle comme un grondement furieux, violent et quasiment incontrôlable. Jetant un dernier coup d’œil à la dépouille de sa victime, Moon se détourna, l'estomac toujours aussi retourné. Elle n'avait qu'une envie : retourner se terrer dans la Carcasse et ne plus voir ce triste spectacle. Offrant alors un maigre sourire à son compagnon, la mouchetée se dirigea lentement vers le refuge du doré, sans se rendre compte qu'il lui manquait un bout de peau à la base de l'encolure, là où le loup l'avait mordue.
La plaie, béante, semblait ne pas la faire souffrir. Tout comme les quelques autres, qui parsemaient maintenant son corps autrefois si blanc. Mais ce n'était affaire que de quelques minutes. Le temps que la pression retombe, qu'elle reprenne contact avec le monde qui l'entourait. Seulement, là, avec 'Zlàn dans les parage et vu comme son corps réagissait en sa présence, ça n'allait pas être facile.

Il ne répond rien. Lui s'en souvient toujours, de ses excès de colère et de fureur. Cette violence intense et dérangeante qui le possède tout entier. Il s'en souvient toujours, oui, et il aurait parfois préféré les oublier. Comme une folie cachée, un prédateur tapi juste là, au fond de lui. Avec une grande inspiration, il la suit quelques mètres derrière, laissant le froid lui rafraichir les idées et lui redonner un contact cruel avec la réalité. Ses blessures saignent, mais il ne les sent pas. Pas encore.
Il la rejoint à l'intérieur, et la pénombre lui semble plus épaisse qu'avant qu'ils ne sortent. Lui non plus ne veut plus voir ce spectacle intimidant et malsain au dehors. Il tente de calmer sa respiration, inspirant le parfum que la jument a laissé sur son passage. Il la rejoint dans une des pièces, silencieux, et pour tout réconfort, souffle un air brûlant sur ses flancs.

Oublier. Elle voudrait tellement oublier. Cachée dans un coin sans hublo de la carcasse de fer, Elune ferme les yeux et inspire, lentement. Et le parfum de l'étalon pénètre dans ses poumons, faisant à nouveau bondir son cœur, déjà pas mal éprouvé par les événements. Au même moment, Moon sent un souffle chaud sur ses flancs. Quelque chose de rassurant. Doucement, elle tourne la tête et le regarde, de ses grands yeux de biche. Incapable de lui résister.

Bon c'est pas top mais c'est pour faire avancer ♥