blame it on the girls (s)

Il s'était débarassé de son licol à grand peine, étant une des seules conditions que son maître exigeait pour qu'il puisse s'ébattre dans les terres gsiennes. Bryan lui faisait une confiance aveugle pour retourner au milieu des humains. Soldier n'avait aucun intérêt à rester en liberté : il était né en captivité, et la liberté ne l'intéressait guère. Mais sa stature d'étalon, sa robe tachetée et son comportement fougueux induisait tout le monde en erreur, et il comptait bien s'en servir ici. A moins qu'on ne réussisse à lui faire miroiter les avantages de la liberté ?

(oroszlàn)
Il les salue d'un simple signe de tête. Ces drôles de bêtes à cornes qui sont ici chez elles plus qu'il n'est chez lui. Il les respecte, toujours. Dans l'entente et le partage d'un même lieu.
Une odeur qui lui est inconnue a fait partir tôt ce matin notre héritier. Après avoir marché des heures dans les étendues enneigées, suivant distraitement le parfum étranger, il se rapproche enfin du but. Il connait chaque recoin, chaque odeur, chaque défaut du paysage et ici, rien ne peut échapper au Lion. Il secoue la tête, cherchant dans les silhouettes des arbres gris celle qui n'est pas ici chez elle.

En sortant de la forêt, Soldier se retrouve face à une étendue d'herbe rase, qui semble peu appétissante. Des drôles de bêtes, au têtes surplombées de branches, la broutent sans que cela ne semble les déranger. Réprimant une moue de dégoût, et observant les animaux avec méfiance, l'étalon pie s'apprêtait à retourner dans la forêt lorsqu'une silhouette beige attira son attention à l'horizon. Plissant les yeux, il tenta de distinguer davantage les contours de cette présence dansante, se demandant s'il s'agissait d'un humain, d'un cheval, ou d'une autre bête étrange.

Il est sur le point de faire demi-tour et de s'en retourner à ses rondes quotidiennes lorsqu'il visualise enfin, se détachant sur l'étendue blanche, la silhouette tachetée. Il secoue la tête, envoyant ses crins argentés de tous côtés, les arrachant à l'emprise du vent glacé, avant d'hennir doucement dans sa directement, sans avancer vers lui pour autant.

Le hennissement trancha sur son hésitation, et Soldier soupira de soulagement. Ces bêtes cornues ne le rassuraient pas vraiment, pour tout avouer ¬¬ Il répondit au hennissement, le tien semblant un peu plus interrogateur, faisant quelque pas dans sa direction.

Comme l'autre fait quelques signes de rencontre, Oroszlàn se met également en marche. Son allure détendue et à l'aise sur le terrain, ses crins argentés flottant autour de son encolure puissante, son corps doré frémissant sous les assauts timides d'un soleil pâle. Il arrive enfin près du tacheté, et ne peut déterminer en quoi son odeur lui parait étrange. « bonjour. »

C'est un étalon isabelle, aux crins bizarrement gris. Soldier n'est pas sûr d'avoir déjà croisé un cheval avec une telle robe, et promène son regard sur son corps musculeux. Sûr qu'il doit être un étalon dominant, bien qu'il ignore que endroits ici sont découpés en territoires, régis par divers dominants. Il semble vraiment costaud, une parfaite monture pour les humains, et certainement un bon reproducteur. Mais un éclair de jalousie pince le coeur de l'étalon pie : il ne souhaiterait tout de même pas se faire voler sa place. L'étalon finirait castré. Bonjour ! lui répond-il, en souriant. Je me suis perdu, je crois... Il fait sacrément froid ici ¬¬ ajoute-t-il en promenant son regard autour d'eux.

Le Lion promène son regard sur l'inconnu. Il est bien bâti, et rien de son physique ne témoigne d'où il vient. Seule son odeur a des accents que l'héritier nordique ne connait pas, et qui l'intrigue énormément. Sûrement vient-il de très loin d'ici pour porter un tel parfum.
Il sourit un peu, toujours chaleureux quant aux patrouilleurs dans son territoire, bien qu'au fond de lui, Oroszlàn garde une méfiance présente quasi-obsessionnelle. « vous êtes ici au septentrion, c'est le territoire le plus au nord que vous puissiez trouver ici. je peux vous raccompagner au dehors, si vous voulez. » propose-t-il poliment.

Un sourire malin tire les lèvres de l'étalon pie, qui redresse un peu la tête, prenant une inspiration sonore. Avez-vous peur que je ne cause quelque troubles sur votre territoire ? lance-t-il, avant d'enchaîner : Je préfèrerais le visiter, en vérité. Avec vous comme guide, je ne pourrais rêver mieux.

Le Lion dévisage lentement l'inconnu avant de sourire. « pourquoi, je devrais avoir peur de ça ? » réplique-t-il avec amusement. Il secoue sa crinière d'argent. « je veux bien vous faire visiter, avec plaisir. vous êtes ? »

Tous les dominants n'ont-ils pas peur de se voir voler leur territoire par un autre ? rétorqua-t-il, lui rendant son sourire. Je m'appelle Max, et vous ?

Le Lion lui lance un rictus amusé. « En effet. Mais rarement par un nouveau venu. » relève-t-il en balançant son encolure de droite à gauche. « Oroszlàn, enchanté. »