∞ les bijoux

SOCRATE
Socrate arpentait les Sables sans jamais se lasser, ce terrain regorgeait de surprises dont l'animal était friand. Après avoir surmonté un col sec, il s'est retrouvé face à une coulée rouge vive tirant sur des oranges charbonneux. Fasciné, Socrate s'est précipité vers la larve de feu en prenant soin de ne pas la toucher. Règle numéro un du petit inspecteur, ne pas toucher aux preuves avant une inspection plus méticuleuse de visu. Voilà qu'il avait eu raison car cette guimauve chauffait le sol autour d'être et semblait laisser émaner une chaleur beaucoup trop importante pour que Socrate ne puisse y apposer un sabot. Soit, il se contente alors de suivre la traînée en descendant la pente, les yeux rivés sur elle sans s'occuper d'où il mettait les pieds.

Cette fois encore, il y avait quelque chose entre Biche et Socrate. La dernière fois, c'était la barrière du chemin de croix, puis un minuscule poney, et maintenant de la lave en fusion. Elle l'avait aperçu alors qu'elle se tenait là, dans la chaleur ambiante, se détendant muscle après muscle, semblant prendre racine. Des bruits de sabots l'avaient convaincue d'ouvrir les yeux, et c'est à ce moment qu'elle l'a reconnu. Pour le moment elle ne bouge pas. Mais elle sourit.
-

Socrate relève la tête, une odeur particulière se love dans ses naseaux. Il reconnaît le tas de muscles qui lui fait maintenant face sans connaître pour autant son prénom. « Tu me suis ? » Demande-t-il à raison sachant qu'ils se rencontraient souvent ces derniers temps.

- Non, mais jamais mécontente de te croiser.
Elle n(avança toujours pas, le regardant avec ce micro sourire en coin qu'elle affichait souvent.
- Des choses à cacher ?

Socrate continue d'avancer, il fait attention à ne pas poser de sabot sur la lave qui coule à côté de lui. « Tu imagines bien que non. Néanmoins je pensais me faufiler entre les territoires avec une quelconque agilité. Mais je vois que non » Il n'est pas déçu, il n'est rien finalement, il constate simplement.

Le voyant s'éloigner, Biche soulève un pied, le pose devant elle, et recommence avec les autres. Elle le suit, lentement.
- Tu as peur de passer au dessus ?

« Oui » Avoue l'animal sans honte. « Ça me semble dangereux » Explique Socrate alors qu'il continue de descenre. Peut être que la jument tentera de lui prouver qu'il a tord, néanmoins lui ne s'y aventurerait pas. Le fait d'être curieux n'implique pas d'aimer prendre des risques inconsidérés.

- Tu as raison, et tort. Ou tort et raison.
Biche avait déjà expérimenté de jeter des trucs dedans pour voir comment réagissait la matière, et se trouvait là où elle était suite à un enjambement.
- C'est dangereux uniquement si tu le touches.

Socrate écoute distraitement les mots de la jument, n'aimant que peu la rhétorique. « Je ne prendrai pas le risque » Conclut-il en continuant sa route, à quoi bon traverser et risquer de glisser quand on peut continuer tout droit sans se soucier du danger qui dort ?

- C'est dommage. fit Biche simplement.
Comment progresser sans prendre de risques? Intéressante question.
- Prends tu des risques, de temps en temps ? Si oui, lesquels ?

Socrate soupire, il n'a pas envie de dévoiler la marche qu'il aime suivre, elle lui est personnelle, elle retrace sa vie, ses expériences. « Mon instinct me dicte quoi faire » Ment-il sans trop le cacher et sans relever les yeux vers son interlocutrice.

Socrate ment. Il était bien sûr trop réfléchi pour n'agir qu'à l'instinct. C'était parfaitement impossible. Quelle attitude adopter face à cette attitude désinvolte ?
- Tu m'expliquerais comment faire ? Je suis toujours en phase d'apprentissage de la vie sauvage, et je manque parfois de méthodologie.
Elle n'essayait pas de le piéger, mais de s'intéresser à ce concept qui n'était pas le sien. Peut-être qu'en l'évoquant son interlocuteur était plus à même de le lui présenter.

Socrate ne pense pas la duper, il n'imagine pas que son manque d'honnêteté lui porte préjudice, surtout pas avec elle. « Il faut simplement écouter la petite voix qui nous dicte quoi faire quand on hésite » Propose simplement l'animal en continuant sa descente, là où la lave s'est finalement arrêtée, comme morte au pied d'une large roche. Socrate en fait alors le tour, ses oreilles pointées vers le feu morne qui devient petit à petit aussi noir que du carbon.

ça, parfois Biche le faisait. Parfois pas.
- D'accord. Et toi du coup, tu fais comment ? lance-t-elle, nonchalante.
La lave est morte. Biche est arrivée au bout de la descente. Mais elle n'a encore jamais vu la source... Il faudrait partir à sa recherche.

Socrate hume la lave séchée en restant silencieux, il prend son temps, laisse son mutisme envahir le lieu. « Comme je t'ai dit, j'écoute cette voix quand je doute » Ment l'animal en posant finalement un sabot sur le feu qui ne brûle plus. Il sent de la chaleur, cela l'intrigue. Alors il se redresse et décide de remonter la pente sans prêter attention de savoir si la jument allait le suivre ou non.