‹ wrong time, right place ›

Il sent sa chair céder et le lion se déchainer contre lui. Il lâche sa prise avant qu'une trop grosse partie de peau ne reste dans sa bouche, autrement il ne porterait plus la marque qu'il tenait tant à lui faire, à imposer sa propriété, comme sur la jument d'or qui attendait sa descendance.
Il a tout juste le temps de relever les yeux vers lui pour les sauver in extremis, arrondissant son encolure pour rabaisser son visage et n'offrir que le vide à l'assaut acharné, désespéré ?, de l'étalon. Owb's profite de cette position pour repousser Oros et se redonner de l'espace. Cependant il ne réplique pas, restant droit et immobile face à lui. Narquois, méprisant. " Le Lion est resté trop longtemps en cage. " siffle t-il entre ses dents. Il ne souhaitait pas l'amocher outre mesure, il avait en partie obtenu ce qu'il voulait. Un jouet cassé devenait inutilisable et inintéressant.

Owberine plaque ses oreilles contre sa nuque et fait claquer ses dents dans le vide. " Mais justement, moi je veux qu'il sorte. Cesse d'avoir peur de toi même ! " tonne t-il, sa voix puissante se répercutant en écho sur les parois rocheuses.

Une lueur supérieure et satisfaite éclate dans le regard clair de l'akhal. Il aimait mieux l'attitude que venait d'adopter Oros. Plus féline, plus bestiale, plus assurée. Le Lion était parfois un animal feignant, il fallait le titiller pour l'obliger à dévoiler sa splendeur.
Ses lèvres se retroussent en un rictus mauvais, hautain. " Un serpent. " répond t-il sans hésitations. Vicieux et belliqueux. Il n'était certes pas un petit prédateur comme lui, surplombant de part sa grande taille lap lus part de ses congénères équins, mais il était aussi vil et sournois que lui. Meurtrier aussi.

L'akhal le laisse revenir à lui tout en observant avec minutie chacun des infimes mouvements qu'il fait, que ce soit le tressaillement d'un muscle ou l'avancée de son sabot sur le sol. " Tu pourrais encore te faire mordre. " contre t-il, lui faisant une piqure de rappel tout en jouant habilement de sa provocation naturelle.

Owberine ne se prive pas pour redresser son encolure et le regarder de haut, affichant son air supérieur. " Beaucoup ont essayé. " D'un geste de la tête, il se montre, avec un sourire arrogant. " Et pourtant, je suis toujours là. " Il fait à son tour un pas vers lui. " Essaie tu de me menacer, mon Lion ? "

Owberine s’accommode de l'effleurement, même s'il désirait plus. Il en joue, se dandinant d'un pied à l'autre, la caresse invisible chauffant son poitrail comme si on s'amusait à lui passer la flamme d'une bougie dessus. " Est immortel celui dont on n'oublie jamais le nom. " réplique t-il en arquant un sourcil, avant de les froncer. " Les rumeurs sont donc vrai, tu fuis. "

L'akhal ne s'offusque pas de l'insulte du grand doré, au contraire, cela le fait doucement sourire, dans l'ombre. Il sait qu'il va partir, le quitter ainsi et ici. Une part de lui voudrait qu'il reste encore, une autre le défend de le retenir d'avantage. Lorsqu'ils se reverraient, et ils se reverraient il en était certain, les étincelles qu'ils avaient provoqué aujourd'hui se transformeraient en brasier ardent. Cela lui permettrait d'entendre, non sans impatience, que ce jour vienne. " A bientôt, mon Lion. " souffle t-il sur les parois de pierre, pour que la légère brise parcourant les couloirs sombre lui apporte ses derniers mots, avant qu'il ne disparaisse lui même dans la pénombre, dans le sens opposé.

Out