OUI MAIS

Il lui sourit. Un sourire déformé, étranger, mais un sourire quand même. Et elle ne peut s'empêcher d'y répondre, parce qu'elle ne veut pas lui montrer la peur qu'elle ressent à ce moment là. Elle ne veut pas qu'il sache que son cœur est sur le point d'exploser. Isildure m'a tué. Cette révélation fait son bout de chemin jusqu'à son cerveau. Elle ne comprend pas tout de suite. Elle ne saisit pas ce que cela implique, jusqu'à ce que… la réalisation la frappe de plein fouet. ISILDURE ? Tué ?! C'était donc Isildure qui lui avait fait ça ? Elle attend, immobile. Le regard fixe. Elle attend un démenti. Elle attend de le voir sourire encore, puis rire. Elle attend la douce étreinte du réconfort, mais c'est le poids de l'horreur qui la fait vaciller. Naska ne bouge plus d'un iota. « Naska ? » Pas de réponse. « NASKA ?! » Elle s'approche. Dans la précipitation, elle s'écroule à ses côtés. Elle veut être près de lui, imprégner son corps de chaleur, insuffler un soupçon de vie à ses poumons délaissés. Elle veut qu'il s'accroche. Elle refuse d'y croire. « Naska… Naska, tu n'as pas le droit de partir comme ça. Tu n'as pas le droit. » Sa voix vacille comme le pont d'un navire en plein naufrage. Plus les secondes passent, plus elle se rend à l'évidence. Le cœur au bord des lèvres, elle le contemple une dernière fois dans les yeux. Des yeux noisettes magnifiques, où se reflète désormais un visage déformé par le chagrin. Doucement, elle penche sa tête vers la sienne et, du bout des naseaux, ferme ses paupières pour le protéger du monde. À tout jamais. Lorsqu'elle se relève, elle voit ses propres larmes s'écraser sur la robe rousse de son ami. Elle pleure. Elle pleure un océan de chagrin, en se jurant que ce crime ne restera pas impuni. « Je te vengerai, Naska. Je te le promets. » chuchote-t-elle entre deux sanglots, d'une voix à peine audible. « Je te le promets. »