ı prendre racine ı

Malgré tout, il la laisse revenir à lui, la laisse pénétrer dans sa si précieuse bulle. Son ton est neutre, calme, posé. Mais il est bien placé pour savoir que ce n'est pas forcément quelque chose sur lequel on pouvait se fier. " Ma sentence ? " répète t-il, tiquant sur le mot. En était ce vraiment une ? A dire vrai, il ne savait pas vraiment ce que c'était. Il en avait juste ressenti la vive envie, la sauvage impulsion. Il serre sa mâchoire, avant de tourner de nouveau son visage vers elle. Elle était beaucoup plus proche que ce qu'il n'avait pensé mais il ne se déroba pas. Il ne se dérobe jamais. " Il a dit que j'avais peur. " Le dégoût avec lequel il prononce ce mot est palpable. Il la fixe, avec cette intensité brulante et particulière. Il ne cille pas, il est prêt à voir son visage se transformer, car elle ne comprendrait pas, qui le pouvait ? " Je n'ai pas peur. " murmure t-il sans aucuns tremblements dans la voix, un murmure, un souffle, parfaitement maitrisé, trop peut être pour que cela soit normal.

Mais elle, elle peut.
Il tourne la tête, et leurs souffles s'entremêlent. Il ne recule pas ; elle non plus. Elle conserve cette proximité dérangeante, cette douce alchimie malsaine. Elle ne vacille pas sous son ton, ne montre aucune réaction à ses paroles. Comme elle, il semble programmé, il semble maîtriser parfaitement ses émotions, ses ressentis, sa voix et son corps. Pour ne rien laisser filtrer. Que peut-on faire avec deux boucliers ? « Je comprends. » fait-elle simplement, laissant ses mots s'échouer contre les lèvres du mâle. Elle redresse la tête, la met plus haute que la sienne et cherche de nouveau ce regard si sombre. Comme le sien, encore une fois. « Peut-être aurais-tu pu lui expliquer avant de le tuer. Ou accepter qu'on ne soit pas tous comme toi. Il ne méritait peut-être que d'être laissé de côté. »

Il ne s'attend pas à cette réaction et laisse déstabiliser quelques secondes par la neutralité de sa voix, son souffle venant s'échouer sur ses lèvres, son regard harponnant le sien. Mais il se ressaisit, ses mots le ressaisissent. " C'est étrange comme cela semble si facile et évident quand cela sort de votre bouche, à vous autres... " commence t-il, dans un murmure mesquin, voir railleur. " Je n'avais pas prévu de le tuer. C'est arrivé, c'est tout. " Son ton se fait de plus en plus dur, plus agacé. Essayait-il de dire que c'était un accident ? Non, pas vraiment, car même si ce n'était pas prémédité, il connaissait l'issue fatale qui l'attendait en le poussant dans le vide. Pourquoi devait-il se justifier ? Elle mentait, elle ne comprenait pas. Ses oreilles se plaquent lentement contre sa nuque, sans qu'il ne s'éloigne d'elle pourtant. " Mieux vaut parfois mourir que d'être laissé de côté... "

« Vous autres ? » répète-t-elle, à la fois amusée et blessée qu'il la voit comme tous. Comme n'importe qui. Comme rien. Mais c'est ce que tu es, ma pauvre. Une fille de rien. Une fille née de rien sinon d'un tabou ultime. « Tu as peut-être raison. » fait-elle pourtant à sa dernière réplique, hochant la tête et plongeant son regard dans le torrent de feu, sans se reculer, sans s'arracher à leur promiscuité.

( Ta signature )

" Toi, mon frère, mon oncle... " souffle t-il. Tant de personnes qui auraient pourtant du essayer de le comprendre, d'être là pour lui, non ? Sauf elle peut être. Qui était-elle pour lui ? Personne. N'était ce pas normal qu'elle le juge ? Il tourne légèrement le visage vers elle, pour l'observer, sans se gêner. Elle était belle. Et il appréciait malgré tout ce qu'elle éveillait en lui. Peut être auraient-ils pu devenir amis. Peut être. Mais elle semble être dans leur camp, donc contre lui, n'est ce pas ? Elle le fait trop réfléchir, ça le soule. Il pince ses naseaux en levant les yeux au ciel.

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« Je ne connais ni ton frère, ni ton oncle. C'est dur pour moi d'imaginer être associée à des inconnus seulement parce que tu le décides. » Il la trouble également. Par ses mots, par son comportement. Elle ne devine pas qu'ils ont du sang en commun, loin de là. Pour elle, sa maudite famille s'étend déjà bien assez loin. Elle sent son regard sur lui pendant qu'elle regarde la bouche du volcan. Elle sent son regard et pourtant, elle ne le regarde pas. Pas encore. Elle savoure cette sensation douce et dérangeante d'être observé à son insu. Finalement, sa tête pivote d'un seul coup, rencontrant avec chaleur et tension celui de l'étalon. « Que comptes-tu faire ? »

Ses mots l'étonnent, quoi que à y réfléchir, pas vraiment enfaite. Elle croyait ne pas connaitre son frère, pourtant il n'en était rien. Quant à son oncle il n'en avait aucune idée et s'en moquait. En tout les cas, l'un des deux au moins n'était pas un inconnu. Mais il reviendrait sur cette évidence plus tard, car là, c'était son visage brusquement si proche du sien qui capta son attention toute entière. Il ne peut respirer sans aspirer son souffle à elle, si bien qu'il est contraint d'entrouvrir la bouche pour pouvoir mieux absorber de l'oxygène. " T'embrasser, peut être. " souffle t-il dans un murmure rauque, une partie de lui étant consciente que ce n'était pas vraiment la réponse adéquate à sa question, mais c'était la seule spontanée qui était venue.

La spontanéité, la surprise, l'insolence. Elle adore ça. Ça lui déclenche mille électrochocs partout dans le corps et dans le cerveau, aussi. Peut-être ce genre de choses que son père et ceux qui l'ont connu appelaient « démons ». Pour elle, ce ne sont pas des ennemis, pas des démons, pas des créatures et pensées néfastes. Ils sont ses alliés, pour le meilleur et surtout pour le pire. Comme si sa conscience ne se limitait pas à une seule pensée, mais à des milliers de possibilités, de chemins qu'elle peut choisir de prendre ou de contourner. Elle le dévisage avec une intensité troublante, ses grands yeux noirs ne lâchant pas ceux de l'étalon bariolé, bien qu'elle ait la furieuse envie de goûter à ses lèvres, maintenant qu'il en a parlé. Comme un aimant, elle les regarde un bref instant avant de lever la tête haut, laissant son toupet blanchâtre voiler un instant son regard de nuit. « C'est moi qui décide si tu m'embrasses ou non. » déclare-t-elle, autoritaire et provocatrice.

Elle possède cette manière particulière de poser son regard sur lui, magnétique, qui fait qu'on ne parvient pas aisément à se détourner de cette emprise spéciale. Ce n'est pas sans lui déplaire, bien qu'une part de lui aimerait parvenir à se dérober de cette infime captivité. Né détachant pas son regard enflammé du sien, il remarque aisément que celui de Lov finit par le quitter pour venir se nicher sur sa bouche, qu'elle observe avec tout autant d'intensité, si bien qu'il croit l'espace d'un instant que c'est finalement elle qui va l'embrasser. Mais cela ne se produit pas, et Hook se retrouve légèrement déçu. Il n'aurait pas été contre un retournement de situation de ce type. Son ton autoritaire le fait sourire d'insolence, tant dis que sa touche de provocation lui arrache un frisson. Elle avait cette drôle de manie de jouer sur les contradictions. Il n'y avait pas de raisons qu'elle soit la seule à jouer. " Dans ce cas, je décide aussi si tu peux m'embrasser ou non. " rétorque t-il, faisant mine d'être piqué au vif, légèrement vexé. Mais il en profite pour coller d'avantage son poitrail au sien et l'inciter à redresser son visage pour avoir sa bouche à hauteur de la sienne, sans qu'il ne la dévore pourtant. Pas encore. " Et je décide que tu dois m'embrasser. "

Mais elle rit. Elle rit, la jeune fille, elle lui claque sur les naseaux un rire sec, à la fois moqueur et cristallin. Elle secoue la tête, prenant un air doublement amusé. À la fois hautain et innocent. Elle le dévisage longuement, sans bouger, sans ciller. Elle le fouille, déshabille ses iris comme elle le ferait avec son corps, si elle pouvait.
Mais elle peut. Elle peut tout faire, Lov. « Je te demande pardon ? » fait-elle en laissant son sourire s'agrandir. Elle sent ses yeux qui la dévorent et ça la chauffe, ça la réchauffe. Une tension nouvelle, encore, vient se répandre le long de son corps, redressant ses poils, tendant ses muscles. « Tu ne décides de rien de ce que je peux faire ou non, encore moins de ce que je dois faire. » appuie-t-elle, l'air sévère, contraste flagrant avec ce sourire insolent pendu à ses lèvres grises. Elle se décale, légèrement, tendant son encolure juste pour effleurer la sienne. Comme si, dans le jeu du chat et de la souris, elle fuyait son visage pour mieux le trouver. Pour avoir une meilleure satisfaction lorsqu'ils se trouveront. Parce qu'ils se trouveront, n'est-ce pas ? Elle en est persuadée. Surtout, elle en meurt d'envie. Son poitrail chaud est collé au sien et elle ne s'en extirpe pas. « Je refuse ton ordre. » claque-t-elle d'un seul coup, avant de laisser ses lèvres s'appuyer contre son poitrail, seulement. Comme une mise-en-bouche, comme un prologue, comme une introduction. Et le pire dans cette histoire, c'est qu'elle ignore réellement de quoi sera écrite la suite.

Elle semble si proche et pourtant si loin. Le contact de sa peau, de son poitrail, effectuant de légers frottements contre le sien, le brûle, l'embrase mais ne le consume pas, ceux ne sont que des prémices des choses à venir. Son visage lui échappe, sans qu'elle ne se dérobe complètement. Il grogne pour marquer son insatisfaction, et grogne de nouveau, bien que différemment, lorsque sa bouche touche enfin son corps, même si c'était pas l'endroit qu'il désirait. Hook pourrait se contenter de ça, mais il ne se contente jamais de rien, il fait cependant le nécessaire pour obtenir ce qu'il veut. Il n'écoute pas, il n'écoute plus. Mais son refus parvient à se faufiler à son oreille. Vraiment ? Pense t-il, avec toute l’espièglerie dont il est fait. Il ne répond pas, ce refus n'aurait plus d'importance d'ici peu. Il s'attaque à ce qu'elle lui présente pour le moment, c'est à dire son encolure. Sa bouche, brulante, s'impose sur sa peau, l'accaparant sans douceur mais avec des doses infinies de passion, jouant de ses lèvres et de ses dents.

Enfin, l'action. Si les mots peuvent être hypnotisant, rien ne vaut le contact de deux lèvres sur une peau qui tressaille, qui s'agite de frissons en frissons. Elle laisse une paupière se clore avec lenteur, lâchant à l'oreille du mâle un soupir satisfait. Ses lèvres reviennent elles aussi à la charge, s'attardant sur la ganache du mâle, sentant ses muscles contractés, son odeur forte et musquée. Puis, sans prévenir, elle se dirige droit sur ses lèvres, les touche à peine, et les mord, violemment.

Un râle de satisfaction fait écho à son soupire au creux de ses oreilles. Il détacha sa bouche de sa peau pour la laisser explorer son visage de la sienne. Elle joue avec lui, mais si elle ne lui donne pas bientôt ce qu'il veut, il ira le prendre lui même, sans une once de douceur, mais avec cette brulante passion qui l'accable. Enfin, elle donne l'assaut à ses lèvres, sans aucunes marques de tendresse quelconque, juste de la violence. C'est tout ce qu'il lui faut. Sa chair se fend et le sang fraye son chemin jusqu'à sa langue. Il éclate de rire, un rire étrangement malsain et à la fois sincère. Il laisse sa lèvre en otage de ses dents mais cela ne l'empêche pas de prendre d'assaut sa bouche et de parvenir à frayer un chemin à sa langue jusqu'à la sienne. Il voulait qu'elle goute elle aussi, ce gout si particulier, si abjecte, si déroutant et addictif.

Elle le mord, et il rit. À croire qu'ils sont deux diables l'un en face de l'autre. Sa réaction l'amuse et la déconcerte en même temps, pourtant elle n'a pas lâché prise. Elle le fait au moment où la langue de l'étalon trouve le chemin vers le sienne et l'embrasse, directement de l'intérieur. Comme s'il l'embrassait à l'intérieur de leur baiser. Ça la déroute et l'attise. Elle sent la tension s'accentuer, le désir monter, et ce goût métallique envahir son palais, sa langue, ses gencives. C'est malsain et terriblement délicieux. Elle se détache de son emprise et avance ses lèvres vers son oreille, son encolure collée à la sienne, les deux toutes aussi robustes. « Fais attention, je pourrais m'y habituer. » susurre-t-elle, comme un mauvais sort, comme une douce incantation, avec un rire aussi cristallin que démoniaque. Sa bouche repart à la découverte du corps du mâle, s'anesthésiant de son odeur, se brûlant à son contact.

Son encolure contre la sienne, son souffle contre sa peau, son rire enivrant au creux de son oreille. Il ferme les yeux et sourit comme un beau diable. Ce n'est pas qu'il ne prête pas aux avertissements dangereux qui peuvent lui parvenir, c'est qu'au contraire, plus cela devient sombre, plus cela devient intéressant. " Peut être est ce le but. " souffle t-il d'une voix rauque mais pourtant stable. Malgré l'ivresse, il parvient toujours à étonnamment garder le contrôle. Il la laisse repartir à l'exploration de son corps, brûlant sous ses caresses dévergondées. Il ronronnerait presque s'il avait été de cet acabit là, mais c'est un grognement sourd qui sort de sa gorge. L'appaloosa rouvre brusquement les yeux lorsque c'est soudainement un tout autre son assourdissant et menaçant qui retentit soudain autour d'eux. Hook lance un bref regard contrarié à Lov avant de tourner vivement le visage en amont d'eux lorsqu'une nouvelle sorte de détonation semble se répercuter partout. Il ne faut pas plus de temps au torrent en contre bas pour commencer à s'agiter, puis totalement s'affoler.

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