• Se noyer dans l'existence et revenir à la surface, renaissance.

Un petit sourire nait en coin de sa bouche. Il marche plus activement, l'étroitesse du lieu commence à le peser et étouffer mais il ne veut rien laisser paraitre. Lorsqu'ils sortent enfin, la lueur éclatante des cieux aveugle quelque peu son unique oeil encore valide mais il se contente de cligner plusieurs fois des paupières rapidement pour se réhabituer. Ils avaient gagné de la hauteur, pas assez pour sortir des gorges, mais assez pour surplomber le spectacle qui allaient suivre. Un cri perçant retentit non loin d'eux. Celui d'un aigle. D'un signe de tête, il l'incite à se rapprocher du rebord, ce qu'il fait lui même. Et là, en contre bas, début le ballet des aigles en chasse. Leurs ailes se déploient avec splendeur pour entamer des vols majestueux et habiles.

Lui était au bord du gouffre, un rien pourrait le faire basculer, comme tout pouvait l'en empêcher. Son esprit se concentre encore un instant sur les aigles, il observe quelques poissons périr entre leurs serres ou bien plus rarement leurs becs. Il assiste aussi à un affrontement entre deux individus en désaccord. C'est assez violent, il n'aurait pas pensé, et cela le distraie, apaise un peu sa colère aussi, le temps d'un instant. Puis il se reconnecte à la réalité, ce qu'il y a autour de lui, dont Jiyuu. Hooker remarque qu'elle garde ses distances avec le bord, qu'elle reste légèrement en retrait. Tu ne prends jamais de risques ? finit-il par demander en haussant un sourcil.

Hooker soupire et finit par retourner ancrer ses prunelles sur les aigles. On a tous quelque chose ou quelqu'un à perdre. Doit-on s'empêcher de vivre pour autant ? La question était adressée à la jument mais il se la posait à lui même à la fois. Aurait-il perdu ses terres s'il avait vécu et agit autrement ? Mais cette manière d'être et de vivre, cela faisait partie de lui, il ne pouvait le renier, ne pouvait le changer, ou plutôt, il ne souhaitait pas vraiment changer.

Ce que tu appelles risques inutiles j'appelle ça une manière d'se sentir vivant. rétorque t-il en haussant les épaules. L'adrénaline que lui procurait ce genre de situation était addictive, vivifiante. Puis tu ne vois pas le spectacle d'en bas. ajoute t-il en arquant son encolure, les sabots au bord du vide. Il était aussi intéressant de voir les aigles à l'oeuvre dans leur manière de chasser. Il reste quelques secondes silencieuses à les observer puis finit par hausser  de nouveau les épaules avec indifférence. Bon on s'en fou. raille t-il pour conclure cette échange futile.
Il tourne brusquement les talons, et fait demi tour. J'me casse, je dois m’entraîner. Peut être qu'on se reverra, peut être pas. jette t-il par dessus son épaule. Nouveau haussement d'épaule, il s'en moque en somme. Il se fout de tout, il n'a plus qu'une seule chose en tête : la vengeance.