▵ Lost warrior

H O O K E R

Des bruits sourds de fracas retentissaient dans le lieu, comme s'il les coups se répercutaient d'arbre en arbre avant de finir enfin par s'estomper et s'évanouir quelque part. L'étalon appaloosa se défoulait, ou plutôt s'entrainait, travaillant ses muscles endoloris, pas totalement remis encore de son dernier combat. Ses sabots frappaient un pauvre arbre innocent, dont l'écorce jaillissait à chaque nouvel assaut.

Coup d'épaule. Pivot. Coup de postérieur. Esquive à droite. Coup de dent.
Une odeur interrompt brusquement son entrainement. Ses naseaux se dilatent et ses yeux semblent s'injecter de sang. Sa respiration s'accélère d'avantage. On voit clairement ses muscles se tendre sous sa peau luisante. Il le cherche, son regard arpente les alentours comme un loup en chasse. Jusqu'à ce qu'il le trouve enfin, à quelques mètres, cet enfoiré. Red. grommèle t-il entre ses dents serrées.

Hooker reste à distance car il savait qu'au moment où il aurait sa face sous les yeux, plus rien ne pourrait l'arrêter, pas même sa propre volonté. Il laisserait déferler sa haine, sa fureur et sa rancoeur. Mais avant cela, il voulait savoir. Pourquoi ?
Il entend le ton désolé de son oncle et cela lui fait détourner les yeux vers le ciel en riant, un rire amer et moqueur. Puis voilà qu'il lui parle de son fils. Il se foutait de sa gueule ? Il s'interrompt brutalement de rire et repositionne son regard sur lui, lentement. Non, tu sais tu me l'as pris, comme le reste. Il ne l'avait pas encore retrouvé. Mais cela viendrait, il fallait avant cela qu'il calme ses impulsivités meurtrières sans doute. Il reste un instant silencieux mais cela ne l'aide pas à s'apaiser, il fulmine, se mord les lèvres pour se contenir, se maintenir à l'écart de lui, encore un peu. Pourquoi ? parvient-il à dire enfin. Pourquoi ? POURQUOI TOUT CA ? Sa voix tonne dans le lieu comme le début d'un orage. Tu aurais du être ma famille ! MA FAMILLE ! Il y attachait une importance particulière à la famille, contre toute attente. Et il n'avait jamais oublié ce jour, dans les galeries, où il l'avait regardé comme un monstre en compagnie de Ghanan. Dès ce moment là il s'était senti trahi, et la suite, la suite n'avait été qu'une succession de chose faite pour nourrir sa rancoeur et sa rage.

Et pourtant j'ai la sensation que chaque chose que tu fais, chaque décisions stupides que tu prends, tu agis ainsi juste te heurter à moi. Tu dis que ce n'est pas personnel, que tu ne veux pas ça, et pourtant tu n'as de cesse de le faire. peste t-il, les dents serrées. Il n'y avait que cet étalon pour le mettre dans un tel état de fureur. Chaque soulèvement de ses flancs pour lui indiquer qu'il respirait l'irritait. Il en était à ce stade là. Hooker rumine, fulmine. Il a conscience d'être aussi de mauvaise foie, qu'il ne fait rien non plus pour arranger les choses. L'appaloosa n'écoute pas, il entend mais n'écoute pas. Il ne veut pas, il est borné, il fixe des étiquettes aux gens, les range dans des catégories comme ils n'ont de cesse de le faire avec lui. Et quoi que ces personnes fassent, elles resteront là où il les a casé. Il le déteste, et cela meurtrie une part de lui, de le haïr autant. Car malgré tout, il reste conscient qu'il reste sa famille. Et peut être est ce tout le fond du problème entre eux ? Hooker était attaché aux siens, et même s'il avait toujours respecté son père, il avait été absent. Peut être qu'en rencontrant Red, une part de lui s'était dit, avait espéré, qu'il soit ce père qu'il n'avait jamais eut. Mais cela ne s'était pas passé comme ça, pas du tout. Il serre les dents. Je m'en fou que nous sommes de la même famille. claque t-il, d'une froideur déroutante alors que son regard brule de mille incendies. Tu aurais du être ma famille. relance t-il, la voix plus plate que précédemment mais les mots tout autant tournées de manière assassine. Ne comprenait-il pas la nuance ?

Les mots le heurtent, bien que cela soit une évidence, même pour lui. Peut être une infime, minuscule, part de lui avait toujours continué à espérer à l'existence d'un père, quel qu'il soit, et que cette ridicule partie de son âme, de son coeur ?, s'était accrochée avec une drôle de ferveur à Red. Mais ces mots, simples mots ne faisant qu'exposer les faits, suffisent à réduire à néant cet espoir incompréhensible et futile. Hooker grince des dents en verrouillant fermement sa mâchoire et grimace, agacé. T'avais pas besoin de le dire pour que je le sache. claque t-il en redressant son encolure. Il fait un pas menaçant dans sa direction en plaquant ses oreilles contre sa nuque. Juste un. Il avait fait une promesse, et lui n'était pas nul en famille. Enfin... plus ou moins. Mais avise toi de faire des efforts pour Bryséis... Les mots sortent lentement de sa bouche, pour qu'il saisisse chacun d'eux ainsi que la menace sourde et cachée qu'ils emmènent avec eux.

Face à la demande Bryséis vis à vis de son père, Hook s'était douté que c'était certainement parce qu'elle avait repris contact avec lui, car auparavant, elle se moquait bien de ce qu'il pouvait advenir de son père. Et lorsqu'il lui confirme qu'il s'occupe d'elle comme il se doit, ses muscles se tendent et sa mâchoire se crispent. Il a envie de rétorquer quelque chose mais préfère se taire, cela aurait été laisser un élan de jalousie prendre la parole. Il aimait profondément sa petite soeur, plus que ses propres enfants, et il savait qu'elle l'aimait aussi en retour, alors il n'avait pas à se sentir " menacer " par un père tel que lui. Tel qu'il était lui même aussi à vrai dire. Il s'était détendu mais ce constat morbide déchire de nouveau ses traits. Chiotte ! Bref, ça il lui dirait pas --"
Hook capte son regard et ne s'y soustrait pas, il le soutient avec plus de ferveur encore. Il entend parfaitement le sens caché de ce qu'il sous entendait. Et son oncle le connaissait bien. Cette option s'était bien entendu insinué dans son esprit. Et il n'y avait toujours pas renoncé. Cependant, il profite que ce soit lui qui pose ce sujet là, comme ça, pour rebondir dessus. Dans ce cas ne t'approches plus de Boa. somme t-il.

Hooker passe sa langue entre ses dents et la serre, de plus en plus fort, pour s'efforcer de ne pas sauter au visage de Red. Ses muscles s'étaient brutalement tendus et petit à petit, ils finissent par revenir au repos, la douleur de sa langue occupant un temps son esprit ravageur. Au bout de quelques secondes il finit par afficher un rictus amer, puis narquois. Parce que tu crois que ce que tu penses ça m'importe en quoi que ce soit ? grogne t-il, les dents serrées. Puis d'un coup un éclat de rire, plus nerveux et énervé qu'autre chose, s'échappe de sa gorge. Un seul. Mais allez vas y, je t'écoute, pourquoi pas après tout vu que j'ai promis que je te défoncerai pas ta sale petite gueule. crache t-il, amer. Pourquoi ça serait pas une bonne idée ? C'est mon fils.

Hooker se voit une nouvelle fois contraint de serrer la mâchoire pour éviter d'avoir à lui sauter dessus face à cette fatalité. Ses lèvres en tremblent même de rage. Oui, il faisait parti de la vie de son fils, qu'il le veuille ou non, et surement que c'est lui que Boa dégagerait s'il se pointait en disant : coucou je suis ton père, genre le vrai, et je veux plus que tu vois l'autre connard, ton faux père. Aufaite je m'appelle Hooker hein De penser à ça le rend un peu maussade, il était vrai que son fils ne devait même pas connaitre son nom ... Tu lui as parlé de moi ? finit-il par demander, froid, mais pas agressif. Cette histoire le blessait, vraiment.