The dark side of the moon.

Syliah reste silencieuse, réfléchissant aux paroles de Jiyuu. Elle n'avait pas vraiment tord sur ce coup là. Pourquoi avait-elle pensé à prendre les armes alors qu'elle pouvait fuir ? Qu'elle pouvait quitter ces terres et voyager de contrées en contrées, comme elle avait commencé à faire depuis qu'elle était libre . Depuis qu'elle avait reprit le contrôle de sa vie, depuis qu'elle était le capitaine de son âme et le maître de son destin ? Les paroles anarchistes d'Akan devaient commencer à lui monter au cerveau. Sauf que c'était son combat à lui, pas le sien. « Moi non plus à vrai dire. » finit-elle par avouer.

Elle écoute l'alezane et acquiesce de temps en temps à ses paroles. Il est surprenant comme certaines personnes peuvent nous ressembler mentalement, sur quelques idéaux. Une pensée s'impose alors à elle ; Nous traçons nous-mêmes notre route à chacun de nos pas. Avec le recul, elle réalise enfin que cette réponse que lui avait donné Akan n'était pas si fausse. C'était son choix à elle. Elle était le seul et unique maître de son destin. « Tu sais, parfois je me demande si je ne ferais pas mieux de partir d'ici. » Souffle-t-elle à Jiyuu. Rien ne la retient ici et pourtant, elle ne ressent pas l'envie de partir.

Elle n'avait pas ce soucis d'attaches. Et, à vrai dire, elle ne voulait pas vraiment l'avoir un jour. Elle n'avait pas envie de se sentir prisonnière d'une relation. Alors, partir ne devrait lui faire ni chaud ni froid. Et pourtant, elle n'était pas sûre de s'en sentir capable. Et elle ne savait même pas pourquoi.

Elle ne peut s'empêcher de grincer des dents lorsqu'elle lui raconte une petite anecdote comportant le mot "dominant". « T'parles qu'il le prenne mal. Encore une question d'égo mal placé, chose parfaitement normale chez les monarchistes. » râle-t-elle en levant les yeux au ciel. Ce genre d'individus, elle les fuit autant qu'elle le peut. Or de question de devenir l'esclave de qui que ce soit. Plutôt crever. « Qu'ils aillent au Diable. »

La surprise éclaire ses iris dépareillées durant une poignée de secondes, puis un rire cristallin glisse entre ses lèvres pour s'élever dans les airs. Elle apprécie Akan, c'est certain. Peut-être un peu trop d'ailleurs, mais non, elle n'appartient pas à sa joyeuse petite bande d'anarchistes. Peut-être est-ce un poil narcissique, mais la noiraude ne vit pas pour servir les autres. Elle chérit sa liberté plus que tout et se montre en faveur de cette dernière mais ce n'est pas pour autant qu'elle est décidée à prendre les armes. Loin de là. Elle est une louve solitaire. « Je n'appartiens à personne. » Ses prunelles viennent se plonger dans celles de la rouquine. C'est drôle, elle n'aurait jamais pensé que Jiyuu puisse ne pas apprécier Akan. Enfin, peut-être qu'elle était aveuglée par les belles paroles qu'il lui avait soufflé à l'oreille et son côté charmeur et protecteur. Il est charismatique, le leader des anarchistes.

Une lueur amusée danse dans son regard vairon. Le caractère de Jiyuu est à l'image de sa robe ; il est flamboyant. Syliah aime ce genre de tempérament. Elle se surprend même à trouver la rouquine à son goût. Une âme sauvage, indomptable... Existe-il une seule chose de plus passionnant ? De nouveau, un petit rire - qui ressemble davantage à un pouffement - lui échappe. Ouais, décidément, elle n'a pas sa langue dans sa poche. Peut-être qu'effectivement, elle était conne. Enfin bon, il n'avait représenté qu'un simple baiser. Même si c'était son premier. « Peut-être... » se contente-t-elle de souffler, pensive. Elle repense aux drôles de sensations qu'il lui a donné à certains moments, à manquer de lui faire prendre feu ou bien même faire exploser son cœur. Il est l'allumette alors qu'elle est l'essence. Et tout ça, elle ne le contrôle pas le moins du monde. « Petite Renarde, tu es électrique. » finit-elle par souffler, avant de prendre le pas pour la contourner et se diriger vers un dattier.

Syliah fait le tour de l'arbre, puis s'arrête devant ce dernier et glisse son regard dépareillé sur Jiyuu. « Evidemment. Pourquoi rester ? » C'était peut-être une option que beaucoup qualifieraient de "lâche" mais elle ne comptait pas rester si une guerre éclatait. Elle n'avait pas tellement envie de risquer sa vie pour des terres qui ne représentaient rien pour elle.