The dark side of the moon.

Elle hume l'air, profitant des doux parfums que lui offre la garrigue. C'est frais, pétillant, fruité... Agréable. Terriblement agréable. Les rayons du soleil réchauffent son corps malmené. Syliah s'arrête face à un olivier, pour observer les curieux fruits qui poussent sur ses branches. Elle n'ose pas en prendre un, l'odeur ne lui dit rien qui vaille.

Elle entend le bruit caractéristique des sabots claquant contre la pierre. Tous les sens en alerte, Syliah balaye le territoire du regard jusqu'à apercevoir une forme rousse qui se mouve à quelques mètres d'elle. Sa démarche n'est pas très fluide ; elle semble boiter. La curiosité pique Syliah qui se rapproche alors de la rouquine. « Mauvaise rencontre ? » Elle pose la question mais elle connaît déjà la réponse ; il est évident que oui.

Syliah n'était pas le moins du monde surprise par la réponse de Jiyuu. En fait, c'était une réponse assez prévisible puisque les parias avaient littéralement envahit les terres. Elle même en avait croisé quatre en l'espace de même pas deux semaines. « Ils sont plus difficiles à attaquer que ces foutus lion des montagnes. » finit-elle par lâcher avec un petit rire nerveux. Elle détestait ces monstres sur pattes...

Sa nuque la tiraille de nouveau, comme à chaque fois qu'elle songe à ces mauvais moments qui ont constitué son passé. Elle n'avait pas apprit à se battre dans sa prison, elle était faible face aux autres chevaux qui s'étaient entraînés pour ça. Sa musculature lui faisait encore défaut ; elle n'avait pas eu la même liberté de mouvement qu'un cheval né en liberté. « Tu crois qu'on pourrait s'entraider ? » demande-t-elle d'une petite voix, presque timide. Demander de l'aide, c'était également nouveau pour elle tout comme le fait d'accepter d'avoir besoin de quelqu'un d'autre.

Un léger sourire étire ses lèvres lorsque la femelle rousse répond positivement à sa proposition. « On pourrait commencer lorsque nos blessures seront cicatrisées. » souffle Syliah. Pour le moment, elle n'est pas encore apte au combat ; sa blessure à la nuque est encore fragile et sensible.

Un petit rire amusé franchit les lèvres de la noiraude. Les pauvres guérisseurs, ils devaient en avoir du taff, avec ces satanés parias qui venaient foutre la merde. « Mieux vaut ne pas tout de suite faire mourir de fatigue les guérisseurs, c'est sûr. » Puis, fallait pas être con ; les remèdes n'étaient pas une source inépuisable non plus...

« Je sais pas trop. Tout dépendra de mon état lorsque j'en recroiserai un j'imagine... Si la fuite est une option envisageable, je la choisirai plus facilement que celle du combat je l'avoue. Du moins tant que je n'ai pas assez d'expérience en combat pour éviter de me faire défoncer la gueule. » répond simplement Syliah, avec un léger haussement d'épaule. Elle n'a pas honte d'avouer qu'elle serait capable de choisir l'option de la fuite plutôt que celle du combat. Elle ne le ferait pas par manque de courage, bien loin de là, mais plutôt dans un soucis d'instinct de survie. « Et toi ? » demande-t-elle ensuite, curieuse d'avoir l'avis de la rouquine sur la question.

Elle aurait dû, effectivement. D'ailleurs, Syliah se demandait encore pourquoi elle ne s'était pas éclipsée, au moment même ou l'autre con est arrivé. Elle manquait encore de prudence dans ses actions et son analyse, visiblement. « Faut pas chercher à les attaquer seul je dirais. Genre... "L'union fait la force", tu vois le bail ? » réplique-t-elle en levant les yeux au ciel. Ouais, fallait prendre sur soi et accepter de recevoir de l'aide et surtout de prêter main forte aux autres. C'était ça ou s'aplatir comme des dominés devant les parias.