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/ LOV


Elle incline la tête. Observe le gouffre, depuis en haut.
Dire qu'avant, c'était un refuge secret, leur Royaume, aujourd'hui dévoilé à tous comme un vulgaire morceau de terre à vendre. Elle couche ses oreilles sur son crâne lorsque des pas se font entendre et observe les alentours, prête à défendre le Nord comme s'il lui appartenait.
Les Parias ne l'auront pas.

Depuis en haut, elle la voit. Une tache noire sur un sol de glace. Difficile à rater. Ses yeux, deux billes d'obsidienne, fixent la jument sans émotion visible. Son odeur doit lui parvenir, elle sent que l'inconnue l'a sentie, mais Lov ne bouge pas, se tenant fièrement au-dessus du gouffre.

La lionne observe toujours la silhouette faite d'encre, comme si elle allait s'échapper si elle la lâchait des yeux une seconde. Finalement, sans un mot, elle se décline et descend jusqu'au coeur du gouffre, arrivant non loin de l'inconnue.

Sans un mot, la lionne détourne son regard de l'inconnue pour finalement parcourir les parois, aussi glaciales que ses iris. Elle se laisse tomber contre l'une d'elle, épuisée soudainement, éprise d'une fatigue musculaire et peut-être psychologique également.

Les mots l'effleurent mais Lov ne réagit pas. Elle s'en fiche, après tout. Qu'ils la tuent ! Qu'ils la trouvent et la tuent et personne n'entendra plus jamais parler d'elle. Plus personne ne souffrira par sa faute. Loin d'avoir l'allure du désespoir pourtant, c'est un regard froid et sombre que la femelle cuivrée remonte sur la noiraude. Elle laisse ses muscles se détendre. Elle peut bien l'attaquer, elle réagira par pur réflexe. Mais y a-t-il encore réellement quelque chose qui la maintient ici – tout simplement, en vie ? Qui es-tu ? Sa voix est rauque, grave, masculine.

lov hoche juste la tête. aucun commentaire à faire. elle ne la connait pas, n'en a même jamais entendu parler. incapable de dire si elle était déjà là quand elle est partie, ou si elle est arrivée avant qu'elle ne revienne. au fond, ça ne change rien. la lionne détourne son regard noir d'elle pour le poser sur ses membres douloureux. ses muscles sont fatigués, mis à rude épreuve. elle ne s'était pas battue depuis des années, la voilà à enchaîner les combats. par entraînement ou par pure rivalité. mais à présent, elle est fatiguée, c'est pour cela qu'elle est venue ici, au gouffre. son royaume depuis toujours, même si les murs s'effondrent et qu'on pille le château chaque jour un peu plus.

lövojka ne perd pas léïne du regard, sans la fixer pour autant. elle la conserve dans son champ de vision comme si elle pouvait se révéler dangereuse d'un instant à l'autre. pourtant, elle est détendue et ne semble pas méfiante. mais elle a grandi dans cette remise en question constante des autres. elle se méfierait même de ses amis. d'ailleurs, t'en as, toi, des amis, lov ? elle renâcle et lèche une de ses blessures encore ouverte. finalement, elle pose la tête sur le sol et relève ses yeux noirs vers la jument, plus loin. au fait, moi c'est lövojka. elle vient de se rendre compte qu'elle ne s'était pas présentée à son tour et bien que la politesse n'était pas inscrite dans ses gênes, elle ne voit pas une raison de cacher son indentité.