/ sink to swim

Malgré l'air taquin de Sydän, Lov, elle, lui répond avec un sérieux ébranlant, le regard net et rivé sur lui. Bien sûr. Tu es de ceux qui réussiront toujours tout, quand il s'agit des autres. Elle le pense réellement. Un exemple de sagesse et d'altruisme comme elle n'en a jamais croisé d'autre, elle doit bien l'avouer. Elle s'ébroue avant de le rejoindre mais reste debout, le couvrant de son ombre.

Le doré reste allongé, profitant des doux rayons de soleil printanier. Il ne dit rien lorsque la jument vient le recouvrir de son ombre, même s'il appréciait la caresse de l'astre solaire, il appréciait tout autant la bienveillance de la jument. Elle prenait soin de lui, à sa manière, consciemment ou non. " J'aurais aimé tout réussir. Malheureusement la vie est faite d’embûches. Le principal c'est de toujours se relever. Quoi qu'il arrive. " S'il avait pu revenir dans le passé, il aurait changé bien des choses... ou peut-être pas. Après-tout, il a connu ses moments de gloire, tout comme ses moments de solitude. Il avait aidé, s'était fait aider, avait aimé, avait été trahit. l'ascenseur émotionnel de la vie. Non, il ne voudrait rien changer en faite. Car si la vie lui avait bien appris une chose c'était de vivre sa vie au présent, sans avoir peur du futur, et sans regretter le passé. Vivre sa vie au jour le jour. Profiter de chaque petit plaisir invisible, comme la fraîcheur d'une pomme verte en été, la caresse du soleil après les nuits d'hiver, ou alors la plénitude de l'astre lunaire sur le lac des plaines brumeuses. Toutes ces petites choses innocentes qui passent inaperçues mais qui constitues le bonheur au quotidien.

Elle hoche la tête. Elle est d'accord avec lui. Elle s'est toujours relevée. Elle ne s'est jamais laissé abattre, n'a jamais pleuré ses parents qu'elle ne connait pas, a toujours préféré la colère à la tristesse, car cela la rend plus forte. C'est pour ça qu'elle est devenue ainsi, peut-être. Parce qu'elle a toujours donné plus de place à la haine qu'à la peur, vicieuse et handicapante. La colère rend fort, elle en est persuadée et même si elle était d'un autre avis, elle ne changera plus à présent. Les hivers ont filé, laissant peut-être sur elle trop d'empreintes indélébiles. Elle reste là, debout, près de lui. Je te protègerai. Le jour de la guerre. Quitte à mettre sa vie en danger. Peut-être que Sydän ne saisira pas l'importance de ses mots, parce que d'autres peuvent les prononcer à tout va.
Elle, elle ne les a jamais dits à personne.

Sydän fixe la gruello droit dans les yeux. " Quoi qu'il arrive tu ne dois pas perdre de vue l'objectif. L'extermination des parias, c'est notre principal but. " dit il d'une voix sévère. Il n'accepterait pas qu'elle se mette en danger pour lui sauver la vie. Lui il n'a plus rien à perdre. Alors que Lov... elle a toute la vie devant elle. Même si elle semble ne pas en avoir conscience. Sydän pose sa tête sur le sable et ronflote doucement. Il ferme ses paupières quelques minutes. Il fait une micro-sieste pour se reposer l'esprit. C'est fatiguant d'être vieux.

Elle ne lui répond pas, parce qu'elle n'est pas d'accord et que pour une fois, quelque chose l'empêche de le contredire. Comme s'il lui imposait trop de respect et c'est qu'elle n'a pas l'habitude, Lov, de se plier à quelqu'un, de freiner ses ardeurs pour un bien étrange. Quand elle se tourne de nouveau vers lui, elle remarque qu'il semble assoupi. Elle l'observe, les yeux clos et les muscles détendus. Il semble apaisé. Presque mort. L'idée la dérange, l'effraie aussi, alors par caprice peut-être, elle lui donne un coup de tête. Si tu t'endors en plein soleil, tu vas brûler

L'étalon ronchonne lorsqu'elle lui donne un petit coup de tête. Du sable rentre dans son nez, il éternue pour l'évacuer. Par provocation, Sydän roule sur le dos pour se mettre les quatre fers en l'air. Il place délicatement une feuille de bananier sur son intimité histoire de ne pas se faire griller la merguez. " J'veux être bronzé pour l'été comme les d'jeuns " raille t il, toujours yeux mi clos.

Elle se met à rire, amusée. Elle le suit, toujours debout. Tu peux pas avoir mon bronzage parfait

Sydän lève les yeux au ciel avec mépris, toujours sur le dos. " Tu dis ça parce que tu es jalouse n'est-ce-pas ? " s'exclame t il. Puis, il lui tire la langue et lui jette du sable.

Elle esquive le jet de sable (salamèche attaque jet de sable ¬¬ ) d'un pas sur le côté, en le toisant, amusée. Jalouse ? Je ne suis jalouse de personne, je suis parfaite Elle rit, mais d'un rire jaune. En réalité, ce que bien peu ignorent et ne parviennent pas à voir derrière son assurance, c'est cette haine qu'elle a contre elle-même. Lövojka se déteste, et elle est sa pire ennemie. Alors, elle donne le change en se faisant passer pour une garce sûre d'elle

L'étalon n'a plus assez d'attaque "jet de sable" en stock, il décide de se retourner à nouveau pour se coucher en vache, face à la jument. " Si tu m'avais connu plus jeune, tu n'aurais pût égaler mon bronzage digne d'un dieu grecque.

d'accord !

Elle se pavane devant lui et lui tire la langue, taquine. Pas de ma faute si j'suis trop jeune pour t'avoir connu quand t'étais beau gosse

Sydän plaque les oreilles, les yeux pétillants. " Tu payes rien pour attendre ! " L'étalon tente de se relever vivement pour lui pincer les fesses, mais ses jambes fébriles s'écroulent sous son poids. Ses maigres articulations sont douloureuses, il le sait, mais jamais il n'aurait pensé être faible à ce point. Il reste au sol, tête posé sur le sable et ne peut retenir un soupire triste. Il est fatigué. Fatigué de se sentir si faible...  

Elle s'esquive en un bond mais remarque vite qu'elle n'est en réalité pas suivie. Le voir dans cet état l'attriste, énormément. Son coeur se pince, comme se serrant sur lui-même pour n'être plus qu'une poussière. Elle revient vers lui et finalement, se couche à ses côtés.