les ruines du coeur // N //

La dorée s'apprête à faire demi-tour, vaincue, lorsque la voix du mâle glisse jusqu'à ses oreilles. Un seul et unique mot, sans détour. Elle hésite quelques minutes avant de se décider. Elle ne comprend plus grand chose... Mais elle décide tout de même de venir. Alors elle se rapproche mais garde une distance raisonnable, de peur de le déranger. Elle n'ose même pas parler. L'atmosphère est si lourde... Pesante... Elle est mal à l'aise.

Il attendit, mais il était sur le point de s'en aller pour de bon lorsqu'elle s'avança enfin. Il prit le pas, reconnaissant de la distance respectable entre eux. Il laissa le silence s'installer comme un confort, avant de se rendre compte que la jument était mal à l'aide. Je ne t'ai jamais vue. Qui es-tu ?

Son regard clair parcourt les environs, à la recherche d'eau ou de nourriture. Jusqu'à ce qu'il brise le silence afin de lui poser une question. « Mon nom est Myosotis. » répond simplement la dorée. Puis elle glisse son regard sur le noiraud. « Et toi ? »

Njörd. répondit-il presque brusquement. Il économisait ses mots, tout en continuant de marcher de façon machinale. Il n'y avait qu'avec Lyra qu'il se décoinçait ces temps-ci. Ça fait longtemps que t'es ici ?

« Environ trois semaines. » souffle-t-elle d'un ton doux mais qui manque cruellement de conviction. Elle n'arrive pas à se sentir à l'aise. L'ambiance est si froide... Elle tente de poursuivre la discussion, dans l'espoir de la réchauffer un peu. « Et toi alors, ça fait longtemps ? »

Quelques années. dit-il moins sèchement. Après tout, elle n'était pas la fautive de cette histoire. Il laissa un long soupir s'échapper de ses naseaux.

Elle est étonnée ; c'est la première fois qu'elle rencontre quelqu'un qui vit depuis des années sur GS et non pas juste quelques mois. « Tu as une famille ? » la question fuse, presque naturellement. Après tout, en quelques années... Il avait certainement eu le temps de se bâtir une famille, non ?

La question le frappa, le heurta. Il sentit son coeur se briser un peu plus et il dut se faire violence pour ne pas que tout fasse surface. Plus maintenant. dit-il la gorge nouée, si bien que les mots ont du mal à sortir.

La réponse de l'étalon lui serre le cœur. Oups, mauvaise question... Intérieurement, elle se maudit pour son indélicatesse. « Je suis désolée... » souffle Myosotis, la gorge serrée à son tour.

Ça lui prend un moment afin de respirer pour faire passer le noeud dans sa gorge. C'est bon, tu pouvais pas savoir.

Myosotis est bien consciente que ce n'est pas vraiment de sa faute, mais c'est plus fort qu'elle et elle n'arrive pas à ne pas se sentir coupable. D'autant plus qu'elle savait ce que ça faisait, de perdre sa famille. Elle chasse rapidement les larmes de ses yeux ; elle est à fleur de peau en ce moment et les larmes lui montent facilement. « C'était indélicat... » soupire-t-elle.

Oh, oh, elle va pas vraiment pleurer là ? Njörd se sentit mal à l'aise et secoua sa crinière. Il laissa un petit rire lui échapper. Pas autant que mes salutations.

Elle relève les yeux vers lui, surprise par ce brusque changement d'attitude. « C'est pas faux... » finit-elle par avouer, un petit sourire amusé accroché à ses lèvres.

Njörd a beau être déprimé, son côté altruiste prend toujours le dessus lorsqu'il sent que les autres ne vont pas. Et toi, tu as une famille ?

Elle s'attendait à ce qu'il lui retourne la question, elle n'est donc pas surprise. « J'avais. Enfin... Si on peut appeler ça une famille. » La nostalgie fait briller ses yeux bleus, mais elle n'a pas envie de pleurer. Elle avait fini par faire son deuil. Ou plutôt ses deuils, que ce soit pour ses enfants ou même pour la vie de famille dont elle rêvait il y avait des années de ça.

» Ruines.
» parmis les ruines.
» Les ruines de nous – J
» » Entre les ruines..
» Ruines d'un temps révolu.