les ruines du coeur // N //

Il soupira, attristé de voir qu'il n'était pas le seul. Alors on est deux.

Elle acquiesce silencieusement, peinée, elle aussi. C'était horrible à dire mais dans un sens, elle était heureuse de se rendre compte qu'elle n'était pas la seule à avoir perdu ce qu'elle estimait être sa famille.

Tu as vécu beaucoup de choses, je me trompe ? Non pas qu'il la trouvait vieille, juste qu'elle semblait avoir traversé de dures épreuves elle aussi.

Un petit sourire naît sur ses lèvres. Un sourire amer, plein de rancœurs. « Je suis née chez les hommes, c'était déjà pas la joie. Je me suis enfuie, j'ai croisé la route d'un con avec qui j'ai eu deux enfants. Et, par ma faute, ils sont morts. Pour faire un topo rapide, ça revient à ça. » explique-t-elle sur un ton détaché, quoique légèrement entaché par la colère et la tristesse.

Il fut surpris par la franchise de ses paroles, c'était direct. Mais en même temps, il aimait ça. C'était court, simple et précis. À mon tour. Je suis né d'un viol, ma génitrice m'a abandonné avec ma soeur jumelle. Ensuite quand j'étais plus jeune, on s'est perdus de vue. Je suis arrivé ici, je suis tombé amoureux, mais ma compagne a disparu alors qu'elle attendait notre enfant. J'ai été contaminé pendant la période des zombies donc je faisais n'importe quoi parce que je ne me contrôlais plus comme coucher avec une inconnue. Alors quand ma conjointe est revenue, on avait deux enfants sur les bras, mais maintenant ils ont tous les trois disparus. Et pour finir la plupart de mes amis sont morts.

Elle est surprise lorsque, à son tour, il se confie à elle sur son passé. Et si pour certains ça ne semble pas être grand chose, pour elle, ça représente énormément. Son passé est d'ailleurs très sombre et son cœur se serre. Elle a mal pour lui. Et, tout naturellement, elle vient caler son épaule contre la sienne, dans l'idée de lui remonter le moral. « On peut voir du positif dans tout ça ; on y a survécu, à toutes ces merdes... » souffle-t-elle en lui offrant un doux sourire.

Il se raidit à son contact, peu habitué à ce genre de douceur venant d'un équidé. Il haussa des épaules. Des fois je me demande combien de temps j'arriverai à survivre, justement.

Elle le sent bien qu'il s'est raidit à son contact et elle ne peut pas lui en vouloir. C'était un peu brutal. Elle ne relève pas son aveu. A vrai dire, elle se pose encore la question elle-même, alors elle aurait été bien mal placée pour lui dire quoi que ce soit sur le sujet. A la place, elle se contente de poser sa tête sur son dos, pensive.

Le noiraud restait tendu, dur comme le roc. Il n'était pas bien, il n'était pas à l'aise. Il se décala légèrement lorsqu'elle vint poser sa tête sur son dos, gêné. Son but n'était pas de la blesser, mais le coeur ne lui en disait pas.

Elle le laisse s'éloigner. « Désolée. » s'excuse-t-elle simplement en se reculant d'un pas à son tour. Elle avait tendance à se montrer trop tactile, il était vrai.

Il haussa des épaules. Pas grave. Après tout, ce n'était pas de sa faute s'il n'appréciait pas le contact des autres.

Myosotis observe le paysage, silencieuse. Elle se perd dans ses pensées. Elle imagine ce qu'aurait été sa vie, avec des choix différents.

Le mâle noir laissa un long soupir s'échapper de ses naseaux. Il ne savait plus quoi faire parfois, mais maintenant, il avait promis à quelqu'un qu'il resterait, qu'il ne se laissera pas sombrer.

La dorée s'avance de quelques pas, le nez à ras du sol. Elle cherche à boire, comme ça, au moins, elle se rend utile.

Et il la regarda faire, sans trop d'intérêt pour ses recherches. Il n'avait pas trop la tête à chercher de quoi manger ou boire.

» Ruines.
» » Entre les ruines..
» parmis les ruines.
» Les ruines de nous – J
» Ruines d'un temps révolu.