► roi de coeur

La peau de son épaule frémit doucement lorsqu'elle se colla à lui, mais il s'en réjouit. Tu as raison. Elle avait toujours eu raison, de toute façon. Cependant, il ne put s'empêcher de ressentir une pointe de déception lorsqu'elle se décala. Parce que malgré toute sa peine, elle avait réussi à lui changer les idées. Allons-y.

Il se décida donc d'engager le pas, convaincu par les paroles de la jument. Au vue de la taille des ruines, elle se réjouissait de pouvoir passer au quelques heures avec lui, dans le silence ou non. Au moins il était présent, et il ne lui en voulait plus ; du moins, c'est ce qu'il lui avait fait comprendre.

Il ne lui en voulait plus, en effet. Car elle était là maintenant. Et malgré tout l'amour qu'il a ressenti pour Hélivia ainsi que le fait qu'il ne pourra jamais l'oublier parce que la vie n'est pas comme ça, pour une rare fois dans sa vie il se sentait bien et serein en compagnie de quelqu'un. Son sourire charmant semblait souffler sur ses craintes et ses peines pour les faire s'envoler, au moins pour le moment où elle était là. C'est pour cela qu'il fit enfin un premie pas pour venir coller son corps au sien. Il nous reste encore la forêt de cendres à aller explorer.

La jument ressentit un frisson agréable parcourir son corps, si doux qu'elle essaya de le faire éterniser. C'était tellement nouveau, tout ça. Elle avait l'impression d'être une adolescente qui découvrait le bonheur du flirt, pour sa première fois. Mais tout ça fut remplacer très vite par une raideur, qu'elle tenta de camoufler du mieux qu'elle le pouvait pour ne pas subir de question embarrassante, sans pour autant rompre le contact. Oh non merci, je suis resté bloqué dans une tempête de cendre là-bas, c'était horrible ! elle n'avait pas besoin de dire tout les détails, ce n'était pas obligatoire.

En ressentant la raideur du corps de Lyra, il se dit qu'il s'était peut-être montré trop envahissant et il hésita à se décoller d'elle. Mais au final, il décida d'attendre un peu avant de faire quelque chose, attendant de voir sa réaction. Pas de chance. compatit-il.

Tiraillée entre deux sentiments, la jument ne bougeait pas cependant, le côté positif prenant le dessus. C'était presque comme une drogue. Le regard vagabond sur les ruines qu'ils traversaient, la touriste continua. C'était quoi ici, avant ? bien que ça ne l'intéressait pas trop, elle aimait bien l'entendre lui parler.

Le noiraud se força donc à se détendre afin d'apprécier son contact. Il arrivait à peine à se focaliser sur la conversation, les paroles lui semblaient réellement secondaires. Des galeries. C'était un vrai réseau de labyrinthe ici. dit-il alors que ses yeux croisaient les siens.

Presque ailleurs, la jument écoutait sa réponse que d'une oreille, son attention plus focalisée sur le doux contact de sa peau contre la sienne. Elle poussa un faible soupire apaisé. Tournant sa tête un instant, lorsque son regard croisa le sien, elle l'évita à nouveau, toujours aussi gênée. Et encore, aucun rire enfantin sortit de sa bouche, ça aurait été étrange.

Soudainement, il s'arrêta. Quelque chose clochait, c'était bizarre entre eux. Il se plaça face à elle, inspirant profondément. Déjà, le fait qu'elle ne portait pas d'attention à leur conversation ne lui ressemblait pas plus que ça lui ressemblait à lui, mais elle évitait son regard et Njörd s'en inquiétait. Qu'est-ce qui ne va pas ?

Ça ne sentait pas bon. Un peu avec la phrase " il faut qu'on parle. " Son cœur manqua un battement lorsqu'il vint se placer face à elle, sans qu'elle ne dise rien ou ne fasse le moindre mouvement. Après tout, elle s'en doutait. Alors, elle lâcha la première chose qui lui passa à l'esprit. C'est que.. je suis un peu gênée.. elle fit des vas et viens entre son regard et le sol. Je 'e suis pas habituée..

De son côté, il ne savait plus quoi faire, plus quoi penser, plus quoi vouloir. Il ne pouvait s'empêcher de sourire quand son regard croisait le sien et il ne pouvait pas retenir les battements de son coeur qui s'affolait, mais le souvenir de sa belle palomino ne s'effacerait pas en claquant des doigts. Et pourtant, il n'y avait que Lyra qui parvenait à refermer les blessures de son coeur brisé à plusieurs reprises. Il ne se comprenait plus, alors il restait fidèle à lui-même, préférant ne pas agir bêtement. Pas habituée à quoi ?

Euh, je.. elle sentit les battements de son cœur contre sa poitrine, si forts et puissants, comme si il souhaitait s'échapper de sa cage thoracique. Quel moment difficile, pour une demoiselle qui n'était jamais passée par cette étape. Cette proximitée..

Et puis la réponse tomba comme une pierre dans son estomac. Oh, je... Désolé. finit-il par dire en reprenant leur marche, cette fois à une distance respectable d'elle. Il préférait ne pas l'embarrasser avec ça, dans ce cas, malgré le pincement au coeur que ça lui causait.

Il semblait.. déçu. Une réaction contradictoire avec son comportement lorsqu'elle l'avait rencontré. Lyra se sentit perdue : comment réagir ? Elle n'a pas voulue être blessante, et ne voulait pas faire des choses déplacée. Attends ! dit-elle lorsqu'il se remit en route. Ce n'est pas contre toi, je .. euh .. j'aime ces contacts, cette attention, c'est juste que .. euh .. bafouille la jument sans trop vraiment savoir dans quelle direction allait son monologue.

Il aurait juste voulu se cacher loin sous terre, trouver un nouveau sujet de conversation. Il ne lui en voulait pas pour ça, ce serait ridicule, mais il s'était mis en marche pour " lui faire visiter les ruines " et ainsi changer de sujet. Mais la voilà qui l'interrompit. T'en fais pas, c'est pas grave. Te prends pas la tête pour ça. lui assura-t-il accompagné d'un fin sourire. Il se remit à marcher, toujours éloigné d'elle. Parce qu'il avait pris ses paroles comme un refus et il cherchait un moyen de détourner la conversation. Donc, c'est Fiona et Bailey qui ont fait s'effondrer les galeries, comme ça on a put se sortir vainqueur de cette guerre.