Is it love

Moi non plus... avoue-t-il. Qu'aurait-il fait si son destin ne l'avait pas mené sur la route d'Aliénor ? Au fond, il serait sûrement déjà partit depuis longtemps... Mais à présent, Aliénor et le poulain qu'elle portait donnait un sens nouveau à sa vie, un nouveau but. Sinon... Tout se passe bien avec... le poulain ? Il se rend compte, un peu honteux, qu'ils n'avaient pas souvent abordé le sujet... Et pourtant, en tant que père, il était censé s'en inquiété, en prendre soin... Agir déjà un peu comme un père lui faisait un drôle d'effet en réalité.

Il sourit, mais s'étonne de ce chaste baiser sur la joue. Comme un miroir, comme un reflet, la jument noire lui sourit aussi, mais le grullo n'est pas dupe : il sent que quelque chose ne va pas, que ce sourire est une façade masquant quelque chose de plus ou moins négatif... Il a une vague idée sur la question, pourtant il ne dit rien. Ce genre de relation, c'était tout nouveau pour lui. Il était aussi perdu qu'elle, ne sachant jamais tout à fait comment réagir... Peut-être fallait-il qu'ils se donnent un peu de temps pour s'y faire, mais d'un autre côté, le mâle songeait qu'il pourrait également être bénéfique de tout mettre à plat, de tout exposé, mettre des mots sur ce que chacun ressent pour que Aliénor et lui ne soient plus seulement deux âmes proches et en même temps égarées, simplement réunies par le hasard, côte à côte sans vraiment se toucher, comme un rêve inaccessible... Sa discussion avec Redjim lui revient : chaque instant compte, il ne laissera pas son bonheur filer à cause de doutes ou de craintes, il ne veut pas être séparé d'elle trop tôt. Parce qu'elle est son paradis, la beauté tant recherchée incarnée en une personne. Parce qu'ils allaient être parents et que cet enfant les liera à jamais, quoiqu'il arrive. Cet enfant, c'était aussi la preuve de leurs sentiments. Aliénor... souffle-t-il doucement. Je t'aime. Il s'arrête pour l'observer. Peut-être que ça sonnait faux, ou peut-être pas. Peut-être le ressentait-il vraiment, ou peut-être pas. Mais c'était des sentiments inconnus pour eux-deux, alors ils pouvaient bien essayer, non ?

Il lui rend sans attendre son baiser, un baiser qui semblait bien différent d'avant, qui semblait sincère, et qui marquait le début d'une nouvelle histoire : la leur, celle qu'ils partageront, celle qui s'écrira en "nous". Au bout d'un moment, il met fin à ce baiser et pose un regard tendre sur la jument d'ébène. Son paradis n'était pas un lieu. Son paradis était fait des gens qu'il aimait. Son paradis s'appelle Aliénor.

Out.