And outside we're crying / N /

Ce sentiment de solitude alors qu'on était bien entouré, Myosotis le connaissait bien, elle aussi. Ce sentiment d'être incomplet, qu'une partie de soi reste introuvable malgré nos recherches les plus poussées... C'est douloureux. Il faut vivre avec et c'est terriblement difficile. Depuis plus de trois ans, elle vit avec cette souffrance. Avec cette culpabilité. Et même si Sueño est à ses côtés, la berçant de sa tendresse, elle a mal. Pourtant, la naissance d'Absinthe l'a aidée en la soulageant d'un petit poids. Mais ça n'est jamais assez. La venue d'un nouvel enfant ne change rien au chagrin éprouvé par la perte de deux autres. Même s'ils ont été conçus dans la peur, la colère et la violence. Le regard de la dorée se pose sur une silhouette se découpant dans l'horizon. Elle se rapproche et reconnaît alors Njörd. Silencieusement, elle vient se glisser à ses côtés. Il semble nostalgique. Peut-être même triste. Myosotis glisse alors son regard dans le sien et esquisse un léger sourire. « Bonsoir Njörd. » souffle-t-elle avec douceur.

Elle n'abandonne pas son joli sourire. La nuit est belle et elle est heureuse de le rencontrer sous une meilleure forme que lors de leur précédente rencontre. « Comment vas-tu ? » lui demande-t-elle sans se départir de son habituelle douceur. Elle savait que Njörd était un bon ami de Sueño et elle ne doutait pas une seule seconde qu'il pourrait devenir un bon ami pour elle aussi. S'il lui en laissait l'occasion, cette fois-ci.

Pourtant, elle n'a pas vraiment le temps d'écouter la réponse de ce dernier puisqu'un râle de douleur s'élève dans les airs, lui arrachant un frisson. Son regard azuré glisse alors sur l'horizon, à la recherche de l'être en souffrance. Elle le repère rapidement et s'élance aussitôt vers lui après avoir glissé un regard inquiet à Njörd. Il fallait faire vite !

La dorée s'arrête devant le corps presque inerte du gris. Son cœur se serre lorsqu'elle tente de s'imaginer ce qu'il a pu vivre pour se retrouver dans cet état là. Entre temps, l'étalon noir l'a rejoint. Elle acquiesce silencieusement à ses paroles. Il fallait trouver une guérisseuse et vite. Myosotis ne connaissait que Phoenix. « Je pourrais peut-être essayer de trouver Phoenix... ? » glisse-t-elle à Njörd, totalement désemparée face à l'extrême urgence que nécessite la situation.

Dès qu'elle eu une réponse de la part de Njörd, Myosotis fit demi-tour et s'élança à la recherche de la guérisseuse. Elle galopa à travers la plaine sans se poser de questions. Si elle rattrapait la harde, elle retrouverait sans doute Phoenix sans trop de difficultés. Un immense sentiment de soulagement se déversa d'ailleurs en elle lorsqu'elle aperçu au loin les équidés. Elle se hâta d'y retrouver la rouquine et lorsqu'elle fut à ses côtés, elle bafouilla, à bout de souffle ; « Phoe... nix... il faut... que... tu viennes... vite ! Suis-moi ! » Et la voilà qui repart tout aussi vite, sans chercher à savoir si Phoenix avait tout suivi.