► lava flow

La jument se remet doucement d'une journée mouvementée, et s'est laissée prendre par surprise par la fatigue d'une course folle contre un loup solitaire, et affamé. Il ne semble pas lâché l'affaire. Ayant trouvée refuge sur un promontoire à la vue de tous, où le canidé ne se risquera pas à venir. Mais un autre problème commence à pointer le bout de son nez : une coulée de lave que la bicolore n'avait pas prévue. Mais trop épuisée, elle ne remarque pas cette dernière.

Le grand mâle se drogue à ce paysage. Il ne quitte pas l'endroit, trop amoureux des souvenirs d’antan. Trop rêveur et trop nostalgique du passé. Disposé en contrebas du volcan, cela fait une bonne heure déjà qu'il est perdu dans ses pensées, le regard perdu le long des coulées de lave. Elles lui procurent un apaisement certain. Mais ses pupilles s'élargissent soudainement lorsqu'il discerne une silhouette immobile, dos à la lave et qui ne semble pas se douter une seconde du danger qui la guette. Asmund n'a plus que quelques minutes pour réagir. L'entier bondit et cavale bruyamment sur le flanc de la montagne, manquant de glisser à plusieurs reprises mais gardant un pieds sûr. La montée à pic est longue et éprouvante, si bien qu'à l'arrivée, des goûtes suantes ruissellent le long de son corps et de son visage. Il a à peine le temps de voir le loup, posté derrière le rocher, qui lui agrippe sauvagement la cuisse. Réflexe, l'étalon rue violemment et frappe malencontreusement la mâchoire de l'agresseur dont un 'crac' s'échappe. Celui-ci déguerpit aussitôt.
Quelque peu boiteux, Asmund grimpe sur le promontoire. Levez-vous! Vite, la lave arrive!

Différentes odeurs arrivent jusqu'aux naseaux de la jument pie, qui n'attarde pas son attention dessus. Il n'y a que celle du loup solitaire, sur laquelle elle se concentre davantage. Même si le parfum brut d'un mâle présent dans les parages enflamme sa curiosité, elle ne s'y attarde pas. Elle renâcle tout simplement, un peu excédée par la chaleur qui se faisait sentir de plus en plus au fil des secondes. Peut-être le temps qui devenait lourd ? Elle inspire profondément pour profiter des dernières brises fraîches, lorsque des vibrations se font sentir sur son promontoire.
La bicolore redresse rapidement la tête, un peu sonnée de ce geste brutal, et son regard océanique croise le visage d'un appaloosa. Pourquoi est-il si paniqué ? Elle n'eut pas le temps de lire sur ses lèvres, et la belle blessure qui orne sa cuisse attise sa curiosité. Néanmoins, la femelle trouve le moyen de se redresser, blessée et fatiguée. Q.. q.. quoi ?

La jument ne réagit pas. On dirait presque qu'elle est sonnée. Sonnée par quoi ? Il a quand même correctement détachées ses syllabes, même sonné son ordre était compréhensible. A moins que.. Il n'a pas le temps de discuter, ni même peut-être ; le besoin. Du bout du museau, il l'incite à bouger en vitesse en poussant contre son épaule. Il jette un regard vers la lave qui s'approche de plus en plus et continue de l'inciter à se relever. La lave !

Il la bouscule, encore. La jument pie fronce des sourcils imaginaires, un peu excédée par un tel comportement. Il voulait quoi, au final ? Se coucher là ? Mais les lèvres de ce dernier s'articulent pour former un mot. Un mot qui lui glace le sang malgré la chaleur. Le visage aussitôt apeuré, inquiète, elle tourne sa tête pour observer de brèves secondes la coulée de lave qui descend à vive allure. Aussitôt, la pie se colle à l'inconnu sans retenu pour ainsi l'aider lui aussi, et descendre ainsi la pente de gravier un peu plus vite avec sa blessure.

Asmund est soulagé lorsque, enfin, elle comprend. L'étrangère ne met pas longtemps à réagir une fois avoir perçu le danger juste derrière elle. Elle se permet même d'aider l'étalon blessé à lui aussi fuir l'endroit, aide que ce dernier ne refuse pas. Il s'appuie sur elle sans trop la charger, tentant même d'accélérer le pas. Le jaguar oriente brusquement l'inconnue sur la gauche dans une cavité souterraine dont lui même n'avait pas connaissance avant de l'apercevoir durant leur descente. Ici ils seront en sécurité.

A plusieurs reprises, les deux chevaux manquent de se vautrer, dû à la pente raide et bien glissante. Mais la lave se rapproche dangereusement, et la bicolore préfère se blesser que mourir cuite comme un rôti.
Soudain, elle se sent emporter par l'étalon, qui l’emmène dans une cavité rocheuse à quelques pas, mais néanmoins assez éloignée pour être à l'abri.
A l'intérieur, elle soupire profondément, soulagée, mais essoufflée. Silencieuse, elle jette un oeil à l'extérieur, puis glisse ses prunelles océaniques jusqu'à la blessure de l'étalon.

Soulagé qu'elle l'ai suivit, Asmund détend l'entièreté de ses muscles et lâche prise afin que la pression redescende. En suivant le regard océanique et hypnotisant de la jument, il remarque la blessure qui décore sa jambe tacheté où le sang dégouline. Vigoureusement, il se met à lécher l'entaille pour la débarrasser des résidus qui y ont pénétrés.