the floor is lava _A_

La rouanne avait le regard posté sur le volcan, ses yeux dessinant les lignées de lave qui dégoulinait sur le flanc de la montagne. Elle commençait enfin à s'habituer à son nouvel environnement et à reprendre ses marques au sein de son clan.

on ne saurait pas dire s'il l'avait sentie, pistée, traquée, ou si ce n'est que le fruit d'un hasard qui cache bien son jeu. peut-être un peu des deux, d'ailleurs.
il est immobile, posté à flanc du volcan, comme accroché au vide. son iris clair, lui, ne quitte pas la silhouette rouquine qui déambule comme si elle y était née. il en découle une certaine aisance, et il l'admire secrètement, sans rien dire, sans se montrer, sans se cacher pourtant.

La rouanne marchait au pied de la montagne qui crachait délicatement de la lave, prenant garde à l'endroit où elle mettait les pieds. La roche volcanique était parfois encore chaude, pas complètement refroidie. Mais à travers les odeurs de fumées, un parfum s'immisce dans ses naseaux. Un fin sourire étira ses lèvres, sans pourtant qu'elle ne se retourne dans sa direction. T'as de l'audace, pour venir jusqu'ici.

il la sent ralentir et devine donc qu'elle l'a localisé. il sourit lui aussi, dans son dos, là où elle ne pourra pas le voir ; tout comme il ne peut pas voir son sourire à elle. il la fixe toujours aussi abruptement, de son unique oeil insistant, pourtant naturel. il se rapproche un peu, sans la dépasser, sans venir près d'elle pour autant. il faut de l'audace pour venir te voir, aulia ? souffle sa voix claire, un brin amusé, un brin taquin. parce qu'il a bien compris ce qu'elle a voulu dire, mais qu'il se plait à contourner les phrases, les significations.

La rouanne finit par se retourner lentement vers lui, levant les yeux au ciel. Elle haussa d'une épaule, l'air presque désinvolte. Peut-être bien. Je fais passer un mauvais quart d'heure aux gens qui me froissent. fit-elle avec un sourire malicieux, taquin même. Alors comme ça t'es venu me voir ?

à sa réplique, le mâle esquisse un sourire franc, amusé, toujours, par son audace, sa répartie. je n'en ai pas encore fait l'expérience , prétend-il avec un léger rire avant de s'avancer plus vers elle, enjambant gracieusement une fine coulée de lave. son oeil reste rivé sur elle. hmm.. disons que je passais dans le coin , fait-il comme s'il s'agissait là du hasard. il s'arrête à un mètre d'elle à peine. tu vas bien ? demande-t-il, plus sérieux, réellement sincère.

Elle se mit doucement à rire. Pas encore. fit-elle innocemment, comme si elle était un véritable danger publique alors qu'elle pouvait parfois être douce comme un agneau. La rouanne haussa des épaules à sa question, plus sérieuse. C'est un peu compliqué en ce moment, mais je m'en sors plutôt bien. Elle lui offrit un petit sourire. Toi ? Ça fait longtemps que j't'ai pas vu dans le coin. Après, c'est p'tet juste parce que je sors pas beaucoup

faucon esquisse un sourire taquin. puis, il reprend vite un air sérieux, son oeil fixé sur elle, l'écoutant avec attention. j'imagine, souffle-t-il en dilatant ses naseaux. c'est ici que tu vis, maintenant ? il demande ça par curiosité la concernant elle et uniquement elle. le reste de sa famille - et de son clan - il s'en fiche. sa question n'est pas à but d'espionnage de l'erg. il hoche la tête lentement. je ne viens pas beaucoup dans ce coin-là des terres il secoue sa crinière fine. mais c'est aussi parce que je suis parti un moment.

La rouanne hocha la tête. Personne ne se voyait retourner à la pyramide. Et j'ai l'impression que c'est qu'une question de temps avant que mes parents partent de Lunaera. souffla-t-elle. Se séparer d'eux l'attristait et elle savait qu'ils aimeraient qu'elle partent avec eux, mais sa vie était ici. Comment ça ?

il l'écoute avec toute l'attention habituelle, silencieux jusqu'à-ce qu'elle finisse. tu penses qu'ils vont partir ? il n'aurait pas imaginé hooker réussir à tourner le dos à son désir de vengeance. peut-être que la mort de son frère l'avait changé. et il ne connait pas vraiment phoenix pour pouvoir imaginer ce qu'elle ressent face à tout ça. il se rapproche un peu, le regard hypnotisant. s'ils partent, tu partiras aussi ? demande-t-il, presque en train de chuchoter. il n'a pas envie qu'elle parte, et peut-être le comprendra-t-elle dns sa question.
il se détourne légèrement, observant la lave dégouliner le long des flancs de la montagne. nous avions besoin de nous éloigner un peu d'ici, avec celle qui partage ma vie et nos deux filles. il quête sa réaction du coin de l'oeil. non pas un enfant mais deux, d'un seul coup. deux filles.
deux filles de quatre parents différents.

Tout leur rappelle trop ce qu'ils ont perdu. Ma mère pourrait rester, mais si mon père part, elle partira elle aussi. À quelque part, même si ça la rendait triste que ses parents partent, ça la faisait rêver de voir la force de leur amour. Elle ne savait pas si elle allait un jour avoir ça. Tout était si compliqué... Non. Ma vie est ici et j'ai encore à faire ici. Sa façon à elle de dire qu'elle allait prendre le relais de l'Erg avec Azara, sans doute. T'as eu des gosses toi ? Elle se mit à le regarder un peu de travers, involontairement. Ça lui faisait bizarre de se dire que tout le monde autour d'elle fondait une famille et avait des enfants alors qu'elle... Elle se cachait encore la face.

il hoche la tête, cachant avec brio son soulagement d'apprendre qu'elle, elle restera. il note facilement le regard qu'elle lui jette en soulevant la question des enfants et cela le fait sourire intérieurement. il ne montre qu'un rictus amusé. cela appartient à leur relation si étrange qu'ils ont depuis le début. elle a toujours été plus qu'une simple otage pour lui - d'ailleurs, faucon n'a jamais vraiment pu la considérer comme telle, même au tout début. s'est installé ce jeu étrange, cette impression de trahison envers les leurs au fur et à mesure qu'ils s'entendaient. et cela, faucon adore. cette sensation piquante et grisante de jouer avec le feu. de toucher l'interdit.
avant de répondre, il laisse s'échapper un soupir à peine audible. c'est un peu complexe. sans savoir pourquoi, depuis toujours, il a confiance en elle. et puis il n'a aucune honte à son histoire, à ses faits. pourquoi devrait-il donc les cacher ? une des deux petites est ma fille biologique. certains pourraient parler d'une trahison, d'une erreur, d'un manque de contrôle, peut-être ont-ils raison. quoiqu'il en soit, j'ai juré de l'élever. et puis, j'ai dû achever sa mère suite à une blessure mortelle. son ton n'a pas changé. comme si c'était une action normale. séléné était son amie, proche, intime. faucon en ressentira toujours de la peine, mais il sait qu'il a fait ce qu'il fallait. et puis, ce qu'il ne dit pas, c'est qu'il l'aurait tuée même sans cette chute, sans cet accident. l'autre est fille de boréale. je ne suis pas le père. ton cousin aszio l'est. il maîtrise parfaitement bien la colère brûlante qu'il ressent rien qu'en prononçant ce nom maudit. aszio. un jour, il le retrouvera puisqu'il semble volatilisé. et ce jour-là, il le tuera. aulia doit bien être au courant de son viol, elle fera vite le rapprochement sur sa victime, donc. boréale a du mal à accepter devoir s'occuper d'un enfant issu d'un viol. j'ai juré de l'élever elle aussi, comme ma propre fille. il se tourne vers elle, l'histoire est terminée, il a tout expliqué sans honte ni gêne.
d'un seul coup, il bondit par-dessus une fine coulée de lave qui les séparait encore. avec agilité, il atterrit juste à côté d'elle, soudainement très près - il peut sentir son parfum sucré et suave à la fois, et son souffle contre son encolure. il lui adresse un clin d'oeil et la contourne. tu me fais visiter ?

C'était étrange comment elle pouvait oublier les circonstances dans lesquelles ils s'étaient rapprochés quand ils discutaient à coeur ouvert. Comme s'ils s'étaient connus de la façon la plus normale qui soit, comme s'ils étaient amis depuis toujours. C'était bizarre que la confiance pouvait s'incruster sans qu'elle soit attendue.
Complexe ? Oh, mais elle n'en doutait pas. Avec lui, peu de situations semblaient être simples. Mais elle se crispa légèrement à ses premières paroles. Yikes. Pour s'être faite trompée, le feeling était loin d'être agréable. Et elle ne cacha pas sa réaction, transparente comme toujours, bien qu'elle n'en dise rien, simplement à l'écoute. Aulia eut néanmoins du mal à avaler sa salive en entendant la suite. J'te demande pardon ? Aszio ? Vraiment ? Comment avait-elle fait pour ne pas être au courant. Et bien que sa relation avec Boréale s'était nettement dégradée avec sa capture, elle était loin de lui souhaiter un tel sort. Son regard fuit le sien pendant quelques secondes. Elle n'avait pas été fière de sa famille à quelques moments, mais là... Là c'était carrément différent.
Songeuse, elle fut sortie de ses pensées seulement lorsqu'il bondit à ses côtés. Elle lui adressa un petit sourire taquin, avant de lever les yeux au ciel. Elle l'aurait bien bousculé un peu, mais elle ne voulait pas risquer de l'envoyer marcher dans une coulée de lave. Y'a pas grand chose à visiter tu sais. Et compte pas sur moi pour te montrer le camp. fit-elle en prenant le pas, en lui faisant signe de l'accompagner un peu.

Toujours attentif et concentré, il remarque facilement qu'elle n'apprécie pas ce qu'il a fait. Cela ne le touche pas. Il sait qu'Aulia ne le juge pas réellement, qu'elle laisse juste son passif empiété sur ce qu'elle pourrait penser ou comprendre. Tout cela ne touche pas Faucon. Lui non plus n'aime pas ce qu'il a fait. Mais les erreurs font aussi partie des accomplissements d'une vie. Et sans cette erreur, il n'aurait pas eu Hirondelle.
Puis vient la seconde réaction. Plus virulente, plus spontanée, moins contrôlée. Il ne répond pas, parce qu'il n'y a rien à répondre ; il a déjà tout dit. Il ne la juge pas et ne l'incrimine pas. On ne choisit pas sa famille et il est bien le premier à le savoir. Elle n'y est pour rien. Même si lui voudrait le tuer. Pour ça, il faudrait déjà le retrouver. Il semble s'être volatilisé, en plus... souffle-t-il dans un soupir las.

Il se met à la suivre, taquin lui aussi. Oh, dommage, j'aurais bien voulu visiter ta chambre fait-il en plaisantant, un peu provocateur quand même

Elle avait été si longtemps loin de sa famille qu'elle n'avait pas su pour Aszio. Elle n'était même pas certaine que tout le monde soit au courant chez elle et personne ne lui avait dit. Sans doute pour ne pas lui ajouter ça sur la conscience. Ça lui faisait de la peine quand même, de savoir que son cousin était allé jusqu'à brimer les droits d'une jument. Horrible...
Sa réplique réussit tout de même à lui faire retrouver le sourire, à lui changer les idées. Aulia se mit doucement à rire, amusée. Tu voulais voir si j'ai du goût en déco ? plaisanta-t-elle en retour. Elle lui donna un petit coup de museau en pressant le pas pour le dépasser, évitant agilement les coulées de lave. Aller viens, j'ai un coin agréable à te montrer. Ce sera plus facile de discuter là-bas qu'ici.

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» P ► the floor is lava
» ► lava flow
» † meet me on the top floor.