She's on fire #P

Phoenix était couchée en vache parmi les hautes herbes de la clairière, paisible. Sa robe semblait s'embraser sous les derniers rayons du soleil. Le paysage était à couper le souffle à cette heure-ci.

L'endroit dégage tellement de chaleur que Naâman se croit presque chez lui. Presque, car il y a un énorme détail qui contre cette sensation. Le paysage. La savane ne ressemble pas du tout à ça. Le petit zèbre arrache quelques tiges d'herbe et les grignote en silence, observant les environs de temps à autre.

Elle s'était allongée pendant quelques secondes, disparaissant sous les tiges des fleurs quand un léger bruit l'alerta. Elle releva la tête, observant l'environnement qui l'entourait. Et lorsque ses yeux se posèrent sur la silhouette frêle d'un enfant, un petit sourire se traça sur ses lèvres. Tiens, sa robe était spéciale, mais pas moins jolie.

Non loin, un visage apparaît furtivement en plein milieu des herbes hautes. Le petit zèbre cesse toute activité et fixe l'inconnue avec la même intensité. Lorsqu'il discerne un sourire sur ses lèvres, l'enfant affiche une mine farouche. Qu'est-ce qui vous amuse?

Phoenix dessina délicatement les rayures de l'enfant avec son regard chocolaté. Il ne semblait pas venir d'ici, ses traits venaient visiblement de contrées lointaines. Elle n'avait pas vu une pareille robe, mais c'était joli, elle aimait bien. La future mère sourit davantage à la question du petit zèbre, amusée. N'ai-je donc pas le droit de sourire ? Rien ne l'amusait particulièrement, elle était tout simplement toujours un peu émerveillée de voir un poulain. Approche, je ne vais pas te manger. dit-elle d'une voix qui se voulait douce. Les flammes qui l'animaient étaient toujours réduites en de douces braises chaleureuses quand elle était pleine ou quand elle allaitait.

Il s'apprête à répondre sur le même ton mais comprend rapidement que c'est une question rhétorique. La jument a beau ne pas le mettre au défi, il se sent provoqué. Il avance d'un pas bien décidé vers elle. C'est vrai que vous n'avez pas une tête de lion.

Cet enfant avait l'air plein de caractère et ce n'était pas pour déplaire à Phoenix, qui souriait dans un mélange d'amusement et de douceur. De lion ? Étonnant, mais sûrement venait-il d'ailleurs pour porter de telles rayures et parler de ces créatures. Elle avait entendu des légendes au sujet de ses fauves, mais jamais elle n'en avait vus. Ça serait surprenant.

Et très problématique. Poursuit-il en soutenant le regard enflammé de la jument rousse. Il penche la tête sur le côté, laissant ses grandes oreilles frotter contre sa courte crinière. Vous ressemblez bien plus à une gazelle.

Une gazelle ? Qu'est-ce que c'était que toutes ces histoires. Et pourtant je n'en suis pas une. répondit-elle avec une pointe d'amusement dans le regard. Il était particulier, cet enfant. Ce n'était pas tous les jours qu'on croisait ce genre d'individu. Comment t'appelles-tu, mon petit ?

Naâman. Et vous, ma grande? Naâman était un être dépourvu de toute méchanceté et de toute insolence mal placée. Toutefois, il lui arrivait de pester face aux aprioristes, aux surnoms physiques ou toute autre référence basée sur une image. Peut-être pour la simple et bonne raison qu'il se sent, ici plus que n'importe où ailleurs, extrêmement différent ? Pour autant, son ton n'est pas agressif. Seul son regard qui sonde celui de la rousse démontre une audace appréciable.

Le petit zébré n'était pas sans surprise. Il était amusant, un vrai petit divertissement pour la future maman à la robe rousse. Néanmoins, elle était un peu inquiète de ne pas voir les parents de ce jeune enfant autour de lui. Phoenix. Tu es tout seul ?

A sa question, Naâman perd un peu le sud et laisse retomber son regard sur ce qui l'entoure. Oui. C'est pas vraiment chez moi ici.. Sans blague. Qui ne s'en serait pas douté?

Oh... fit-elle, compréhensive, même si, ça, elle le savait déjà. Mais ça confirmait ses craintes. Le petit zèbre était seul, perdu au beau milieu d'un monde qu'il ne connaissait pas. Et ta maman, elle n'est pas là ?

Naâman prend une grande inspiration. Cette jument au pelage de feu lui donne envie de se confier. Elle est douce et particulièrement maternelle. Pile ce dont le petit zèbre a manqué. Non.. Je ne l'ai pas revue depuis l'attaque des lionnes.. Dans la savane.

Douce et maternelle, ceux qui ont connu Phoenix avec son caractère de feu pourrait en douter. Pourtant, depuis qu'elle avait eu des enfants, son coeur s'était adouci envers l'innocence des petits. Alors oui, elle se considérait comme étant maternelle. Douce, ça dépendait.
Les mots du poulain zébré lui firent comprendre. Il était sans doute orphelin. Je vois... Et ton papa ? Toujours un peu d'espoir dans la voix de la guérisseuse.