side by side - g

C'est un peu frustrant pour elle d'avoir raté son défi, du coup elle rumine un peu son manque de courage et de volonté. Que penserait Snow d'elle ? Elle se sent un peu triste. Elle n'a pas envie de décevoir Snow. Elle chasse rapidement cette pensée de son esprit. Il n'en saura rien. Il n'a pas besoin de savoir que sa fille est une froussarde.
Séléné est curieuse. Elle suit chacun de ses mouvements du regard. Son souffle chaud qui s'échoue sur son visage la fait frisonner. Ça lui rappelle la journée qu'elle a passé avec Horus à la source de cristal. Elle garde le silence mais acquiesce silencieusement lorsqu'il la prévient qu'il va l'embrasser. Et ce baiser, il a un goût de déjà vu. Elle se revoit quelques années en arrière, pouliche, au pied de la cascade avec lui.
Lorsque leurs lèvres se détachent, Séléné ne recule pas. Elle garde cette proximité intacte, au point que son souffle caresse les lèvres de Gryffon.
- C'est à mon tour. Cap de récupérer cette pierre qui brille qui est incrustée dans la roche ?

L'espace d'un instant, Séléné se sent satisfaite. Ainsi, lui aussi s'est trouvé incapable de réussir son défi. Elle se sent rassurée et soulagée. Il n'y a pas qu'elle.
Elle fait mine de réfléchir, puisqu'elle a le droit d'exiger de lui ce qu'elle veut. Enfin, en vrai, elle sait déjà ce qu'elle veut.
- Je veux que tu me fasses des papouilles derrière les oreilles !
Oui parce que le ventre, ça attendra plus tard. Elle veut garder le meilleur pour la fin.

Séléné étend et abaisse légèrement son encolure lorsque Gryffon commence les grattouilles. Ses yeux se ferment progressivement ; elle est littéralement en plein kiffe. Lorsque les papouilles sont finies, elle rouvre les yeux et redresse son encolure.
- Si on ne compte pas mon père, Noomi, Horus et toi vous êtes à égalité. Enfin je pense. Noomi c'est quand même ma meilleure amie, répond-elle.
Elle réalise ensuite qu'elle n'a pas vraiment respecté le gage puisqu'elle n'a pas pu se limiter à une personne. Est-ce que ça invalide son gage du coup ?
- Donc si je dois dire qu'une seule personne... Je dis Noomi, finit-elle par souffler.
Elle réfléchit ensuite au gage qu'elle pourrait lui donner.
- Cap de fermer les yeux jusqu'à ce que je te dises de les rouvrir ?

Son amie avait un caractère de feu mais elle était d'une gentillesse sans fin avec elle. Avec elle, les choses s'étaient faites naturellement, et elle était vite devenue sa meilleure amie. Après, il faut l'avouer, Séléné n'est pas bien sauvage alors tisser des liens c'est plutôt facile pour elle.
En effet, rien de difficile dans ce gage mais Séléné n'est pas très imaginative de ce côté là. D'ailleurs, elle n'a aucune idée derrière la tête, bien qu'on aurait pu le croire. Elle se contente de s'éloigner de quelques pas et de rassembler toutes ses pierres précieuses, y compris son rubis Houdini (). Et puisqu'elle a déjà vu Belzé le faire... Elle décide de les planquer dans sa crinière.
- Tu peux rouvrir les yeux, souffle-t-elle en se plaçant de nouveau face à lui.

( Lulu la stalkeuse )

Ses iris dépareillés sont plongés dans le brun des siens. Elle aime beaucoup admirer les yeux des autres. Ils disent tellement de choses lorsque la bouche ne veut rien dire. On peut aisément mentir avec les mots, mais avec les yeux, peu de personnes peuvent mentir. Ils sont le reflet des âmes.
Lorsqu'il lui dit qu'il préfère ne pas lui poser de question, elle se contente de lui sourire. Elle trouvait ce jeu pas si amusant que ça alors, dans un sens, ça l'arrange. La déclaration qui suit la surprend un peu ; c'est la deuxième fois qu'on lui fait une pareille confidence. Et, comme la première fois, elle ne sait pas trop quoi y répondre alors elle se contente de remerciements timides. Et lorsqu'il s'approche pour la serrer contre lui, elle se laisse faire. Comme une poupée. Seule la froideur de ses naseaux la fait réagir ; quelques frissons glissent sur sa peau tachetée.

Séléné relève quelques signes de tension chez Gryffon mais elle ne sait pas vraiment comment les interpréter. Du coup, ses pensées deviennent confuses. Son poitrail appuyé contre le sien, elle sent les battements rapides - trop rapides - du cœur de son ami. Elle se pose tout un tas de questions ; est-ce qu'il a peur ? Si oui, de quoi ? Elle décide de ne pas lui poser la question. Peut-être qu'elle comprendra après.
La voix de Gryffon la fait revenir à elle. Pour une fois, il semble manquer d'assurance, ce qui la surprend un peu sur le coup. Il a envie de... L'embrasser ? Encore une fois ? Sans jouer ? Séléné trouve ça curieux mais n'en laisse rien paraître. Si c'est là sa seule exigence, elle doit être en mesure de la satisfaire. Elle avance donc d'un pas pour poser délicatement ses lèvres contre les siennes.

Le sifflement du vent s'engouffrant dans la grotte détourne un bref instant son attention de Gryffon. Elle jette un bref regard à la brèche qui s'ouvre vers la banquise avant d'observer de nouveau le jeune mâle. Ils sont toujours seuls. Rien que tous les deux.
Les paroles qui suivent la laissent perplexe. Elle ne comprend pas quoi au juste ? Elle plisse légèrement ses paupières et cherche à comprendre le sens de ses mots. Est-ce qu'elle a mal agit en l'embrassant ? Pourtant c'était ce qu'il voulait, il l'avait dit de lui même. La notion d'envie lui échappe totalement mais fait resurgir un souvenir bien précis ; Horus aussi avait parlé ainsi. D'envie et de consentement. Qu'il fallait que ça lui fasse plaisir à elle aussi. Que c'était un... Partage. Oui, le mot c'était bien ça. Partage.
Muette depuis quelques minutes déjà, Séléné réfléchit. Est-ce qu'elle en a envie ? Est-ce qu'elle se sent prête maintenant que les chaleurs ne sont plus là ? Maintenant qu'il n'y a plus le risque d'être mère qui plane au dessus de sa tête telle l'épée de Damoclès ? Son cœur bat vite, très vite. Très fort aussi et son corps est aussi brûlant que s'il se trouvait en plein cœur d'un brasier intarissable. Elle ne sait pas vraiment ce qu'elle peut répondre à ça. Elle le laisse se reculer, toujours sans rien dire, puis finit par reculer à son tour.
- Je... Je ne sais pas si je suis prête, avoue-t-elle à demi mots, l'air gênée.
C'était déjà la deuxième fois qu'elle s'y refusait. Est-ce que ça faisait d'elle quelqu'un d'étrange ? De... Pas normal ?