slow as the speed of skin

Malgré son poil d'hiver, la bise glacée parvient à la faire frissonner et à faire danser ses crins laiteux. Nour marche calmement sur la rive noire, laissant ses yeux sombres embrasser le paysage marin nordique. Elle a grandi, la jeune wiccane. Et avec les mois, elle fait bien moins tâche sur ces terres, voire même au sein de son peuple. Elle apprend à vivre avec elleux, tout comme iels apprennent à vivre avec elle. Bien que parfois, la réalité la frappe : un gouffre énorme la séparera toujours du reste du monde, peu importe comment les autres essaient de se rapprocher d'elle, de l'aimer, même. Est-elle aimée ? Elle ne saurait le dire, et souvent, cette idée la plonge dans le fleuve d'angoisses, de paranoïa et de tristesse implacables dans lequel elle est toujours plus ou moins immergée. C'est pour ça qu'elle est partie s'aérer la tête, aussi, laisser le nord balayer les eaux stagnantes dans son cerveau. Ou essayer, du moins.

Elle pense à Imbolc. Bientôt, le dieu Soleil prendra enfin le pas sur la nuit, et la Terre-Mère sera réchauffée plus longtemps. Bien qu'elle honore toutes les saisons et tous les sabbats, elle restera toujours une enfant du soleil, et elle a hâte de vivre son premier printemps, et son premier été. Depuis quelques jours, elle prend le temps de ramasser et cueillir les décorations de son autel, dans sa chambre de la pyramide, au fil de ses promenades dans Luanera. C'est la première fois qu'elle se rend au Nord, et elle laisse le froid saisissant la vivifier, la purifier. L'air est pur et magnifique, et le ciel ... Rien n'est plus beau que l'aube et ses pouvoirs. Les cristaux de quartz au sol attirent son oeil. Elle en emporterait bien un ou deux, pour débloquer et canaliser les énergies négatives qui virevoltent sans cesse au sein du peuple de l'Erg.