Lost my mind ▬ N

Depuis combien de temps tourbillonne-t-elle dans le labyrinthe ? Trop longtemps certainement. Assez pour que sa robe - pourtant déjà sombre - apparaisse trempée et que sa respiration soit haletante. Niylah ignore pour quelle raison et comment elle est arrivée au cœur d'un labyrinthe. Sans doute est-ce encore l'oeuvre de ces maudites absences...

Au fil des minutes, Niylah s'est apaisée. Principalement à cause de l'intense fatigue qui s'est emparée d'elle à force qu'elle s'agite ainsi. Elle a donc prit le temps de se calmer et surtout de reprendre son souffle et une fois assez calme, elle a reprit sa route. Elle longeait pour la énième fois un mur recouvert de lierre lorsqu'elle entendit un bruit sourd suivit d'un grognement de douleur. Le regard de nouveau vif, elle pivote rapidement sur ses postérieurs pour prendre un virage à quatre-vingt-dix degrés et parcourt quelques mètres avant de tomber sur une jument alezane qui semble être dans le même état d'esprit qu'elle. Prudemment elle s'approche de l'inconnue.
- Je vois qu'on est dans la même galère, souffle-t-elle sur le ton de la rigolade pour détendre un peu l'atmosphère.

Le cri d'un corbeau attire subitement l'attention de Niylah. S'il y a un oiseau ici, c'est que la sortie ne doit pas être si loin. Sauf s'il s'est perdu, lui aussi ? Le doute envahit la guérisseuse. Elle ne sait plus vraiment où elle est, et tout comme sa compagne de galères, elle n'a strictement aucune idée du temps qu'elle a passé dans le labyrinthe. Des minutes ? Des heures ? Des jours ? Elle est incapable de se souvenir. Elle ne sait même plus se souvenir du moment où elle est entrée ici.
- Je suis dans le même cas... Ose-t-elle finalement avouer à l'autre jument. Je m'appelle Niylah, je suis nouvelle ici, se présente-t-elle ensuite.
Histoire de partir sur des bonnes bases, malgré la situation un peu particulière.

Niylah aime sociabiliser. C'est plus fort qu'elle, lorsqu'elle rencontre un congénère, elle ne peut résister à l'envie de faire connaissance avec. Même si, parfois, la situation ne s'y prête pas le moins du monde. Le regard de l'irish revient sur l'oiseau que l'alezane a elle aussi repéré. Niylah acquiesce silencieusement avant de s'élancer à la poursuite de l'oiseau au plumage de jais. Un détail attire pourtant son attention, il vole d'une façon bien curieuse.
- On dirait qu'il est... Blessé, s'inquiète-t-elle en pressant le pas.

La réponse de l'alezane n'étonne pas vraiment Niylah. Peu d'individus prêtent attention aux autres animaux. Aux yeux de la guérisseuse toute vie est précieuse et surtout aucun être vivant ne mérite de souffrir. Elle se contente alors d'acquiescer et lorsqu'il change de direction, elle s'empresse de faire de même. Il a tout le même un avantage sur elle ; il n'a pas besoin de faire attention au chemin qu'il emprunte. Lorsqu'elles arrivent dans un cul-de-sac, Niylah fait brusquement demi-tour.
- Vite, on va le perdre de vue ! S'exclame-t-elle, poussée par une décharge d'adrénaline.

Son regard n'a pas quitté l'oiseau qui vole de plus en plus bizarrement. Il semble fatiguer. A moins qu'il ne soit vraiment entrain de succomber à ses blessures... En plein vol ? L'état de l'animal volant inquiète de plus en plus Niylah qui en a carrément oublié son but principal ; sortir de ce maudit labyrinthe. Un peu perdue, elle laisse l'alezane passer devant. Leur petit manège ne s'éternise pas ; l'oiseau finit par se cogner contre un mur et glisse lentement jusqu'au sol. Lentement, la guérisseuse s'en approche.
- A vrai dire, je crois que c'est le cas... Lâche-t-elle d'une petite voix, un peu gênée.
Il n'y a rien à faire. Et le sol bétonné ne leur donne même pas l'occasion de pouvoir l'enterrer. Tant pis, il nourrira un autre animal.
- On ferait mieux de ne pas traîner ici. La sortie ne doit pas être bien loin, dit-elle en reprenant le pas.

Elles viennent à peine de se remettre en route que l'alezane se remet devant. Ce comportement n'étonne pas Niylah. Certains équidés ont ça dans le sang. Peut-être que Helkä fait partie de ceux là. En tous cas, elle ne se sent pas biaisée. Suivre, ça lui convient parfaitement. Parce qu'elle s'accommode de tout. Devant, l'alezane s'agace. De son côté, Niylah a un avantage de taille ; elle est patiente et observatrice. C'est ainsi qu'un détail attire son attention ; de la verdure poussant ici et là, sur les murs et le sol. Elle attrape alors quelques crins de la queue d'Helkä pour attirer son attention.
- Par ici ! Lance-t-elle en empruntant un couloir parsemé de vert.
Sans ralentir, Niylah poursuit sa route en continuant de suivre les chemins dont les parois sont couvertes de mousse. Et finalement, au bout de quelques virages, une brèche assez étroite et plongée dans la pénombre apparaît devant elles.
- Je pense qu'il faut s'y faufiler, dit-elle en glissant son regard vers la jument.

Niylah acquiesce silencieusement. Bien-sûr qu'elle le pense. Sinon elle se serait abstenue de lui faire part de son observation. Et, sur le coup, elle a quand même une crainte ; celle que Helkä refuse de s'engouffrer dans la brèche. Parce qu'elle n'a clairement pas envie de s'y essayer en première ni même d'y passer seule. Heureusement, ce n'est pas le cas et l'alezane finit par s'y faufiler. Niylah la suit de près malgré son angoisse grandissante. Elle déteste les lieux étroits. D'autant plus qu'avec sa silhouette massive, elle ne passe pas n'importe où. Les paroi lui râpent d'ailleurs les flancs. Elle sera quitte pour une petite séance de soins une fois libre.
- Tu vois quelque chose ? Demande-t-elle finalement avec hâte.