Lost my mind ▬ N

L'angoisse de Niylah monte d'un cran lorsque Helkä lui répond qu'elle ne voit rien d'autre que le bout du tunnel. Et si le tunnel lui-même était une sorte de labyrinthe ? Et si la sortie n'en était pas une ? Et si elles étaient condamnées à errer dans ce foutu dédale jusqu'à leur mort ? La guérisseuse s'efforce de ralentir pour reprendre un peu de distance avec l'alezane lorsque cette dernière la met en garde. Elle n'avait même pas fait attention à ce détail tant elle était absorbée par ses craintes. Alors lorsque la sortie se dessine face à elle, Niylah ne réfléchit pas plus ; elle bondit dehors, se fichant bien d'écorcher ses flancs au passage. Une petite quantité de sang s'écoule sur ses membres, teintant ses fanons blancs. Ses épaules sont abîmées de manière superficielle mais ses hanches sont vraiment lacérées. Et maintenant qu'elle est libre, la douleur s'éveille. Et, bien-sûr, elle n'a aucun remède ici. Du coup elle fait avec les moyens du bord en attrapant une large feuille couverte de rosée qu'elle presse doucement contre sa hanche.

Niylah abandonne la feuille dès que le saignement s'arrête. La douleur commence déjà à s'atténuer et les idées de la guérisseuse redeviennent claires. Son regard glisse jusqu'à Helkä qui semble s'être apaisée, elle aussi. Un sourire s'affiche sur ses lèvres.
- Merci à toi aussi, souffle-t-elle à son tour, reconnaissante.
Sans elle, peut-être qu'elle n'aurait pas été capable d'avoir le courage d'essayer de sortir par cette minuscule brèche.
- Tu veux que je regarde tes plaies ? Elles ont l'air superficielles, comme les miennes, mais ce serait bien de les nettoyer malgré tout.
On ne sait jamais. Il suffit de pas grand chose pour qu'une plaie, même superficielle, s'infecte.

Le sourire de Niylah disparaît rapidement et elle se fige lorsqu'elle entend la réponse de l'alezane. C'est la deuxième fois qu'on refuse son aide de cette manière. Personne n'a jamais besoin d'aide, jusqu'au moment où ils réalisent qu'ils ont eu tord de le clamer si fort.
- Baignes toi dans une rivière avec un peu de courant avant la nuit, dans ce cas, lui conseille-t-elle malgré tout.
Comme ça elle ne se retrouvera pas avec des plaies infectées seulement à cause d'un ego mal placé.

La question de l'alezane ne surprend même pas Niylah ; elle a l'habitude des patients récalcitrants qui ont besoin de justifications à tout bout de champ. Et bien que ce soit épuisant de devoir tout leur expliquer, la guérisseuse aime toujours autant partager ses connaissances.
- Le courant, s'il est assez fort, a une action drainante. C'est pratique pour aider à la bonne circulation du sang et en plus de ça, c'est idéal pour nettoyer les plaies et éviter une possible infection à cause des bactéries qui peuvent stagner sur les plaies non soignées.
En somme, c'est un petit miracle de mère nature.

Un léger sourire s'empare des lèvres de la guérisseuse. Un merci, c'est largement suffisant pour lui faire plaisir. Au moins, elle ne se sent pas inutile.
- Tu veux peut-être rester seule maintenant... ? Demande Niylah lorsqu'elle remarque l'attitude de nouveau fermée de l'alezane.
Elle n'a pas envie de se montrer trop collante ou bien trop insistante sans le faire exprès. Parce qu'elle est tout le contraire d'Helkä sur ce point là.