Quand la vie devient un combat //F//

- HALONA (fiona) - L'arabe est allongée dans le grand tipi central. Depuis son arrivée sur le campement, elle n'avait connu que ce lieu. De temps à autre, un grand indien vêtu de plumes venaient lui apporter des plantes pour soulager son ventre douloureux. Petit à petit, la bai se sentait mieux. Son poils devenait de plus en plus brillant, et les traits de son visage n'étaient plus tirés par la fatigue. Halona redresse la tête et pointe les oreilles vers l'avant lorsqu'une silhouette tire la toile pour s'immiscer dans le tipi. La jument ronfle légèrement des naseaux, nullement hostile, elle est très respectueuse envers le peuple qui lui a sauvé la vie. D'ailleurs, ces derniers n'ont même pas besoin de l'attacher, elle ne cherche pas à s'enfuir.

Red est nerveux. Il s'est fait capturé en relative confiance, croyant connaître les hommes. Ceux-ci sont pourtant bien différents de ceux qu'il a connus. Il s'est fait conduire dans le campement, à travers les étranges habitations de ce peuple ; peut-être grâce à son calme relatif. Il ne cesse de pivoter la tête, oreilles, naseaux frémissants, découvrant de nouvelles choses et de nouvelles odeurs.
Il guette l'odeur du sang. Il songe toujours que, peut-être parce qu'il boite, les humains vont renoncer à son utilité et tout simplement le dépecer sur place et le bouffer. Peut-être est-ce aujourd'hui. Car il n'y a pas de chevaux dans cette partie du camp...

On l'attache près d'un grand tipi, et le laisse seul un instant. L'étalon tire un peu sur sa corde en tournant, observant nerveusement tout autour. La fumée de leurs feux pique ses naseaux, il est désorienté sans son odorat. Quand soudain... Son coeur s'élance et il respire plus profondément. Oui... C'est l'odeur de Fiona ! Tout près... Il hennit.
-Fiona !? appelle-t-il, incrédule, sans la voir nulle part.

- HALONA (fiona) - La jument entend de l'agitation devant le tipi. La toile de l'entrée chancèle et pourtant personne ne semble vouloir entrer. Curieuse, Halona pointe ses oreilles vers l'avant. Une voix hèle son nom. Comme c'est étrange. Depuis qu'elle est ici, personne n'a prononcé son ancien nom. Les indiens l'avaient rebaptisé Halona, petite chanceuse. En référence à son sauvetage à la rivière. Cette voix qui l'appelle, elle semble si familière et si lointaine à la fois. La curiosité de l'arabe est piquée, elle se remet debout sur ses jambes chancelantes en veillant à ne pas faire tomber le cataplasme que Hiamovi lui a posé sur le flancs et sort d'un pas lent à l'extérieur du tipi. L'odeur de la fumée lui pique les naseaux, elle pince le nez et plisse les yeux, aveuglée par la lumière du jour. Lorsqu'elle ré-ouvre les paupières, elle se retrouve face à un étalon isabelle. Ce pourrait-il que ça soit.. " ... Redjim ? " Ses yeux écarquillés trahissent sa surprise, mais elle se reprends bien vite. Elle pensait ne plus jamais le revoir. Ses sourcils se froncent légèrement mais elle ne laisse rien paraitre, ni joie, ni animosité. S'il s'attendait à des retrouvailles euphorique, il n'allait pas être servi. " Je me demandais quand est-ce que tu daignerais me revoir. " dit elle d'une voix neutre en panachant sa queue. Le regard porté sur le lointain. " Mais il semblerait que tu attendais que le destin te force la main. " souffle t elle d'un ton détaché. Fiona n'est pas stupide, elle sent sur la peau du mâle les senteurs de Luanera. Cela faisait sans-doute plusieurs mois qu'il était de retour ici, mais il semblerait qu'il n'ai pas eu le désir de l'en avertir. Fiona n'est pas déçue, les désillusions elle a l'habitude. Mais elle attend impatiemment de connaitre ses excuses.

Elle apparaît. Dans le moment de flottement où la surprise s'imprime sur les traits de Fiona, un sourire béat commence à naître sur les siens. Merde, il l'a trouvée ! : D La voilà émergeant du tipi comme d'une fleur géante... La voix de l'arabe douche aussitôt son humeur. Son ton neutre paraît glacé. Et pourtant... ne pouvait-il pas s'y attendre ? Redjim baisse doucement les yeux au sol, contrit. Il pourrait se défendre, mentir, prétendre, se chercher des excuses.
Il se déteste trop pour ça. He's not to be saved. He's not to be excused. (j'arrive pas à trouver un bon équivalent en français mdr - il ne doit pas être sauvé / il ne doit pas être excusé). Il mérite cet accueil glacé, et sans doute plus qu'elle ne croit.
Après un moment de silence, il dit :
-Je suis... désolé, Fiona. Si j'avais été honnête... Je t'aurais prévenue que je suis un sale type.
Il relève les yeux.
-Jsuis pas fiable. On peut pas compter sur moi. Jsuis un lâche.
Il rit, amer.
-Hooker le savait. Il a même été le premier à me diagnostiquer.

Il retient une blague. 'Si Hooker avait été un vrai pote pour toi, il t'aurait prévenue.' Mé bon. C'est pas le moment. Putain, il se sent con et triste. Il se racle la gorge, qui menace de se serrer.
-... J'aurai voulu être un type bien et m'occuper de toi comme tu le mérites.

Que dire de plus ? Il pourrait lui raconter en détail pourquoi il n'est pas revenu plus tôt, la manière dont il la considère, et puis comment il l'a cherchée, et tout ce qu'il a encore sur le coeur. Mais elle en a sûrement rien à foutre. Tout est sans doute détruit entre eux.
Lui, en tous cas, ne la mérite pas.

- HALONA (fiona) - La jument l'écoute, les oreilles pointées vers l'avant mais le regard ailleurs. Il tente de se justifier, en vain. Il s'excuse aussi. Mais pour Fiona, ses paroles glissent, comme de l'eau sur l'écaille d'un serpent ; impénétrable. Elle tourne la tête doucement pour croiser son regard, il semble tout piteux, tout désemparé et surtout malheureux. Est-ce une façade ? Un genre qu'il essaye de se donner ? Fiona n'en est pas certaine. Sa tristesse semble être réelle, et Fiona le croit, car elle sait qu'il n'a pas un mauvais fond. Il est juste un gars paumé. Fiona s'approche de lui lentement en soufflant. " Chuuut. " D'un geste doux, presque maternel, elle vient poser ses naseaux contre l'épaule de l'isabelle. Sa peau qui tressaille lorsqu'elle l'effleure. " Tu n'as pas besoin de te justifier. Je ne t'en veux pas. " dit elle avec sincérité en plongeant son regard dans le sien avec intensité. Fiona a passé le stade de la rancœur. Elle n'a plus envie de s'user la santé en éprouvant de la colère. Son coeur s'est effrité au fur et à mesure de ses échecs amoureux, elle voulait conservé le peu qui lui restait. " Je veux juste que tu sortes de ma vie. C'est tout. " Les paroles de la jument sont douces, on ne perçoit ni mesquinerie, ni animosité. Non. Fiona à toujours été sincère. En vérité, elle ne lui souhaite pas de mal. Non. Elle aimerait simplement reprendre le cour de sa vie. Et ne pas souffrir davantage. Elle a suffisamment donné.

Elle n'a pas l'air réceptive. Ça lui permet de ne pas mettre ses espoirs trop haut. Tant qu'elle ne se met pas à vociférer contre lui, il peut sans doute considérer s'en sortir à bon compte. Tant qu'elle ne le repousse pas... Fiona approche, le touche, et il tressaille, ébahi comme en enfant. Un réconfort traître l'embaume, et il fait l'erreur de soudain espérer. Il se plonge dans son regard, attendant le pardon, l'absolution.

Et puis il est douché de nouveau. Son coeur plonge d'un étage, désemparé. Et aussitôt, une certaine noirceur étreint sa poitrine. Une noirceur qui lui dit, "Tu as vu, tu as encore tout foiré. C'est normal, au fond. Tu mérites pas d'avoir des amis comme elle. Tu le sais, t'espérais quoi. Pourquoi tu n'irais pas sauter d'une falaise, pour de bon cette fois ?"

Après un moment de flottement il plante un regard sombre et dur sur elle.
-Je peux pas faire ça, dit-il.

- FIONA - Lorsque la sentence tombe, Fiona se détourne lentement pour prendre un peu de distance et lui laisser le temps de digérer l'information. Elle ne connait pas sa réaction. Sera-t-il triste ? en colère ? Il est tellement imprévisible... La brune arrondit ses naseaux légèrement pour capter l'odeur des plantes médicinales et courbe l'encolure pour replacer correctement le cataplasme qui s'est un peu décollé. Après quelques secondes de silence, l'étalon rouvre la bouche pour articuler difficilement : Je ne peux pas faire ça. Fiona s'immobilise dans son geste mais n'ose pas relever le regard vers lui. La voix du mâle semble crispée, et Fiona à l'impression de ressentir un regard sévère brûler l'arrière de sa nuque. Gorge serrée, la jument redresse doucement la tête pour croiser son regard, il est sombre comme la nuit. Cette noirceur la terrifie, elle ne montre rien mais son rythme cardiaque s'accélère un peu d'inquiétude. Fiona ne peut le nier, elle ressent toujours des sentiments pour lui, une profonde attraction, mais elle s'efforce d'y résister. Elle est convaincu que cette relation ne lui apportera plus que tristesse et désillusion. " Si tu ne le fais pas pour toi... alors fais le pour moi. S'il te plait. " souffle t elle tristement en détournant le regard à nouveau pour qu'il ne discerne par les perles salées qui s'immisce dans ses iris.

Suivant ses gestes, il baisse les yeux sur son cataplasme, et une inquiétude le prend. Depuis le début Fiona est si calme, comme faisant partie intégrante du lieu. Elle n'a aucune entrave. C'est pas bon... C'est pas bon du tout. Il relève nerveusement les yeux, tire sur sa corde pour s'approcher d'elle mais il est déjà au plus loin qu'il peut.

-Mais c'est pour toi que je ne le fais pas ! Que je... le fais, que... ? Bref, c'est pour toi que je suis là ! s'emporte-t-il un peu parce qu'il s'est emmêlé les pinceaux lol.

- FIONA - La jument reste immobile, queue légèrement panachée. Il l'a déshabille du regard et elle se laisse faire, vient-il seulement de remarquer son cataplasme ? Fiona soupire légèrement, réellement attristée. Redjim s'excite, tire sur sa longe et piétine le sol. Ses paroles sont de plus en plus embrouillées, il cherche ses mots et se mélange. Ce détail faisait toujours craquer Fiona autrefois. Elle esquisse un fin sourire qu'elle s'empresse de cacher sous ses crins noirs. " Pourquoi n'es-tu pas venu me voir à l'Erg ? " demande t elle, d'une voix posée. Elle pointe ses oreilles dans sa direction, en attente de réponses. Ne me ment pas Redjim, je sais que tu es de retour depuis bien plus longtemps que tu ne le laisse sous-entendre.

Il agite une oreille, incrédule et agacé.
-Bien sûr que je suis venu. C'est la première chose que j'ai fait, venir au volcan pour trouver Bryséis, Hooker, mes neveux et toi. T'avais déjà disparue. J'ai dis aux autres que j'allais te chercher. Je devais aussi retrouver Ceresia mais je n'ai trouvé ni ma fille ni toi... Et comme j'avais repéré les humains en arrivant, je suis venu voir si t'avais pas été prise. Tu comprends ?? Je suis venu te sauver !

- FIONA - La jument redresse un sourcil, presque imperceptiblement. " Comme tu le vois, je n'ai pas besoin d'être sauvée. " souffle t elle en s'ébrouant pour lui faire remarquer qu'elle ne porte ni licol, ni cordelette. Fiona fait un arc de cercle devant lui pour venir se positionner de profil. " Quelles sont les missions qui t'ont retenu si longtemps ? " demande t elle avec patience même si sa queue commence à battre ses flancs de manière saccadée.

Oui, c'est bon, il a remarqué ! Et c'est bien ça le problème ! L'étalon gratte le sol, frustré de ne pouvoir s'approcher d'elle. Elle qui se pavane en toute humilité, sublime, noble.
-Bien sûr que si ! Tu connais pas les hommes, Fiona, moi oui, et il faut qu'on s'en aille. Tu sais pas de quoi ils sont capables...
Il fouette son flanc de sa queue aussi, ignorant sa question, le regard suppliant.

- FIONA - La jument serre la mâchoire, imperceptiblement. Elle est mécontente qu'il élude sa question en prétextant savoir mieux qu'elle ce que font les hommes. Fiona fronce les sourcils légèrement. " Je n'ai pas envie de partir. " dit elle en détournant le regard, elle se dérobe une nouvelle fois, et joue l'indifférente. " Et même si je le voulais, je ne le pourrais pas. " répondit elle d'une voix égale, bien que tintée d'un ton un peu triste. " Si je pars, je suis condamnée. "

-Hein ?
Il ne comprend pas. Qui voudrait rester avec les hommes... ? Tss. Si, en fait, il comprend. Lui-même avait désiré rester auprès d'eux, la première fois. Il s'était réfugié chez eux, protégé d'un monde qu'il haïssait. Mais justement, c'était ça le truc. Il n'avait accepté le monde des hommes, il n'avait accepté les pires traumatismes de sa vie, que parce qu'il détestait le monde extérieur encore plus.
Or Fiona n'est pas comme lui. Elle est lumineuse, optimiste, généreuse et volontaire... Elle ne mérite pas les traumatismes que les hommes ne tarderont pas à lui infliger.
-Comment ça ? C'est si tu restes que tu es condamnée. J'ai vécu chez les hommes, tu sais ? Je sais de quoi ils sont capables. Je te raconterai tout, je t'expliquerai tout, et même pourquoi je suis parti, je te le promets. Et je voudrai que tu me racontes ce que tu as fait tout ce temps toi aussi, comment tu vas, pourquoi tu as besoin d'un cataplasme, et même comment tu as été capturée. Mais il faut s'abord s'enfuir, je t'en supplie. Tiens, regarde...
Il baisse les yeux sur sa corde.
-Si tu m'aides à défaire ça, peut-être que...

- FIONA - La jument l'observe du coin de l'oeil sans s'approcher. Elle ressent une multitude de sentiments contradictoire à son égard. De la sympathie, de la rancoeur, de l'affection mais aussi de la colère. Fiona bascule d'une jambe sur l'autre, indécise. Elle plante sur lui son regard noisette, toujours aussi doux. Elle ne sait pas s'en défaire même quand elle est en colère. Oh que oui, elle va lui compter son histoire, mais elle préfère que ce soit lui qui commence, car lorsqu'elle aura parlé, la discution ne tournera plus qu'autour d'elle, elle le sait. Elle s'approche de quelques pas et effleure la corde qui entrave l'étalon avec ses naseaux. Un peu provocatrice la demoiselle. " Commences. Ensuite je te raconterais tout ce qui s'est passé. Et peut-être qu'ensuite, je te libèrerais. "