Quand la vie devient un combat //F//

C'est en se plongeant dans ce regard qu'il se persuade encore une fois qu'il ne la mérite pas. Et qu'elle mérite tellement mieux que lui. Oui, il a eu raison de partir... n'est-ce pas... ? Une décharge le traverse quand elle s'approche enfin, tant il voudrait la toucher. Ses naseaux frémissent mais il se retient. Il voudrait insister, qu'ils se hâtent, car il ne sait pas pourquoi il a été amené dans cette partie précise du camp mais un humain va sans doute vite revenir. Or... il sait qu'il n'arrivera pas à convaincre davantage cette têtue de Fiona Il sourit brièvement car c'est déjà quelque chose qu'elle veuille dialoguer et envisage de partir avec lui (il a compris ça lui ).
Il aurait préféré un autre cadre pour lui avouer ce qu'il a à avouer. Il aurait préféré avoir du temps, moins de sources de stress. Tant pis. Ici où ailleurs les mots auront le même impact, sans doute... Il se racle la gorge, comme toujours quand il est gêné par ce qu'il s'apprête à dire.

-Oublions les hommes pour l'instant. Je sais que je te dois surtout des excuses pour t'avoir laissée en plan. J'avais dit que je partais faire quelque chose et que je reviendrai vite. Au début, c'était vraiment ça, enfin je le croyais. Je suis retourné sur les anciennes terres, sur les sépultures de Céleste et de mon père.

Il a du mal à croiser son regard en continue, et relève les eux sur elle en mentionnant ses morts. Il se concentre pour que sa gorge ne se serre pas. Il a pu tourner la page pour tout le monde, Céleste, même Lövojka, mais il aura toujours du mal à vivre sans Oroszlàn.

-Et puis en fait, heu... Je me suis rendu compte que j'avais pas très envie de revenir. Je... J'avais senti que je te plaisais beaucoup, enfin, toi aussi tu me plaîs beaucoup, mais heu, que tu attendais trop de moi par rapport à ce que je peux te donner.

Il lui lance un regard désolé.

-Je suis pas très apte de base à... à vivre l'amour, jveux dire à vivre une histoire d'amour, à tomber amoureux. J'y arrive pas.

Il y arrive plus car il se déteste trop pour ça. Et parce qu'il s'est trop brûlé le coeur à aimer les autres.

-Et puis avec toi je me projette pas. T'es tellement mieux que moi Fiona, tu mérites tellement mieux, t'aurais rien à faire avec un type comme moi. Je t'adore en amie, je t'adore en plus-qu'une-amie, et jsuis putain de désolé de t'avoir blessée et d'avoir tout foiré. Ça m'a fait flipper que tu t'attaches, et j'ai préféré fuir que de t'en parler, c'est ça la vérité.

Cette fois, il a soutenu son regard, intensément.

-Mais heu, jte rassure, y'avait pas que toi. Y'avait aussi tout mes nouveaux neveux et nièces, petit-fils, tout le monde semblait compter sur moi pour être une sorte de figure paternelle ou papiternelle ou jsais pas quoi, ça me faisait flipper. Enfin bref... Une belle démonstration de lâcheté, conclut-il en triturant le sable d'un sabot, regard baissé.

- FIONA - La jument l'écoute sans rien laisser paraitre, imperturbable. Seules ses oreilles frémissent de temps en temps. Redjim finit son discours en baissant la tête, tout piteux. Il semble s'en vouloir terriblement. Fiona s'approche à nouveau et baisse la tête pour se mettre à sa hauteur. " Je ne t'en veux pas Redjim... " murmure t elle, le coeur aux bords des lèvres. Elle colle son museau au sien avec douceur, et ressent un courant d'électricité passer. Son coeur s'emballe pendant une fraction de secondes. Elle inspire à fond pour calmer les battements. D'un geste doux, presque maternel, elle passe ses naseaux sous les siens pour lui remonter la tête et l'inviter à reprendre une posture correcte. Elle n'aime pas le voir mal, c'est plus fort qu'elle.

Fiona ne peut pas lui en vouloir d'avoir voulu retourner sur la tombe de ses proches, et de fuir ses problèmes. Il faut dire que tout à été très vite entre eux. Peut-être un peu trop vite en faites. En amour, Fiona faisait toujours dans la démesure. Peut-être l'avait-elle effrayé ? Elle vient coller son front au sien, appréciant ce contact fraichement retrouvé. Elle avait beau se faire violence pour ne pas succomber, comment résister devant une pomme aussi délicieuse à croquer ? Elle respire son parfum, plusieurs fois avant de se reculer à nouveau, presque tristement. " Si je ne veux pas te suivre. Ce n'est pas parce que je ne le veux pas. C'est parce que je ne le peux pas. " rectifie t elle en baissant les oreilles, une lueur triste s'immisce dans ses yeux noisettes. Elle tente de la cacher derrière son toupet ébène. " Il c'est passé ... des choses... pendant ton absence. " Fiona relève son regard vers lui, il est temps de lui dire la vérité, aussi difficile soit-elle. " Peu de temps après ton départ... j'ai été violée. " explique t elle d'une voix monotone, comme si toute forme de vie avait quitté son âme. " Par Xander. "

Le contact de Fiona est un beaume. La décharge lui va droit au coeur et il redresse la tête, ressentant un immense soulagement. Certes elle lui a déjà dit qu'elle ne lui en voulait pas, mais sa douceur l'en convainc pleinement, et fait sauter son barrage émotionnel. Il la regarde, ferme les yeux, et frotte doucement sa tête contre elle. Et puis, il est rassuré pour elle, il est rassuré qu'elle semble aller bien.

Enfin, ça, c'est avant qu'elle ne lui annonce sa vérité à elle. Un frisson désagréable lui redresse la tête et il se tend, choqué. Il la dévisage, incrédule, et pourtant il n'a aucune raison de croire que ce qu'elle dit est faux. Ce monde est si laid. Tout le monde souffre tellement, tout le temps. Il pourrait s'énerver, rugir, cracher que le monde est injuste, appeler à la vengeance, maudir le coupable. Mais il ne croit plus en tout ça ; le mal n'existe pas, pas plus que le bien. Il n'y a rien à corriger dans ce monde. Ce qui arrive arrive, et chacun doit souffrir avec la marche du monde, tout comme il faut savoir attraper les bons moments en vol. Et les traumatismes s'incrustent dans nos chairs, et ils vivent avec nous jusqu'à la fin.

Sa gorge se serre, et il s'avance pour l'enlacer. La corde est trop courte, il ne peut que l'effleurer. Il se heurte à la distance en un souffle, haletant. Il serre les paupières, secoue lentement la tête, la regarde.
-Je suis désolé Fiona... Je suis désolé.

Désolé pour elle. Désolé de pas avoir été là ?
Il ne voit pas le rapport avec son incapacité à quitter ls lieux, mais à vrai dire, il est trop soufflé pour y penser tout de suite.

- FIONA - La jument laisse quelques secondes à l'étalon pour digérer la nouvelle. L'histoire n'est pas finie. Il lui reste à annoncer la triste nouvelle. Celle qui changera sa vie à jamais. Leurs vies. " La grossesse s'est mal passée... et le petit est mort quand je l'ai mis au monde. " Fiona sent une larme glisser le long de son chanfrein, suivi d'une autre, puis d'une autre... " Suite à ça, je suis tombée malade. Gravement. J'ai eu des douleurs au ventre qu'aucune plante sauvage ne pouvait apaiser. " Et pourtant, en plantes, Fiona s'y connait. Elle est guérisseuse. Pourtant, après avoir testé une multitude de combinaisons, le mal s'est révélé être plus fort que tout. " Une indienne m'a trouvé alors que j'étais presque mourante, allongée au bord de la rivière. Elle m'a ramené au campement, et ils m'ont soigné. " Fiona inspire à fond, pour reprendre contenance. Elle essuie machinalement ses yeux sur son antérieur avant de venir les loger dans les pupilles noires du mâle. " Le vieil indien m'a sauvé. Je dois prendre un remède tout les jours sinon ma santé se détériore... et ce traitement... il n'existe pas sur Luanera. " C'est un traitement créé à base de pierres minérales que seul les humains peuvent façonner. La jument s'approche à nouveau, à un souffle de lui. " Si je quitte ces hommes, je suis condamnée. " souffle t elle en venant se blottir contre lui pour l'enlacer puissamment. Ses naseaux courent dans son cou pour venir se loger sous sa crinière épaisse. Des larmes dégringolent de ses joues, comme un torrent inépuisable.

Merde. Elle était en chaleur ? Il essaie d'intégrer les infos, de réfléchir, et il lui semble tituber dans un paysage brumeux. Xander. Descendant des Étoiles, des Étoiles Noires Leonfrost, ce putain de sang de merde qui rend fou tous ceux aux tempes desquels il bat. Löv lui en avait parlé. Lui aussi. Il pensait pas que... Que quoi ? Que ça aurait des conséquences si dramatiques ? C'est surtout qu'il en avait rien à foutre ouais. Plus envie de se mouiller dans ce genre de problèmes. Chacun sa merde, et tant pis si la folie gagne. Tant pis si la folie gagne...

Il comprend enfin, le cataplasme, la résignation triste dans les yeux de Fiona, sa liberté dans le campement. Le vide de son coeur... Le sien se serre, parce qu'il entrevoit tout la tristesse de Fiona, et que c'est terrible. Ça devrait pas être pour elle, toute cette merde. C'est pas comme ça qu'elle devrait finir sa vie.

Elle se blottit contre lui et il l'enlace enfin, le souffle bloqué. Il n'y a rien à dire. Il la serre fort, longuement, et ne semble pas vouloir la relâcher un jour. Il sent les larmes de Fiona baigner son encolure. Et il se demande si les siennes se décideront à couler.
Il réfléchit, s'ancrant dans l'étreinte de la douce. Que pourrait-il faire pour elle ? Ne peut-il être qu'une épaule pour pleurer ?

- FIONA - La jument met de longues secondes à sécher ses pleurs. Peut-être cherche t elle à se trouver une excuse pour rester auprès de l'étalon un peu plus longtemps ? Ses naseaux s'enfoncent dans les crins noirs de l'isabelle, elle inspire son parfum, un doux souvenir fraîchement retrouvé. D'un pas lent, elle se recule mais garde sa poitrine collée contre son torse. " Qu'est ce que je dois faire d'après toi ? " Une vie longue et paisible chez les hommes, ou une vie courte et douloureuse à l'état sauvage. Dur dilemme. Jusqu'à présent, elle c'était résignée à vivre ici. Mais ça, c'était avant de le revoir.

Finies, les suppliques pour qu'elle s'enfuie avec lui, l'insistance, l'urgence. Reste un gouffre, infranchissable, une solution à trouver qui n'existe peut-être pas. Redjim fixe le vide, puis croise le regard de Fiona quand elle s'écarte.
-Je... sais pas.
Ok super utile merci Il sourit tristement.
-Tu sais, je voulais pas que tu restes ici parce que... Je voulais pas que tu te fasses, heum, violer, justement. Mais peut-être que... Tu es hors de danger, vu ton état.
Il se mord la lèvre, réfléchissant, hésitant.
-Est-ce que tu es heureuse ici ? Est-ce que tu t'imagines être heureuse si tu restes ?

- FIONA - La jument soupire tristement, un peu fatiguée par cette situation. Elle seule doit prendre la décision. Et malheureusement, il n'y a pas de bonne issue. Juste une moins mauvaise, peut-être. " Je ne sais pas... " Au fond elle n'était pas mal ici. Elle arriverait à s'adapter. Mais une chose taraudait son petit coeur fragile. " Mon seul regret serait de devoir dire adieu à mes proches, à mes amis... et surtout à mes enfants. " Même si ils étaient grands maintenant, elle ne pouvait se résigner à imaginer sa vie loin d'eux.

Il baisse les yeux, pensif. Si c'était un mec bien, il lui proposerait de rester ici avec elle. Il se méfie des humains mais ceux-ci semblent différents de ceux de la dernière fois. Ils laissent Fiona en liberté, utilisent une médecine différente, ne mettent pas de selle aux chevaux pour monter dessus... Bref, vraiment différents. Peut-être la vie est-elle vraiment appréciable avec eux.
Et puis c'est pas comme si Redjim avait une vie sociale d'importance hors d'ici. Ne lui restent que ses 2 filles, très indépendantes, et un petits-fils et des neveux et nièces qu'il connaît à peine.
Pourtant, égoistement, il n'a pas envie de rester. Peut-être parce qu'il a simplement envie de rester nulle part. Parce qu'il fui l'engagement. Parce qu'il songe toujours qu'il serait mieux mort.

-Il faut dire adieu un jour ou l'autre, de toutes façons, lâche-t-il à mi-voix.
Merde. Il a pas de meilleure réponse à lui apporter.

- FIONA - La jument est assez dérouté par sa réponse. Ou plutôt par sa réaction en générale. Elle savait que c'était un manchot en sentiments, mais là... Elle est un peu déçue à vrai dire. Il semble à peine peiné alors qu'elle vient de lui confier que son espérance de vie était considérablement réduite. Une multitude de questions l'assaillent, pourquoi avoir pris tant de risque pour la retrouver ? Surtout pour montrer aussi peu d'intérêt en son devenir. Sa dernière phrase est sans doute la phrase de trop. La jument se recule, visiblement blessée par ce manque de compassion. Jusqu'à présent elle lui avait pardonné sa gaucherie, mais là elle n'arrivait plus à faire semblant. " Tu t'en fiches, pas vrai ? " soupire t elle tristement. Ses larmes ont cessés de couler.

Surpris, il redresse la tête.
-Mais non !
Mince. Il se rend compte de sa relative froideur. Et en même temps, il est comme ça. Ça fait quelques années qu'il est comme ça. Il a appris à ne plus réagir aux drames de la vie. Quand toute ta famille meurt, quand le reste est fou, quand ta soeur baise avec ton frère puis tente de tuer leur enfant, quand tous tes amis se sont fait violer, tabasser, trahir, assassiner... Reste-t-il encore de l'indignation dans un recoin de son âme ? Il a du mal à la trouver. Il a tout abandonné. Il n'attend plus que la mort. Alors, voilà, c'est pas un dépressif comme lui qui va sortir une banalité optimiste pour encourager son amie mourrante. Red sent son coeur vaciller, ses lèvres trembler. C'est soudain et il le réfrène aussitôt. C'est lui qu'est censé aider Fiona, il va pas se mettre à chialer.
-Excuse-moi. Ya juste pas de mots. Tu viens de m'apprendre que tu vas mourrir, dans la souffrance possiblement. On est vieux, la vie est merdique et injuste, toi et moi on n'a pas d'avenir ni ici ni ailleurs. Merde, Fiona. C'est pas que j'en ai rien à foutre de toi, c'est qu'on est impuissants, j'ai pas d'idées, et j'ai pas de... de force à te transmettre. Si j'étais magicien je te soignerais et je te sortirais de là. Malheureusement je suis juste moi, et j'ai aucune idée de ce que je peux faire pour toi. Enfin, j'ai des idées de merde, plutôt. Écoute ça : voler le stock de médicaments et partir avec. S'enfuir d'ici et te droguer jusqu'aux yeux pour que tu souffres pas sur la fin de ta vie. T'emmener avec moi au bord d'une falaise et mettre fin à tout ça.

Il cligne des yeux, légèrement fievreux. Il s'est un peu emporté.

- FIONA - La jument l'écoute attentivement, sans remuer une oreille. La voix cassante de l'étalon semble la gifler en plein visage, elle encaisse sans bouger. Douloureusement. Ses paroles sont vrais. Ce qu'il dit n'est pas erroné. Elle va mourir. Et lui aussi un jour. Mais est-ce une raison suffisante pour arrêter d'espérer ? " Redjim.. " murmure t elle d'une voix brisée. Son cœur est en miettes. " Je ne te demandais pas de remuer ciel et terre pour me soigner. Je te demandais juste... " sa voix se brise dans un sanglot, elle relève les yeux, humides et peinés. " ... un peu de soutien. C'est tout. " Fiona ne cherchait qu'une oreille attentive pour l'écouter. Une épaule pour la soutenir. Des caresses rassurantes pour essuyer ses larmes. Elle ne voulait pas guérir. Elle voulait juste être soutenue. La jument s'approche, et d'un geste symbolique, elle détache la corde qui entrave l'étalon. Comme elle lui avait promis. Il est libre. Puis elle se retourne, d'un pas lent et résigné, son encolure rase le sol. Elle jette un regard en arrière, vers Redjim, une dernière fois. " Aurevoir Redjim. " souffle t elle tristement, avant de retourner dans le tipi sans se retourner. Le drap du tipi glisse sur son dos pour venir se fermer derrière elle. Adieu Redjim.

Out

roooh jsuis si triste pour Fiona, elle a tellement pas de chance Elle est vraiment mal tombée avec Redjim x') Tu vas faire quoi avec elle ??


Il reste immobile, cloué sur place. Sidéré. Ça ressemble à un au revoir définitif. Un abandon. Ça y est, c'est fini... ? Un peu de soutien... Une chose facile à donner. Un chose simple, réconfortante, à priori à la portée de tout le monde. Bien sûr qu'elle voulait juste du réconfort. Et lui n'a même pas réussi à le lui fournir. Putain... C'est bien qu'il ne la méritait pas. Qu'elle mérite mieux que lui. Il aimerait croire qu'ici elle trouvera ce 'mieux'. Si ça se trouve, elle trouvera l'amour ici ? Oh, il aimerait le croire. Pour se sentir moins coupable. Moins au fond du gouffre, moins comme une grosse merde. Moins désolé... Le goût de l'échec tournoie dans son esprit. Il tressaille quand il remarque l'humain qui revient, chargé de matériel qu'il ne connait pas. Redjim réalise enfin qu'il est libre, mais il n'a même plus le goût de s'échapper. Trop tard, l'indien l'approche doucement pour lui remettre la corde. Red est tellement surpris par sa douceur et toujours sous le choc qu'il se laisse faire. De toutes façons, il n'a plus le goût de rien. Vivre, mourir, être libre ou emprisonné... Il jette un long regard sur le tipi. Les voilà seuls, chacun de leur côté. Quelle terrible fin de l'histoire.

L'humain entraîne l'étalon pour l'attachr un peu plus loin, et entreprend de poser un cataplasme sur son genou abîmé.