don't hurt

Elle n'avait pas eu le choix. C'était soit elle restait sagement dans son enclos pendant que Boréale souffrait et perdait la vie - condamnant au passage sa petite sœur - soit elle traversait la barrière pour rejoindre sa mère et ainsi sauver sa petite sœur. Elle n'avait pas eu le choix. Elle était la seule à pouvoir se glisser dans un si petit espace. Alors elle l'avait fait. Elle avait traversé la barrière. Et tant pis pour les dommages qu'elle infligeait à son corps.
La silver arque son encolure quand il se met à lui tourner autour. Il veut se bastonner ou quoi ? Parce que si c'est le cas, elle n'a rien contre. Au contraire, elle rêve de pouvoir décharger toute cette mauvaise énergie qui sommeille en elle. Lorsqu'il s'arrête enfin, elle fait claquer ses dents tout près de son visage. Il l'électrise. Il réveille ses plus bas instincts, ceux qu'elle s'efforce de maîtriser depuis son plus jeune âge. Dans son regard dépareillé brille des flammes incandescentes.
- Mais qu'est-ce qui te fais croire qu'ils nous monteront dehors ? Ils ont déjà des chevaux-esclaves pour ça, raille-t-elle.
Hirondelle ne voit pas pourquoi il serait plus aisé de s'enfuir une fois dehors - mais avec tout le matériel sur le dos - plutôt qu'en dégageant le prochain humain qui tentera d'ouvrir la porte de leur enclos.
- Sinon on les bute dès qu'ils entrent dans l'enclos ? A deux ça devrait être facile non ? ¬¬
Bon d'accord, ce n'était sans doute pas l'idée du siècle mais elle avait vraiment envie de sang, là maintenant.

Si seulement elle avait une once de prudence en elle, peut-être bien qu'elle s'inquiéterait d'être coincée ici avec ce mec étrange. Mais le soucis, c'est qu'elle n'en a pas ; elle est clairement dépourvue de ce qu'on appelle l'instinct de survie . Ou peut-être qu'elle en a tout de même un. Mais dans tous les cas, elle ne l'écoute pas souvent. Donc autant dire que c'est comme s'il n'existait pas.
D'ailleurs, il n'y a pas que son instinct qu'elle snobe. Faut dire qu'elle a toujours été d'une nature distraite, surtout lorsque ça ne l'intéressait pas réellement. Elle écoute malgré tout bien assez pour comprendre et enregistrer ce qu'il lui raconte. Pauvre choubidou, on essaye de lui grimper dessus.
Son regard glisse vers son postérieur blessé. Une bête entorse. Elle se soignera seule. Pas besoin de s'inquiéter, bien que ce soit handicapant. Elle ne peut pas le nier.
- Je n'ai pas le choix il me semble... Rétorque-t-elle en levant les yeux au ciel. Ce n'est pas une ridicule petite blessure qui va m'arrêter, déclare-t-elle avec assurance en plantant ses prunelles dans les siennes, presque avec violence.
Elle n'est pas qu'une pauvre petite chose blessée. Il faut qu'il le comprenne.

Hirondelle frissonne. Autant pour le contact électrisant de leur corps blottis l'un contre l'autre que pour sa voix suave qui la caresse avec volupté. Ses oreilles se couchent contre sa nuque. Elle n'aime pas l'idée qu'il ait un tel pouvoir sur elle. Enfin qu'importe. Bientôt, elle sera à des kilomètres de lui. Elle sera de retour chez elle. Sur l'île.
Sans mot dire, elle le laisse s'éloigner. Elle en soupirerait presque d'aise tant il l'oppresse lorsqu'il se trouve à ses côtés. Lentement, ses oreilles se redressent et d'un pas léger bien qu'encore claudiquant, elle le rejoint. Son regard dépareillé glisse sur lui, puis sur la porte. Si elle est prête ? A quoi ? Son regard devient sceptique. Que fait-il à se tordre dans tous les sens ? Le tintement qui résonne à ses oreilles l'intrigue ; est-ce qu'il vient réellement d'ouvrir la porte ? Prudemment, elle s'approche de la barrière et jette un rapide coup d'œil au campement. Ca a l'air calme. Assez pour lui donner envie de tenter sa chance.
- Peureux va, se contente-t-elle de lui glisser à l'oreille en guise d'adieu avant de se faufiler hors de la pâture.
Maintenant il faut qu'elle trouve la pâture où est Foudre pour la libérer et quitter au plus vite cet endroit.

( Bon je ne lance pas le dé évasion parce que mon but n'est pas de la faire fuir ahah )

Le regard dépareillé d'Hirondelle cherche sans relâche la silhouette sombre de Foudre. Elle est d'ailleurs tellement concentrée dans sa tâche qu'elle ne prête même plus attention à l'étalon. La silver s'arrête brusquement lorsu'elle arrive devant le corral et elle serre les dents. Elle revoit le corps de Boréale, étendu dans le sable crème parsemé de rouge. Elle se déconnecte de la réalité et ne réalise qu'à peine que des indiens viennent de la rejoindre. Ils l'encerclent rapidement pour l'empêcher de fuir et c'est uniquement lorsqu'elle sent une corde glisser le long de son encolure qu'elle revient à elle. D'un geste brusque, elle bondit vers l'avant mais la corde se resserre et l'étrangle, l'obligeant à s'immobiliser. Et finalement, en à peine dix minutes, elle est de retour dans l'enclos. Oreilles en arrière, elle fixe l'indien qui consolide l'ouverture de l'enclos. Pfff, comme si elle allait s'y risquer de nouveau.

Hirondelle ne bouge pas. Elle reste face à l'entrée de la pâture et fixe l'indien qui s'éloigne. Elle les déteste, tous autant qu'ils sont. Son oreille s'oriente vers Raziel, lorsque sa voix perce le silence. Elle reste pourtant dos à lui et ne daigne même pas lui jeter un regard. Ce serait lui accorder bien plus d'importance que ce qu'il mérite.
- Ta gueule, gronde-t-elle.
Il l'agace. Lui aussi, elle le déteste. Et elle n'a clairement pas la patience de supporter ses railleries.

Un soupir désespéré lui échappe lorsqu'elle l'entend ricaner comme une hyène dans son dos. Oui, elle est vexée et oui, elle se sent profondément honteuse d'avoir être si stupide et naïve. Mais bon, elle s'en remettra. Et puis c'est avec les erreurs qu'on fait qu'on se forge.
Lorsqu'il revient vers elle, Hirondelle lève son postérieur pour lui signifier qu'elle n'a pas envie de jouer avec lui et que s'il continue à la chercher, ça va clairement partir en baston. Oui, même si elle est blessée. Elle n'a pas peur de se blesser davantage.
- C'est pas comme si y'avait tout un tas de choses plus intéressantes à faire ici, râle-t-elle en avançant d'un pas pour presser son poitrail contre la barrière.
Il n'y a pas un indien dans le coin pour la faire sortir d'ici par hasard ? Elle est carrément opé pour aller travailler s'il le faut. ¬¬

Le seul signe qui démontre qu'elle l'écoute, c'est son oreille tournée vers lui. Je ne mérite même pas une once d'intérêt de ta part. Ses mots résonnent en elle. Avec une puissance insoupçonnée. Peut-être. C'est seulement lorsqu'il s'éloigne que son regard glisse sur lui. Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis. C'est un peu le principe fondamental d'Hirondelle. Le jeu du prédateur et de la proie. Un cadeau que lui a légué son père. Si on peut dire ça.
Hirondelle reste quelques minutes devant la barrière avant d'abandonner. Elle sait qu'il a raison. Pourtant, elle n'a pas spécialement envie de lui donner raison. Mais, éloignée de Foudre, elle se sent perdue. Et, pour une fois, elle ressent le besoin d'être accompagnée. Peut-être parce qu'ici, elle ne connait rien. Et elle a vécu déjà tant de bouleversements depuis qu'elle est retenue prisonnière ici... Qu'elle n'a pas envie de rester seule. A pas de loup, elle le rejoint enfin.
- Comment tu as fait pour finir ici ? Demande-t-elle sans réelle curiosité.
Elle veut simplement passer le temps.