Les plaies du guerrier.

Cela faisait quelques jours déjà qu'elle avait quitté son corps de yearling pour prendre celui de jeune adulte. Elle s'y était rapidement faite, malgré la nostalgie qui ne lui laissait aucun répis. La voix qui régnait dans son esprit était certainement partie en voyage car cela faisait plusieurs semaines déjà qu'elle ne l'avait pas entendue. Elle espérait qu'elle soit partie pour de bon, mais trop d'espoir n'est pas bon et aujourd'hui, elle ne voulait en aucun cas que la déprime la possède à nouveau.

Des traces de sang avaient été dessinées sur le chemin menant au ruisseau. Leur odeur informa qu'elles appartenaient à un cheval. Maeva avait été guidée par ces traces dans l'idée de savoir qui avait laissé traîner ceci. On ne peut pas vraiment dire si elle cherchait une quelconque compagnie, mais actuellement, elle se sentait aimable. Son regard se fit guider par la lueur du ruisseau. Magnifique était-il, Maeva ne tarda pas à le rejoindre.

Enfin, elle parvint à voir celui qui formait sa quête, un étalon palomino qui baignait ses blessures dans l'eau. Elle fit un pas vers lui, mais elle s'abstenait de le déranger. Se demandant pourquoi faisait-il cela, Maeva attendit patiemment.

Silencieuse demeura-t-elle. Son regard ambré ne se lassa pas de son image, observateur. La légende de ce ruisseau était à la connaissance de la jument baie qui comprit les intentions de ce cheval à la robe dorée qui maintenait son corps dans ce liquide pour le soigner de ses blessures.

Le déranger était quelque chose qui ne traversa pas l'esprit de Maeva. Elle préféra attendre que ce dernier aboutit à son objectif avant de tenter quoi que cela soit. Néanmoins, ses prunelles noisettes ne quittèrent pas cet étalon, comme s'ils étaient attachés par des chaînes imaginaires.
L'inconnu quitta le ruisseau, et le regard de Maeva fut guidé par son mouvement. Il se dirigeait vers elle et la méfiance commençait à grimper à l'intérieur d'elle. Cette méfiance, elle la devait à cette voix qui habitait son esprit et se manifestait de temps à autre. Depuis, la jument n'arrivait plus à vivre normalement.

Apercevant un semblable sourire sur les lèvres de l'étalon, Maeva sentit que la méfiance diminuait. On pouvait voir ses traits se décrispaient et un sourire embellissant ses lèvres brunes. Elle termina le reste de distance qui la séparait de cet étalon pour entamer une quelconque conversation.

« Bonjour. »

Lâcha-t-elle à la suite de la salutation de l'étalon.

Les minutes avancèrent et son sourire avait quitté la place, comme lassé de vivre sur de telles lèvres plus longtemps. Ses prunelles noisettes ne lâchèrent pas l'étalon. Elle voulait en apprendre plus sur ce personnage mystérieux.

Cet étalon avait quelque chose, mais Maeva n'arrivait pas à déceler ce qui se cachait derrière cette carrosserie dorée. Malgré la motivation de tout découvrir, elle ne parvint pas à son but final. Bien sûr, elle pouvait continuer sa recherche mais cela ne servirait à rien. Elle savait que de simples regards en sa direction ne mèneront pas à le connaître mieux.
Débuter une conversation ; demander des choses sur sa vie ; parler ! La Baie pouvait agir ainsi, cependant elle gardait un certain mutisme comme s'il lui était difficile de s'exprimer, comme si sa gorge souffrait à chaque fois qu'elle daigne prononcer un mot. Mais cela était un mal imaginaire, car de parler n'engendrait aucuns maux physiques pour Maeva.

Elle se retrouvait dans un moment de faiblesse et il ne fallait pas. Les portes étaient grandes ouvertes et voici qu'à nouveau son esprit fut tourmenté par un démon. Cette voix qu'elle faisait tout pour la détruire mais qu'elle ne parvenait point à aboutir à ses fins.

« Jayan ; ça te dit qu'on fasse comme tout le monde en parlant jusqu'à la tombée de la nuit... »

Le seul moyen pour ne pas qu'elle se retrouve seule face à ses pensée, donc à cette voix indésirable qui hantait son esprit.