Désespoir. Horreur. Tristesse. |C|

Il n'avait pas tiqué la première fois, mais là tout sonnait plus clair. Hana, bien sûr ! « Oui ! je connais votre fille, la petite Hana. C'est une amie qui m'est chère. » fit-il. Il se trouvait être beaucoup plus soutenu et soucieux de ce qu'il pouvait raconter en compagnie de cette jument à l'apparence raffinée. Il n'avait pas trop envie de paraître débile face à elle, bien que ce soit probablement ce qu'il était. « On peut apprendre ensemble.. » proposa-t-il, avec un petit espoir.

La surprise qu'elle eut en entendant les paroles d'Hekme la réjouissait tellement qu'elle bondit vers le grand noir en larme pour le serrer contre elle, si quelqu'un avait touché à sa fille... Son monde s'écroulerait maintenant. « Merci mon dieu. » souffla-t-elle, en pleurant de joie. Puis, elle eut les yeux ronds lorsque le mâle lui proposa d'apprendre à combattre et incertaine, la blanche sourit faiblement. « Je n'aime pas me battre. Ce n'est pas moi. Mais, je récupérerai mon fils, s'il le faut... Je me sacrifierai pour l'avoir de nouveaux à mes côtés. » Cette lueur douce et pourtant si déterminée semblait briller de mille feu, elle était encore plus belle ainsi, un véritable ange.

La blanche avait un charme incontestable. Seulement, le noiraud était habité par une autre jument, Siewka, la belle mouchetée. Il lui sourit en retour. Il n'avait pas la même prestance. Il se considérait comme une dite sous-merde. Après tout, à force de l'entendre et de se le faire inculquer dans l'esprit, le noir avait fini par y croire. Il gardait toujours l'encolure plus ou moins basse, habitué à être soumis à autrui, surtout de la bande du rouan. Soupirant, le noiraud souffla. « Je ne suis pas un héro.. » L'enjeu était trop fort. Il voudrait avoir la force de sauver toutes ces âmes innocentes avant que GS ne sombre dans le chaos le plus total, seulement il n'en avait pas les capacités. Du moins, il le pensait dur comme fer.

La blanche recula et plongea son regard dans celui de l'étalon noir, silencieuse. Elle était heureuse de l'avoir rencontré et pourtant, son coeur était si meurtri. « J'aurais aimé pouvoir retrouver cette relation que j'avais auparavant avec mon amoureux et pourtant... Il ne me voit plus comme j'étais. Ganja semble redevenir celui qui était auparavant. J'aurais aimé lui demander son aide, mais il ne m'écouterait peut-être plus. » Puis, soudain voyant l'allure soumise d'Hekme, son coeur flancha et elle le poussa doucement du bout du museau, si inquiète. Elle n'en revenait pas. « Mais... D'où sorte ces cicatrices? » demanda-t-elle, sentant sa gorge se serrer et en observant de plus près, sentant les larmes l'envahirent de nouveau.

« Il y a beaucoup de choses que nous regrettons, dans la vie.. » murmura-t-il calmement, le coeur lourd. Ces mêmes questions, les cicatrices. Etaient-elles si visibles que cela ? Paraissait-il si faible ? Il devait avoir l'air d'un pur oméga, d'un pur soumis, d'une pauvre âme maudite. Tout semblait perdu pour lui. Il n'avait plus de réelle raison de vivre. On lui avait volé sa compagne, son fils. Wendy, Anastasia et Chandi étaient partis. Il était seul. Encore, et toujours seul. « Ce sont des égratignures.. » répondit-il, ne voulant pas créer de nouvelles larmes dans les yeux de cette jument pure.

Elle ne voulait ni l'énerver ou ni le rendre triste, alors l'ange se recula doucement, souriante. « Allons marcher un peu, d'accord? » proposa-t-elle, si douce et gentille.

Le mâle acquiesça, et emboîta le pas à la jolie blanche, se dirigeant dans le petit bois à côté de la cascade tranquillement, le regard plus serein.

La belle demoiselle ne voulait pas l'ennuyé et ainsi, tous les deux pourraient se changer les idées pendant ce temps. « L'eau est fraîche par là-bas, allons-y ensemble, si tu le désire bien. » murmura-t-elle, avec une voix mélodieuse et si pure. Elle était vraiment un ange et doucement, elle trottina jusqu'au bord pour y prendre de l'eau dans sa bouche, buvant quelques gorgées. Ensuite, Chizuru prit quelques feuilles et les trempèrent dans l'eau pour venir les poser sur le corps meurtris de son nouvel ami, avec tendresse. Elle prenait soin des autres, c'était ainsi qu'elle était véritablement.

Quand elle proposa d'aller se baigner, le noiraud l'accompagna. Il trempa juste ses sabots avant dans l'eau, sans y entrer complètement. Il l'observa lui appliquer ces pansements de fortune, assez perplexe que l'on s'occupe ainsi de lui. « Pourquoi tu fais ça ? »

La maman tourna la tête vers le mâle et surprise d'une telle question, la dame pencha lentement la tête sur le côté, perplexe. « Bien... C'est important de prendre soin de nos amis et de les aimer, non? » souffla-t-elle, un si beau sourire tendre et doux sur son visage, sa sincérité n'avait aucune faille.

Hekme l'observait, le visage impassible, perdu dans ses pensées. « Tu as sans doute raison. » lâcha-t-il finalement, la laissant continuer, un petit sourire sur les lèvres.

L'ange colla doucement son museau sur l'encolure de son nouvel ami et souffla lentement l'air chaud contre lui, fermant ainsi les yeux. « Tu sais quoi? » Elle sourit tout en ouvrant les yeux. « Tu ne seras plus seul. » avoua-t-elle, en reculant doucement la tête, une lueur d'espoir dans son regard.

Il eut envie de lui répondre qu'il le serait toujours, car face au courroux de Kishin, il était le seul à être aussi impliqué. Prisonnier. « C'est gentil. » fit-il doucement. « Si je peux faire quoi que ce soit pour sauver Remus, je le ferais. » ajouta-t-il après un instant de silence. Peut-être à l'avenir..

La blanche sourit discrètement. « C'est trop aimable et gentil de votre part. Mais, vous avez vos problèmes et je ne veux pas que vous en ayez d'autres. Pardonnez-moi, si j'insiste, mais je ne veux pas que vous en ressortiez davantage blessé. » Elle tentait de garder ses larmes, mais impossible.

« Tu sais, une cicatrice en plus ou moins, je ne suis plus à ça près. » Il eut un petit rire, pour détendre l'atmosphère. La blanche s'était remise à pleurer, et Hekme était toujours aussi déconcerté par autant de sensibilité de la part d'un être, lui qui était habitué à côtoyer le mal et le sang. Il essuya les perles d'argent des ganaches de la jument calmement. « Cesse de pleurer. Tu sais, c'est stupide à dire, mais c'est sûrement ma destinée d'être confronté à lui, jusqu'à ma fin. » Ils étaient si liés, que cela était même absolument sûr.