La mécanique du cœur

Je me suis laissée tomber dans un recoin du labyrinthe, sanglotante. Le sol froid me fait trembler. J'ai mal. Aussi bien sur le plan physique que moral. Quelques égratignures sont présentes un peu partout sur mon corps, résultat de ma chute sur le volcan. Et il y a aussi cette entaille sur mon poitrail mais je suis incapable de me souvenir du pourquoi du comment elle est là. Je me blottie contre le mur râpeux, en quête de la moindre source de chaleur. Et si Baïkan avait vraiment raison... ? Et si je ne méritais l'amour de personne ? Et si toutes les personnes que j'aime allaient m'abandonner ?

J'entends un bruit de sabots frappant doucement la roche grise du labyrinthe. Un cheval au pas, marchant plutôt lentement. Il me semble si loin et pourtant si proche. Je retiens un sanglot. Je ferme les yeux avec force et le bruit s'arrête aussitôt. Comme s'il n'avait jamais existé. Comme s'il n'était que le fruit de mon imagination. Je sens un souffle chaud glisser sur mon épaule, suivit d'un contact, et j'ouvre de nouveau les yeux. Mon imagination, encore ?
- Tu vas disparaître, tu vas disparaître, je murmure en fermant les yeux de nouveau.

Sa voix me reconnecte à la réalité et j'ouvre de nouveau les yeux pour l'observer. Grand, robe foncée, carrure sportive. Il me fait beaucoup penser à Njörd, le meilleur ami de mon père, et je me demande si je ne continue pas d'halluciner.
- Désolée...
C'est la seule chose que je suis capable de lui dire. Je me sens tellement gênée et honteuse. Je suis complètement perdue, aussi bien géographiquement parlant que psychologiquement. Les derniers mots que Baïkan m'a adressé ont eu l'effet d'une bombe. Il a détruit une partie de moi...

- Tu n'as qu'à rester avec moi, je réponds à voix basse, mais assez fort pour qu'il entende tout de même.
Il n'avait pas grand chose de plus à faire. De toutes manières, personne ne pouvait réellement me venir en aide. Je possédais déjà la clef pour sortir de cette pièce sombre. Il fallait juste que je trouve la serrure.

Je le laisse faire, bien trop épuisée pour réagir. Et puis ce n'est pas désagréable.
- Ils m'ont tous abandonnée, je sanglote.
Mes parents, Baïkan, Orion. Ils avaient tous disparu en un claquement de doigts du jour au lendemain. Et maintenant j'étais seule.

- Mes parents, mon meilleur ami d'enfance... Je réponds alors que les larmes se succèdent sur mes ganaches dorées.

Je le laisse essayer mes larmes. Son contact a plusieurs effets sur moi ; il me rassure et panse mes douleurs émotionnelles. Parfois, ça fait du bien de se laisser aller. Et même si je ne le connais pas, j'ai confiance en lui. S'il s'agit bien du fils de Njörd, ça ne peut être qu'une bonne personne.

- Ma mère s'appelle Myosotis et mon père Sueño. Mon meilleur ami, c'était Baïkan, mais il est reparti je crois, je lui réponds le plus calmement que possible.
J'ai du mal à calmer mes pleurs, je me sens tellement triste...