put the money where your mouth is

Mille excuses :lèche:

Qem décida, suite à la tentative de bisou propre et gentil sans bave de Chuck, de calmer sa bouche et de suivre celle du noir. Bien sûr, elle ne pouvait s'empêcher d'ajouter quelques poussées de lèvres, elle qui avait toujours embrassé comme une sauvage, un peu bestialement il faut l'avouer. Lorsque leurs, heum, langues se séparèrent, Qem resta un instant bouche bée, sans voix, les yeux posés sur Chuck. Elle était un peu étourdie, mais le sourire épanoui qui s'élargissait sur son visage témoignait bien de la satisfaction et de l'ivresse qu'elle ressentait.
" Waouh ... Waw, c'était ... " Elle ne trouvait plus ses mots. " ... C'était trop mignon "

Allez let's move ! .. Aah ça me chagrine de gâcher un si bon moment èé

Qem se sentait fondre. Elle prit la cigarette qu'elle alluma onnesaurajamaiscomment et tira un peu dessus, avant de froncer les sourcils. Elle jeta un coup d'oeil à ses crins, dubitative, puis poussa un long soupir. Malgré la tendresse dans sa voix, Chuck disait probablement ça pour lui faire plaisir. Or, un homme qui vous fait des compliments sans les penser est sans doute un homme qui veut jouer avec vous, n'est ce pas ? La logique de Qem reposait sur des bases indémontrables et douteuses. Notez qu'elle associe toujours bonheur et malheur, ce qui en soit n'est pas stupide, sauf quand on s'appelle Qem et qu'on pense le malheur est la suite logique du bonheur et non l'inverse. En d'autres termes, que le bonheur n'est pas gratos. C'était là son principal problème, de fonder sa vie sur des principes à deux balles, et cette méfiance ridicule fut alors la source d'une remarque qu'elle savait blessante mais qu'elle envisageait en tant que répartie proprement défensive, en réponse à l'affront de Chuck.
" Aussi bien que ton air spectral, je présume " Elle avait répliqué ça en essayant de montrer qu'elle ne marchait pas dans le piège et elle affichait un air résolu. Mais à peine avait-elle prononcé ces mots qu'elle les regrettait déjà.

Arrêtes on est digne de PYH version court !

" Tu ressembles à un fantôme et ça te va à merveille. " Insista-t-elle, finalement persuadée d'avoir compris le petit jeu de l'étalon, nettement moins hésitante. " J'ai bien capté que tu te fichais de moi. " Elle tâchait d'avoir l'air rigide, inflexible. Elle essayait de peindre la froideur sur son visage, tentait de lisser ses traits de manière à ne laisser percer aucune émotion, et elle s'acharnait à ignorer son coeur qui menaçait de traverser sa poitrine, de calmer ses expirations trop courtes et ses inspirations trop longues. En réalité, elle n'en menait pas large. Ses convictions, ses certitudes étaient comme des flammes capricieuses, elles s'éteignaient et se rallumaient sans cesse, provoquant en elle l'incertitude, le doute, et l'affolement. Une demi-seconde, elle était convaincue que Chuck se moquait vraiment d'elle, celle d'après elle s'en voulait d'avoir mal interprété son compliment, puis la suivante elle se reprochait d'être trop naïve. C'était sans fin. " Enfin ... Je pense que ... Oui je ... Non ... Tu croyais vraiment ce que ... ce ... ce que tu as dis ? " Balbutia-t-elle. " Mais bien sûr, je me fais toujours avoir de toute façon ! Tu profites de mon réveil pour me faire croire n'importe quoi èè " Se répondit-elle dans son monologue confus.

Non 10 lignes c'est pour la température du vent, ne les insulte pas de la sorte.

La voix de Chuck avait glissé dans ses oreilles sans qu'elle ne l'écoute, et c'est la raison pour laquelle elle n'avait pas relevé sa réponse. Lorsqu'elle eu cessé son aparté, elle rembobina la discussion et c'est là qu'elle saisit les mots qui s'étaient dérobés à elle. Au début, elle ne comprit pas ce qu'ils venaient faire là. Puis elle les dissocia, les examina. Ses yeux s'agrandissaient à mesure qu'elle les assimilait et qu'elle en incorporait le sens, la stupéfaction et la désolation se brossaient sur son visage. Elle ne voulait pas montrer sa douleur, pourtant ses efforts pour garder la face s'avéraient inutiles. Son regard chercha un endroit où se poser, un endroit lisse, plat, rassurant, vite, quelque chose sur lequelle se fixer un instant, du répit. Elle tenta de brouiller les mots mais c'était trop tard, ils avaient déjà pénétré son esprit, elle ne parvenait pas à s'en débarrasser, à les effacer, à les écraser. Elle ne voulait pas y réfléchir, elle ne voulait plus comprendre ce qu'ils signifiaient. Elle ferma les paupières et ravala les larmes qui lui montaient aux yeux, menaçant d'inonder son visage. " Je ... Je peux partir ? " Souffla-t-elle dans un murmure en gardant la tête baissée, cachée par son toupet en bataille qui voilait ses yeux humides.

Non mais là tu confonds Qem et mon moi, bolausse.

Elle déglutit difficilement. Elle sentait un énorme noeud se former dans son estomac et sa gorge était toute serrée. Qem garda la tête baissée. Les larmes qui naissaient au coin de ses yeux ne tarderaient pas à traverser son visage et à goutter sur le sol et elle ne tenait pas à montrer sa tristesse à Chuck. Elle ne tenait pas à montrer à quel point ses mots avaient transpercés son esprit aussi cruellement. Elle tentait de leur donner une valeur dérisoire, négligeable, malheureusement elle en était incapable. La dernière phrase résonna dans sa tête, mais elle se sentait déjà ailleurs, protégée derrière une barrière bancale qui, elle le savait, ne tiendrait pas assez longtemps pour qu'elle supporte d'autres acerbités de la part du grand noir. La première larme fila le long de sa joue, roula jusqu'au sol et s'écrasa dans l'humus. Merde. " Tu ... Tu plaisantes j'espère ? " Elle colmatait superficiellement ses faiblesses, du moins essayait, et elle parvenait à maîtriser les tremblements de sa voix. Comment pouvait-il enchaîner deux phrases aussi ... divergentes ? Elle se doutait bien que derrière l'une se cachait une certaine ironie, pourtant c'était celle-ci qui avait eu le malheur de la blesser le plus.

Putain tu m'éneeeerves en plus ce wend on aura pas notre minute msn

Elle se recroquevilla sur elle-même, ressassant les scènes précédentes, qu'elle repassa en boucle plusieurs fois pour les analyser attentivement, pour trouver ce qui avait cloché et elle admit qu'elle avait probablement mal réagi. Mais elle ne savait pas ce que Chuck avait traversé pour en arriver là. Il lui était tout bonnement impossible de deviner qu'il était passé du statut de mort à ressuscité. Et puis, il n'y avait pas que ça. Elle avait bien sûr déclenché le malentendu, mais ce que le noir avait dit l'avait réellement blessée. Vraiment. Elle sentait encore son ventre se tordre au seul souvenir de ses phrases, elle avait sincèrement eu mal lorsqu'il avait dit tout ça, elle avait eu le sentiment que toute l'assurance qu'elle ressentait en présence de l'étalon s'était écroulée, écrasée, anéantie. Comme si on lui disait qu'elle était aussi utile qu'une paire de lunette de soleil dans la nuit. En fait, elle voulait juste ne plus y penser, mais les paroles du noir retentissaient inlassablement dans ses oreilles comme un vieux disque rayé. Elle voulait mettre ses réflexions et analyses sur pause, elle voulait faire le vide, elle ne comprenait rien à rien et elle ne voulait de toute façon pas faire l'effort de comprendre. " Désolée, j'ai mal agi ... " Elle ne tenait pas à s'expliquer, à exposer ses préconçus usés, à devoir les expliciter inutilement puisqu'ils étaient tout simplement ridiculement bâclés et inexactes, elle voulait juste s'enfuir, courir une heure entière jusqu'à l'épuisement, jusqu'à trouver une quiétude satisfaisante et assez apaisante pour qu'elle puisse repenser à tout ça avec assez de recul. " J'ai pas l'intention de te casser les couilles avec ma paranoïa mais je me casse une heure ou deux, tu peux m'attendre et dormir si tu veux, sinon on se reverra probablement un jour ou l'autre ... " Souffla-t-elle doucement. Elle secoua la tête pour chasser les quelques larmes qui étaient encore sur son visage tout en relevant les yeux, esquissa un vague sourire, en lui claquant un bisou sur la joue pour faire genre tout va bien, et s'esquiva furtivement dans la pénombre.

Parce que tu partais

Elle revint environ deux heures après son départ, complètement essoufflée. Sa robe était toute mouillée de transpiration, elle avait hésité à se laver ou à retourner voir Chuck ainsi mais finalement elle s'était dit que ça n'avait aucune importance, et elle avait juste pris soin de se rouler dans l'herbe.
Elle avait couru durant les deux heures entières, non sans pauses de temps en temps évidemment, et cela lui avait fait du bien, vraiment. Elle avait réussi à remettre ses idées en ordre et à accepter, à intégrer, à ne faire qu'un avec les mots du noir. Elle ne voulait pas les oublier, elle ne voulait pas oublier la douleur qu'ils avaient provoqués en elle. C'était ce qui lui donnait le sentiment d'être vivante, ces souffrances ponctuelles et vite passées. Elle ne voulait pas s'en séparer mais au contraire, s'y habituer, avoir la sensation d'être assez forte pour passer outre ce mal qu'elle avait ressenti.
Lorsqu'elle se trouva tout près de Chuck, endormi, Qem resta un instant silencieuse, reprenant son souffle. Elle ne savait pas si elle devait le réveiller ou attendre qu'il sorte lui-même de sa torpeur. Alors elle plia les genoux et se coucha à côté de lui, ne le touchant que des yeux, attentive. Elle savait qu'elle ne trouverait pas le sommeil, elle avait décidé de veiller.

L'étalon noir était pleinement assoupi, recroquevillé sur lui-même pour lutter contre le froid de la nuit. Il avait après tout déjà tardé dans son sommeil, distrait par la présence surprise de Qem et son corps avait décidé de profiter de ce répit pour se reposer.