La blessure cicatrisée, on oublie la douleur.

« La dernière fois que je me suis vue remonte à deux ans, et j'étais pommelée isabelle, il me semble. »
Souffla t-elle doucement en relevant la tête, frôlant presque les naseaux du bai.

« Ce que tu es encore »
Il la poussa un peu de ses naseaux, très légèrement.
« Et tu es très jolie »
Il lui sourit, avant de le faire disparaître ; après tout, elle ne pouvait pas le voir.

« Je ne dois sûrement pas égaler ton incomparable beauté »
Elle eut un petit sourire espiègle et sursauta lorsque l'étalon posa ses naseaux contre les siens - non pas pour montrer un éventuel mécontentement, plus parce qu'elle ne l'avait pas anticipé.

« un mec et une meuf, ça se compare pas bébé »
Il se décolla d'elle, reprenant le trot, continuant son chemin en espérant qu'elle le suive.

Bébé ? Elle ne sut pas si elle devait le prendre comme une marque d'affection ou comme une comparaison à un enfant, ou encore comme un simple mot qu'il avait subitement eut envie de prononcer. Lorsqu'il prit le pas elle resta immobile quelques instants, avant de prendre un trot rapide pour se planter devant lui, l'obligeant à s'arrêter - ou à la contourner.
« Pourquoi ? »
Ses oreilles se dressèrent sur son crâne, comme à chaque fois qu'elle était intriguée ou curieuse.

« Parce que, c'est tout. »
Il la contourna en prenant soin de frotter son flanc contre le sien, lui montrant qu'il s'éloignait.
« T'as une belle vie jusqu'ici ? »

« Ce n'est pas une réponse ! »
S'indigna t-elle, faisant la moue quelques secondes avant de s'en aller rejoindre Deamon, prenant un petit trot léger pour le rattraper.
« Oui, pourquoi ? »
Sursautant lorsque leur flanc se frôlèrent, Myosotis se décala légèrement, gênée.

« Tu veux que je t'explique pourquoi dans les moindres détails ? »
Un sourire malin, limite coquin, éclaira son visage foncé et ses prunelles noires se posèrent sur la femelle.
« Comme ça. T'aimes bien ces terres ? Et c'est quoi ton petit nom ? »

« Tu veux que je t'explique pourquoi dans les moindres détails ? »
Elle hésita un moment, s'arrêtant brusquement avant de revenir à la charge quelques secondes plus tard par un ' Oui ! ' déterminé.
« Disons que je m'y habitue. Et je m'appelle Myosotis. »

« T'es cruche ou quoi ? Franchement, tu sais pas quelle différence il y entre les étalons et les juments ? »
Ronchonna-t-il avec un petit ton amusé, ne voulant pas se mettre dans une position délicate qui l'obligerait à tout lui expliquer. Dans les détails.
« Ça veut dire quelque chose, Myosotis ? »

« T'as rien compris. Je te demande pourquoi on ne pourrait pas comparer la beauté d'un étalon avec celle d'une jument, non pas leurs différences physique »
Fit-elle dans un soupir, s'arrêtant avant de hocher les épaules. Mais elle ne tarda pas à reprendre le trot pour le rattraper, humant l'air pour éviter de se prendre un truc dans les jambes.
« C'est le nom d'une fleur »

« Exprime toi mieux, la prochaine fois ! On parlait de notre physique, donc j'avais pensé que tu voulais connaitre ces différences là. On peut pas les comparer, c'est tout. Ça ne s'explique pas. »
Il marqua une pause, ne savant plus vraiment quoi dire. Le noiraud baissa la tête, frôlant le sol de ses naseaux, comme un canidé qui pistait sa proie.
« Eh bien, c'est joli. »

Elle soupira, ne voulant pas s'éterniser sur un débat quelconque, sur une question à la quelle elle n'aurait jamais de réponse. Myosotis s'arrêta, laissant une légère brise ébouriffer sa crinière noire charbon, sentant que la pluie n'allait pas tarder. L'atmosphère était de plus en plus palpable et l'isabelle détestait cette sensation d'attente, cette sensation qu'un orage pouvait survenir à n'importe quel moment, comme une ombre discrète qui viendrait l'attaquer au détour d'un chemin - fort heureusement, un orage n'était pas dangereux. Il ne manquerait plus que ça.
« Il va pleuvoir »
Chuchota t-elle doucement, comme si toute l'énergie dont elle avait fait preuve pendant quelques instants s'était évaporée comme rosée au soleil. Levant ses yeux aveugles vers le ciel, elle marmonna quelque chose d'inaudible. Prenant le trot pour chercher un abri, elle réalisa soudain qu'elle ne pouvait plus que dépendre des autres, comme tout les chevaux aveugles. A cette pensée elle se figea, se rendant peu à peu compte qu'elle était aussi manipulable et vulnérable qu'un nouveau né.

Stop avec tes romans
« Il va pleuvoir »
Il passa à l'arrêt, à son tour, et leva la tête vers le ciel : bleu avec quelques cumulus immaculés presque invisibles. Non, vraiment ? Il va pleuvoir ? Deamon dilata ses naseaux, et se retourna afin de faire face à son interlocutrice.
« T'es chochotte ? T'aimes pas la pluie ? »
Quand elle s'éloigna au trot, l'entier décida de la suivre, jusqu'à qu'elle s'immobilise de nouveau, avec un petit air étrange.
« Quoi encore ? »

tes rps sont trop inspirants, jsuis obligée de faire des romans ma cocotte

« Oh excuse moi, j'avais oublié à quel point c'était hilarant de se retrouver mouillé de la tête aux sabots avec les crins qui vous colle à la peau ! »
Son ton ironique, très marqué, n'était qu'une moquerie très légère. Enervée, vexée, elle frappa son antérieur contre le sol sec, écrasant les quelques brins d'herbe qui perçaient en cette fin de saison.
« Quoi encore ? »
D'un bond elle se retourna vers lui - même si c'était plutôt difficile pour elle de le fusiller du regard, ses sentiments étaient les mêmes. Ses oreilles plaquées contre sa nuque, elle cracha un ' Rien ' avant de se re-retourner et de prendre le trot, panachant sa queue, fouettant l'air alentour de celle-ci, signe qu'elle mettait fin à la discussion.