~Chui couchée et toi debout. On fait quoi maintenant ?

( Ne t'en fais pas. Fais attention à toi, c'est le plus important, petite poulette chérie. )

Le mâle se reposa un peu et ne fit absolument rien le temps que la jument veuille dire quelque chose. Il inspira profondément et attendit le plus possible, en étant très patient.

Le choc fut énorme et l'étalon ne pu rien dire ou faire, son corps semblait s'être paralysé par cette atroce nouvelle. Son visage semblait se crisper, à chaque mot que la jument prononçait et il détourna la tête, déconcerté. - Tu... réussit-il, simplement à dire, sans savoir quoi dire par la suite.

Apollonius s'approcha, les larmes aux yeux et le coeur brisé. - Qu'as-tu fait, Jewel? lâcha-t-il, comme un murmure se brisant dans le vent. - Qu'as-tu fait à la famille qu'avait Alizée Noire? répéta-t-il, plus dur que jamais.

Le frison ferma durement les yeux et par son odorat, il se rapprocha de la jument à quelques centimètres de son visage. Lorsqu'il ouvrit de nouveau les yeux, son regard était d'une telle froideur. D'un mouvement brusque, il frappa la femelle au visage et ce, d'une puissance qu'il n'aurait su contrôler. Sa rage grimpait de plus en plus et le fait qu'il soit aveugle ne faisait pas de lui, un faible. - Tu me répugnes. déclara-t-il, en prenant sur lui. - Elle a souffert tant d'années et durant toutes ces années justement, tout était de TA faute. grogna-t-il, en serrant la mâchoire. Il détourna sauvagement la tête, ne pouvant même plus la sentir. - Je n'étais peut-être pas directement de sa famille, mais c'était tout comme et je suis certain qu'elle aurait tout aussi mal agit, peut-être même pire que moi, vois-tu. Si tu es pleine désormais, la faute ne revient qu'à toi et toi seule, tu devras t'y faire. déclara-t-il, avec beaucoup de sagesse et avec une dureté dans ses paroles.

Le noir détourna la tête une autre fois et s'accroupit lentement, il était désormais face à elle, sans vraiment le savoir. Son regard divaguait d'un côté à l'autre, sans endroit fixe et Apollonius entendit les dernières volontés de la jument. Il serra la mâchoire. - Tu as fait une énorme erreur, dans ta vie, petite. Mais, maintenant tu as une autre vie en toi et tu me demandes de vous achever les deux? lança-t-il, trouvant sa demande bien audacieuse et prétentieuse. Il se calma lentement et le vieux n'avait pas un coeur de pierre, jamais. Il sourit lentement et la poussa un peu, pour lui montrer qu'il n'avait pas le coeur d'un meurtrier. - Ce que tu es et étais ne sont plus la même chose. Maintenant, tu dois vivre avec tout ceci sur ta conscience, mais crois-moi, Alizée Noire a vécu bien plus pire que toi. Elle n'a même pas eu l'occasion d'enfanter un petit être, alors que toi, au contraire tu en auras la chance. Pense un peu à elle et ses désirs qu'elle avait autrefois. Tu ne peux plus revenir en arrière, Jewel, ton erreur est commise et maintenant, comment crois-tu élever un enfant dans ces conditions, en demandant la mort? déclara-t-il, de manière un peu plus autoritaire, mais blessé.

Le frison demeura accroupit et ferma lentement les yeux avant de les ouvrir en soufflant doucement sur le visage, là où il croyait qu'il était. - C'est en le disant et en le croyant que l'on devient ce que l'on dit ou pense. Tu as encore ta chance dans cette vie et ne la brise pas. Je suis peut-être vieux, malade et aveugle, mais je peux t'assurer que tu ne seras pas une mauvaise mère. Tu as appris de tes erreurs, il ne te manque plus qu'à ne plus les refaire, ma belle Jewel. souffla-t-il, si rassurant et doux. Apollonius baissa les yeux, fixant le vide et en soupirant, le coeur chaviré. - J'ai fais des erreurs aussi et je dois vivre avec elles, même si j'aurais jamais espérer ceci. Alors, un étalon est capable de passer au travers de telle épreuve. Ne sous-estime pas ton amour. Il est plus fort que n'importe quoi. expliqua-t-il, avec un sérieux hors du commun.

Le mâle noir soupira un moment et abandonna complètement, c'était un peu son ancien lui qui refaisait surface. Peut-être ne l'apprécierait-elle que très peu, mais son indifférence face aux paroles de la jument pouvait la blesser malgré elle. - Alors, crois ce que tu veux. déclara-t-il, en se tournant légèrement vers la route opposée à eux. - J'ai pas vraiment le temps de m'occuper d'histoire de familles ou d'amours, j'ai la mienne et elle me suffit entièrement. Mais, là, je vais devoir vous faire mon adieu, car je pars. Désolé. déclara-t-il, rudement. Apollonius lança un dernier regard à la brune et inclina par respect la tête, pour lui dire au revoir. Lentement, du mieux qu'il pouvait, l'étalon huma l'air afin de se retrouver et lorsque l'odeur des fleurs arriva à ses naseaux, le mastodonte su où il devait se rendre. Alors, lentement il reprit la route et agissant comme son vieux lui.