≠ the race.

« Si quelqu'un porte la douleur comme un cadeau, c'est qu'elle doit être masochiste. » Fit-elle avec un sourire amusé. Elle ne connaissait personne qui était de ce genre. Sa vie était bien simplette, à la mouchetée. Pour changer de sujet, elle redressa son encolure, jetant un regard au monde. « Vous savez, je rêve toujours d'aventures avant de m'endormir. La vie est calme, paisible, mais le piquant manque un peu.. » Fit-elle calmement, le regard plein de rêveries.

« Vous croyez ? » Demanda-t-elle, presque avec de l'espoir dans la voix comme dans le regard. Il serait tellement agréable de trouver un peu d'aventure, de voyages, de péripéties dans une vie banale. Juste pour l'après. Juste pour se sentir plus libre, et non emprisonnée dans une vie déjà toute tracée. « Est-ce que vous venez de loin, Damoclès ? » Reprit-elle, à voix basse.

« Pourquoi êtes-vous parti, si c'était un si bel endroit ? » Fit-elle, sans réellement comprendre. Elle-même se sentait attirée par cette description. Cela avait l'air d'être vraiment beau et idéaliste. Elle aurait aimé connaître un monde sans froid, sans guerre, sans tristesse.

Elle n'eut pas besoin de plus d'informations. De toute évidence, le mâle avait perdu quelqu'un qui lui était cher, dans ce paysage de rêve. Elle était contente que cela ne lui sois jamais arrivé. Mais elle ressentit l'envie de parler. « Moi aussi j'ai perdu quelqu'un qui m'était cher. » Avoua-t-elle.

« Mon grand-père. Il s'appelait Hekme, et était le protecteur de la Rivière, aux côtés de ma grand-mère Siewka. Il.. il est mort suite à des blessures de guerre, à cause de celle que Galop Sauvage a mené contre Kishin et la Ligue des Pillards.. Je.. Je ne comprends pas.. » Elle avait murmuré sa dernière phrase, son regard allant au sol, comme si elle cherchait quelques choses. Elle reprit. « C'est lui qui m'a tout enseigné sur les plantes.. Et.. Il s'est laissé mourir de ses blessures.. Pourtant sur sa tombe il est écrit qu'il se serait fait assassiné... Mais j'ai du mal à y croire.. »

« Non.. l'inscription n'était signée d'aucun non. Ne vous tracassez pas.. de toute façon ce n'est pas cela qui ramènera mon grand-père.. » Elle était victime de la fatalité, du destin peut-être. Mais il lui semblait que quelque chose lui avait échappé. Elle se laissa calmement aller, enfouissant son visage contre l'encolure de l'étalon, pour y refouler sa tristesse.

« Vous avez raison. » admets-tu, fasciné par sa sagesse, déjà si jeune. Alors que toi, tu es parfois si facilement aveuglé par la rancoeur. Soudainement, un contact te brûle. Elle vient poser sa tête contre ton épaule et tu te figes entièrement, crispé au possible, les yeux écarquillés. Le souffle en apnée, tu n'oses plus bouger. Pourtant, ça te fait presque du bien. Contradictoirement.

Elle ressentit la tension de l'étalon, mais pour un instant seulement, elle demeura égoïste en restant collée à lui. Elle avait besoin d'un peu d'affection, depuis que son grand-père était parti et qu'elle n'avait pas revu ses parents. Au fond, elle se cachait juste l'évidence : ils étaient partis. Et elle cachait à tous sa coquille vide. D'où son air mélancolique. Elle recula de quelques pas au bout d'une bonne minute de silence, lui adressant un sourire. « Merci. »

« Cette étreinte m'a fait du bien. » Son sourire s'était agrandit à cette déclaration. Au fond, peut-être voulait-elle faire fondre cette couche de glace qui couvrait le cœur du noiraud. Elle n'aimait pas deviner les gens tristes.