things we lost in the fire, fire, fire.

timidement, tu rouvres tes yeux, plongeant au fond des siens. lui avouer ? lui dire, vraiment ? la franchise a toujours été ta meilleure qualité. « parce que je sais que si le pire arrive, je ne serai pas seule pour me relever. » murmures-tu doucement, audible par lui et seulement lui.

Il se recule et la regarde. Dans son oeil brille l'amitié et la fierté d'être proche d'une demoiselle aussi exceptionnelle..."Tu peux en être certaine, je te le promets..." Noctambule s'apprête à reprendre le pas mais c'est l'instant que choisis un nuage opaque pour venir masquer la Lune, plongeant les équidés dans l'obscurité la plus totale..."Hm...J'espère que le temps ne se mettra pas à tourner..." Protecteur, il se colle à Neva'. La Lune lui a fait une promesse ; "Montre toi, montre toi, montre toi..." Répète-t-il avec ferveur.

c'est vrai, c'est promis, noctambule ? alors, tu m'aideras à me relever ? tu veilleras sur moi s'il n'y a plus personne pour le faire ? tu m'offriras ton coeur comme tu lui as offert à elle ? tu clignes des yeux. retour au présent. « la lune n'obéit à personne. elle va revenir, ne t'en fais pas. » tu profites de sa chaleur, flanc contre flanc.

Il lui a fait une promesse et il la tiendra jusqu'au bout. Si le plus grand des malheurs vient à s'abattre sur eux, il n'y a aucun doute à avoir. Noctambule se reconstruira difficilement...en aidant passionnément la blanche. Il pourrait lui offrir son coeur oui..." Je le sais bien, dame Lune est tout aussi fidèle que taquine..." Souffle l'étalon noir à l'oreille de son amie ; "...mais elle me l'a promis. Elle reviendra." En attendant, ils sont à la merci de la nuit...    

face à la promesse de son retour, tu hoches doucement la tête, patiente. continuant d'avancer, épaule contre épaule, dans la nuit noire et épaisse. le silence vous entoure, mais tu n'oses pas le briser, se confortant au rythme de l'horloge dans ta tête, et à la respiration régulière du pie à tes côtés.

Noctambule reste aux aguets. Il aime la nuit, il l'adore et la chérie comme une petite princesse. Malheureusement, il reste un cheval pour qui les heures nocturnes peuvent être synonymes de faiblesse et de danger. Il voit à peine ce qui se passe devant eux. Les prédateurs sont plus à l'aise avec la nuit...mais l'étalon noir ne perçoit rien pour le moment. Le nuage qui masque la Lune s'étend paresseusement, encore et encore, avec lenteur. Il se déchire peu à peu. La lumière pâle s'impose de nouveau ; "J'ai entendu dire que tu étais aux côtés du dominant des Rocheuses après le décès d'Oural...avez-vous été également séparés par la tempête ?" Il en ignore pas mal de détails sur cette histoire...

tu baisses la tête. serais-tu honteuse, neva ? non, tu ne dois pas avoir honte de ton amour, si ? « c'est vrai, oui.. on s'est un peu... séparés après le décès d'oural. » quoi de plus normal ? le père de ton fils mort en duel. en duel contre l'amour de ton coeur. « mais je l'ai retrouvé récemment. » continues-tu doucement, en relevant ton regard nuageux vers lui, observant le reflet de la lune dans ses grands yeux.

" Tant mieux Nevaeh, au moins, tu as cette personne à tes côtés...et puis, c'est une tête de plus dans la famille..." Noctambule souris doucement, toujours prêt à accueillir du monde dans son entourage. Pourtant, le noiraud a bien remarqué l'expression dans les yeux de la blanche demoiselle. Ignore-t-il quelque chose ? Il pince les lèvres en continuant à avancer, pensif. Le prince noir voudrait en savoir un peu plus mais ce serait extrêmement déplacé de sa part de le lui demander.

mais les larmes emplissent bien vite les yeux de la belle. un besoin urgent de se confier lui serre la gorge. « tu sais.. c-c'est.. c'est contre lui que s'est battu oural. c'est.. dans ce combat qu'il est mort. »

"Oh..." Noctambule ravale vite fait son sourire. Son coeur s'est serré. Les larmes dans les yeux de Neva' lui sont difficilement supportable. L'étalon qu'elle aime a du sang sur les mains. Le noiraud est loin d'être un agneau pur et innocent, il ne peut donc pas juger ces actes. Le problème dans tout cela, c'est l'identité de la victime ; Oural, le père de Hamlet. Elle ne mérite pas ça...son enfant ne mérite pas ça. Que dire ? Que faire ? "...J'ignorais cela...pardon. Je ne voulais pas raviver ta peine... " Il se tait, il a peur que ses mots blessent. "...Tu sais; si tu as besoin de parler, je suis ton oreille...et...je veux être sincère avec toi. J'ai déjà tué une personne..." A qui a-t-il déjà confié ce douloureux secret ? Personne en faite..."J'avais engagé volontairement le combat...mais je n'ai jamais souhaité la suite. Je ne cherche pas à défendre les gestes de cet étalon qui a arraché Oural à la vie...mais d'un côté, je le comprends. Et si il a mérité ton amour, s'il a véritablement un coeur...il doit être rongé par le regret."

tu te retiens, de justesse. mais tes larmes restent prisonnières de tes yeux. comme ta peine, à l'intérieur de toi. tu l'écoutes, toujours aussi émue, et tu attends quelques secondes avant de parler, pour ne pas risquer d'entendre ta voix se briser. « oh je.. » tu baisses les yeux. « j-je ne savais pas. » au fond, ça ne change rien pour toi. tu ne le jugeras pas. « je sais qu'il s'en veut énormément. et je m'en veux, moi aussi, d'avoir tant de mal à le lui pardonner. c'est que dans ma tête.. l'étalon que j'aime a tué le père de mon fils, en qui j'avais une affection infinie. alors que ce n'était pas volontaire et c'est.. dur à encaisser. » enfantine soudain, tu te réfugies dans ses crins.

Il y a des situations comme celles-ci qu'on peut trouver étrange. Hé mais ce type là, il a pas une compagne et trois gosses ? Et elle là, elle a pas un compagnon ? Si. Si c'est le cas. Mais il faut juste oublier ses yeux de mortels, les fermer et seulement ressentir, écouter. Galop Sauvage souffre encore mais ne ressentez-vous pas la sérénité qui se dégage de cette étreinte ? Ces murmures rassurants que l'étalon glisse à l'oreille d'une jument sanglotant ? C'est beau. C'est touchant. Il y a des promesses secrètes. Des mots qui s'envole dans la nuit. Une affection profonde qui fait battre les tambours de leur coeur...Il ne peut rien dire de plus. Elle a mal, c'est normal...Au loin, l'horizon commence à se teinter d'une légère lueur ; l'aube arrive.    

tu laisses ta peine s'épancher dans ses crins. s'épancher contre lui. se fondre dans sa masse rassurante. il sera toujours un point de repère pour toi. comme un graal. tu ouvres tes grands yeux pluvieux où se reflètent un de ces arc-en-ciels qui illuminent la nuit. « le jour se lève. » et sur ces mots, tu te décales légèrement, un peu honteuse.

 Oui. Il arrive. Il vient fendre la nuit et réveiller les enfants. Il brillera toute la journée durant avant que son amante la Lune ne lui vole quelques heures. Elle reviendra se pâmer le soir même alors que le Soleil se reposera...Il ne bouge pas. Les larmes brûlantes de Nevaeh glissent sur son poil sombre. Ses yeux reviennent trouver son regard....lorsqu'elle se décale, le prince de la nuit ressent un vide qu'il ne doit pas ressentir. Qu'il n'a pas le droit de ressentir. Une sensation interdite. Il lui sourit ; "Notre journée va être chargée...mais je sais qu'elle sera couronnée de succès..."    

mais tu le ressens aussi. tout au fond de toi, quelque part où sont enfouies les choses tues et secrètes. « je l'espère aussi. » fais-tu doucement, en recommençant à marcher calmement, ta crinière blanche secouée par tes pas. tes yeux guettent le vide, suivant le chemin devant vous, simplement. tu ne sais pas trop pourquoi tu es si pensive, si distraite. la tête ailleurs. comme toujours, mais encore plus. encore plus loin peut-être.