| Du renouveau

Et toi,petite pouliche,tu renifles l'odeur alléchante des étales de cerisiers,arbres bas et roses. Tu aimes cette couleur,elle te rappelle l'enfance. Tu croques une fleur,tu apprécies le goût. Et voilà que tu repenses à l'époque de ta jeunesse. Renâclant,tu te retournes en entendant un son de galop. Ce galop,il te semble que tu le connais. Alors tu cherche du regard,et là,un peu plus loin,tu en reste coi. Ta soeur est de retour.

Et toi tu te croyais seule. Tu pensais que tes gènes étaient uniques,sur GS. Mais tu t'es trompée. En véritée,toi,tu connais moins ta soeur qu'elle ne te connais. Car,quand elle est partie,tu étais jeune. Et cette période,il y a moins d'un an pourtant,est un peu floue. Car tes souvenirs ne se sont pas formés tout de suite. Mais tu l'as reconnue. Ce sourire,tu le connais aussi,car tu as le même,ou presque. Elle t'adresse la parole,et toi,tu souries en retour. Presque un an,n'est-ce pas?

Et elle aussi,elle a changé. C'est une jument à présent,une grande,et tu t'en rends compte. Toi,tu es jeune,encore une pouliche. Tu ne te sens pas rabaissée pour autant. Et à sa question,tu dresses les oreilles et penche la tête de côté. Antigone ne serait pas perdue,par hasard? N'était-elle pas sur ces terres lorsqu'à eu lieu le cataclysme dont tout le monde parle? Toi non plus,remarque. Mais au moins tu es au courant que...tiens,tu viens de comprendre on dirait.
Non,je me suis...échappée. Je suis partie à l'aventure!

Tu ne pouvais tout de même pas dire perdue. Tombée dans un trou et avoir fait une promenade de santé sur GS.

Mais toi,tu sais que tes parents - les même qu'Antigone,car vous êtes de vraies soeurs - ne sont pas d'une grande taille. Il est possible que tu arrives à sa taille,tu l'ignore,tu verras bien. Tu ne changeras que peu de grandeur,désormais, ce sont tes formes qui...se forment. Lentement,mais sûrement.
C'est possible,en effet.

Et tu regardes autour de toi,imitant ta soeur. Tu redeviens ennivrée par le parfum doux et sucré. Mais tu ne réponds pas,et te contente de pousser un bref soupir,avec un regard de sympathie.

Et tu pousses un hennissement de surprise,bref,et en plein démarrage course. Tu poursuis Antigone,ignorant la légère brûlure au dessus de ton sabot. Une plaie réouverte par Ramsès,que tu cache avec peine,que tu subit pourtant. Et tu accélère,même,rattrapant peu à peu ta soeur,à grandes enjambées. Rapide,tout simplement.

Et toi,grisée par la vitesse,tu n'es jamais allée aussi vite. Alors tu allonge encore tes foulées,et toute ton corps se règle,en harmonie. Apart ta blessure,un caillou dans la mécanique qui ne va pas tarder à se faire remarquer.

Tu trébuches. Tu as trop poussé. La vitesse et ta blessure t'ont eu,alors tu n'arrives pas à te rattrapper,et tu tombes. Sans gravité. Et tu te relèves immédiatement. Tu n'as rien eu,heureusement. Et ta plaie ne s'est pas réouverte. Sûrement que les pétales et l'herbe on amorti ta chute. Un peu étourdie,tu rejoins l'arbre et Antigone au petit trot,clopin-clopant,un demi sourire sur les lèvres,discrètement,tu regardes les marques sur ta robe. Les marques de dents de ramsès que tu as réussies à camouffler avec de la boue. Tu es sale,mais parais moins vulnérable.