♆ Je passe sur les eaux du monde entier, entier comme le monde.

Le manteau que lui fait sa robe de jais deviendrait pour peu ramure, transformant l'animal qu'il était en un gigantesque corbeau, oiseau de mauvaise augure. Mais qu'est-il ? Qu'est-elle ? Et sont-ils bons, sont-ils mauvais ? Ils sont. Son sabot brise une brindille, l'air se fige et, dans un froissement d'aile, les pigeons s'envolent et s'échappent, s'évanouissent bientôt dans cet azur ouvert qu'ils salissent peut-être. Ses yeux sans fond les suivent un instant, leur donnent la chasse et se posent ensuite sur elle. Elle dont la robe la pare d'une charmante beauté, d'une étrange essence. Sont-ils mêmes ? | J'espère que vous ne comptiez sur eux, jeune demoiselle. Pas de sourire, pas de révérence, juste ce regard abyssal mais brillant qui la scrute, encore.

Le grand noir présentait un profil oriental, à la fois fin et puissant, léger et vif. Il savait sa carrure, mais ce qu'il savait aussi, c'est qu'il l'avait oubliée, la promettant à une déchéance certaine qui, pourtant, ne venait pas, lui permettant ainsi de rester égal de corps. | Une chasseuse en soiffe d'aventures ? L'inconnue semblait jeune et pleine de vie ce qui, doucement mais sûrement, le fit sourire.

Il était comme insatiable, l'éternel insatisfait et, sans cesse, il se demandait plus, il voulait et attendait davantage. Son épaule, douce et fragile, pressa la sienne, plus droite et solide. Répondre par des jeux habiles ne le dérangeait pas, au contraire même : Soldat repenti, il aimait à se servir de ce corps qui, un jours, c'était plié à ses moindres requêtes, même folles. | & quelles sont les armes de cette criminelle ? Son ton était suave, presque enjôleur alors que brusquement, il avait fait volte face, se plantant face à elle, lui opposant son corps entier. Jeu, défi ou simple provocation ? Quelles seraient les limites ?

Les corps étaient souples et suaves, se pliant sans mal, se jaugeant avec ce subtil magnétisme qui leur allait si bien pourtant ! Intelligente et vive, elle se jouait de ses mots, rebondissant sur chacune de ses questions. | Vous mentez mal, Pirate. VOUS, puis l'improvisation. S'il avait appris quelque chose de ses années de Soldat, c'était la maîtrise de son corps. Il n'eut ni frémissement ni tressaillement, seulement cet étrange sourire, presque dérangeant de part son inspiration. Un avantage, pourquoi ? S'étaient-ils engagés dans un mortel combat ? Suave, il appliqua une pression plus ferme sur le chanfrein osseux de la jeune femelle, ses naseaux libérant cet air chaud et sain.

Alors, l'ordre n'avait pas d'importance ? S'ils devaient jouer, pourquoi ne pas se servir des mots d'abord ? | Mais demoiselle, toutes ces choses autour de nous, cette terre sur laquelle vos délicats sabots reposent, ne tournent-elles pas ? Il ne bougeait davantage, restant seulement là, près d'elle, à la fixer de ses grands yeux si noirs qu'ils en avaient presque des reflets pétroles.

Un doux rire s'éleva de sa gorge, alors qu'il la regardait encore. | Et je ne vous en veux pas, Muse Pirate. Dites-moi plutôt ce que vous aimez !

Vivre l'Instinct, saisir la sensation et monter, monter et planer avant de se brûler les ailes et de chuter. | Un choc brutal mais qui seul sait parler à nos âmes. Choc. Il appuie son chanfrein contre le sien, diable noir.