l'échec m'a tout l'air d'être ton jeu favori.

La blanche se repose, à moitié assoupie au bord de l'étang devant le temple, comme si elle pouvait se permettre un repos. Comme si le Dieu Dragon, de toute façon, veillerait sur elle pendant son sommeil, pendant qu'elle s'abandonne aux songes loufoques qu'elle suit en permanence.

(j'me permet )

Cela faisait longtemps que je la traquais. J'avais l'impression de sentir son odeur partout, elle me manquait mais je faisais comme si tout allait bien. Sérieusement, elle me rendait fou, depuis longtemps. Je me rapprochais d'elle, je le sentais.

Agitée par un rêve un peu trop réel, elle frémit et se secoue un peu, avant de sombrer de nouveau. Dans son rêve, pourtant, un corbeau fait une étrange apparition, la suivant, l'observant avec ses yeux noirs d'ombres chimériques.

Un monstre gentil lui effleure les crins. Elle se met à rire (dans son sommeil ou en vrai, allez savoir) et secoue doucement la tête pour se dégager. Elle ouvre soudainement les yeux, les traits de son visage entièrement paisibles et détendus. Ses yeux gris tombent alors au fond de deux gouffres. Son corps entier se tend, son souffle s'accélère, elle reste complètement immobile, paralysée, avec l'impression de se trouver face à un cauchemar. « Qu'est-ce que.. »

Cet amusement qui se réveille en même temps que la panique de la blanche. Elle sent son souffle se heurter légèrement. Elle se relève et vacille légèrement, sans le lâcher des yeux, comme s'il pouvait disparaître en un seul geste. « Qu'est-ce que tu.. me veux..? » demande-t-elle doucement dans un souffle.

Elle se sent si petite là, face à lui. Si faible, tremblant presque, comme une enfant. Elle a du mal à soutenir son regard. « J-Je.. je vais bien. » répond-elle simplement, plaquant légèrement sa queue contre sa croupe pour dissimuler au mieux ses chaleurs, comme si elles représentaient une menace.

Il se rapproche et elle recule de deux pas, avant d'être arrêtée, la croupe contre un arbre. Elle ne parvient pas à camoufler la peur qui l'étreint, comme une caresse mortelle. « Je.. » réussit-elle seulement à balbutier, avant de baisser les yeux, confuse.

Elle sent son souffle. Elle, elle arrête même de respirer. Pendant trop longtemps sûrement car lorsqu'il parle, elle est obligée de prendre une telle goulée d'air qu'elle a l'impression d'être sous l'eau, en apnée. Elle frissonne à répétition – pour ne pas dire qu'elle tremble, sur ses petites jambes. Elle ne sait pas quoi lui répondre. Elle a l'impression qu'il cache un démon sous ses paroles sucrées. « Que veux-tu... de moi..? »