in your head, they're still fighting / m

Moi ça me convient, faut demander mais moi je veux

Oh, si. Entamé, mais pas fini. Tu la regardes comme si elle était coupable. Comme si elle voulait te tenter, te séduire au goût de l'enfer. Mais n'est-ce pas toi qui essaies de l'entraîner là en bas ? Tu t'approches d'elle d'une démarche assurée, fière et cadencée. Tes crins blancs sont légèrement ondulés, peut-être à cause du vent, peut-être à cause de la transpiration qui recouvre ton corps déjà fou. Tu la dévisages, sans rien dire.

❦ Gladys, sans vouloir se l'avouer, a peur. Là, elle le craint, elle craint Solheim, et elle voit que la partie sauve du fruit est trop petite pour faire le poids contre la partie pourrie, pour rendre le fruit mangeable. Inquiète, elle pousse un discret hennissement, courbe son encolure vers l'arrière, et recule d'un pas, qui n'est pas suffisant pour l'arrêter, apparemment. Bloquée par l'eau derrière elle, elle ne peut que rester immobile.

Tu fais un pas vers elle, puis la contournes, comme si elle ne t'intéressait plus soudainement. Juste histoire de faire comme si. « Où crois-tu aller, petite ingénue ? Tu crois peut-être pouvoir... m'échapper ? » Et tes yeux se braquent sur elle comme deux gyrophares d'ombres.

❦ Et Gladys profite de cet instant d'inattention pour filer le long de la plage qui borde le lac, à toute allure. C'est sa réponse à la question de l'étalon. Elle sait qu'il y a peu de chance qu'elle lui échappe, mais elle tente le coup, l'instinct de fuite étant plus fort que tout.

Un ricanement odieux s'échappe de tes lèvres. Puis toute trace d'humour disparait de tes traits. Rattrape-la. Tu te lances à sa poursuite, dans un trot impérial. Tu gagnes du terrain, comme si Satan te donnait les ailes qu'il avait autrefois, lorsqu'il était encore un ange. Elle est à toi. En écho, tu murmures dans le vent salé : « Tu es à moi. » Elle ne t'entendra pas, mais qu'importe. Elle le sait déjà.

❦ Lys accélère ses foulées, le cœur battant. Mais elle ne tiendra pas longtemps, faite pour la vitesse plus que l'endurance, et surtout ce soir.
Finalement, épuisée elle s'arrête, l'encolure basse, les oreilles reculées, le souffle court, face à Murphy, et son ombre. Laisse-moi! Ou mets moi en laisse.

Surtout ton ombre. Qui la surplombe, comme si elle était déjà en train de la dévorer. « Tu as voulu jouer avec moi ! Tu as provoqué ce qui t'attirait tant en moi. Tu ne t'en souviens pas, Gladys ? » fais-tu, évoquant les souvenirs de leurs escapades, de leurs baisers, de leurs frissons partagés. Ces tremblements brûlants et glacés à la fois. Tu lèves la tête vers le ciel, avec un sourire à la fois séducteur et malsain. Et tu chantonnes, doucement, d'une voix à peine audible mais lancinante : « Dis-moi, n'as-tu jamais rêvé de danser avec le Diable au clair de lune ? »

❦ Toi aussi! Rétorque-t-elle en essayant de prendre le même ton, plus y parvenir. A forces de tremblements, il lui semblait justement, que le sol allait s'écrouler sous ses sabots, qu'elle allait tomber dans une crevasse d'où elle peinerait à ressortir. Non.Et elle se détourne.

Le démon en toi hésite en se moquer d'elle ou sévir. Elle n'a pas le droit de se dérober ainsi ! « Il ne fallait pas jouer alors ! » rugis-tu en bondissant près d'elle pour l'obliger à te faire face de nouveau. Tes yeux fous scintillent d'une lueur malsaine. Tu la contournes, tes naseaux dilatés à t'en asphyxier les poumons de son odeur alléchante.

❦ Et que répondre cette fois? Elle est bloquée! Bloquée dans un tournant de la plage mordant sur le lac. La noiraude tremble, légèrement. Elle ne peut aller ni à droite, ni à gauche, encore moins devant elle. Alors elle reste immobile, elle sait ce qui l'attends, elle s'imagine que ça fera mal. Gladys se rappelle des hennissements de douleurs des juments aux saillies en main du ranch, elle se souvient de ces viols. Elle sait que ça sera pareil. La noiraude couche ses oreilles dans sa crinière, ronfle des naseaux, et menace d'un coup de postérieur dans le vide.

Tu observes son comportement rebelle. Pour tout avouer, ça te stimule encore plus. Qu'elle te résiste et tu n'en seras que plus excité. « Crois-tu vraiment que le Diable a peur de toi ? » murmures-tu doucement, en avançant vers elle avec une lenteur volontaire, comme pour faire durer le suspense malsain établi par la situation. Tu t'enivres une fois encore de l'odeur de ses chaleurs et colle ton flanc au sien. Tes dents attrapent la peau de sa nuque, tandis que tu lui murmures, la mâchoire serrée : « Plus tu me résisteras et plus il sera heureux. »

❦ Elle coucha d'autant plus ses oreilles, et poussa un hennissement strident quand il lui saisit la nuque. Sa queue fouaille l'air, répandant involontairement ses chaleurs. Elle se résigna à l'écarter sur le côté, laissant le passage quelque peu libre à l'étalon. Elle savait qu'elle aurait mal, de toute manière, oh oui. Sympa de prévenir. Finissons en, alors. Souffle-t-elle, au bord des larmes, résignée. Elle dégagea sa nuque de la mâchoire de l'étalon, et baissa la tête, écarta les jambes.

À croire qu'elle le fait exprès. Elle lâche ses chaleurs juste là, sous ton nez. Au fond, elle le veut elle aussi, tu en es persuadé. Dans un mouvement assez violent, tu fais un bond sur le côté, la relâchant. Tu arrives derrière elle, aveuglé par ta folie. Comme pour la faire réagir un peu, comme pour qu'elle te résiste encore un instant, tu lances un coup de dent dans sa cuisse. Pas assez pour la blesser, juste assez pour qu'elle le sente. Puis alors, tu presses ton poitrail contre sa croupe offerte.
Que le carnage commence. Que se répande enfin tes gênes bousillés, que t'a transmis Brooklyn.

❦ Elle préfère l'avoir derrière. Au moins, elle ne le voit pas. Sa morsure arrache à la jument un nouveau hennissement aigu et bref. Par-dessus son épaule, elle le fusille du regard. Gladys soupire, et clos ses yeux embués de larmes, attendant que la torture prenne naissance dans son ventre fertile.