in your head, they're still fighting / m

Tu n'attends plus. Tu t'élances au-dessus d'elle, retombant sur son dos. Sans réelle douceur. Après tout, qui a dit que Satan avait des gants de velours ? Tes antérieurs la tiennent fermement pour qu'elle ne puisse pas s'échapper. Mais de toute façon, tu sais très bien qu'elle ne le fera pas.

❦ Elle se tend, aussitôt, et grogne un peu. Il fait durer le plaisir. Son plaisir à lui, la laissant dans la torture de l'attente. La noiraude n'avait encore jamais été saillie. Elle essai d'empêcher ses jambes tendues comme des piquets de trembler, mais le sueurs froides qui maculent ses flans trahissent son état.

Et tu vois bien, son état. Quelque chose se débat au fond de toi. Ce qu'il reste de bon, d'humain, de Murphy. Ça se débat, parce que le Diable brise cette innocente et qu'il te brise toi aussi en trahissant tes principes. Tes interdits. Nox ne te le pardonnera jamais, tu sais ? Bien sûr que tu le sais. Et je le sais aussi. C'est pour ça que je le fais... Mais tu n'as plus aucun contrôle. Aucune force intérieure. Tu commences ton travail en soufflant.

❦ Gladys souffre, et serre les dents. Pour ne pas crier. Parce qu'elle ne veut pas lui faire plaisir. Elle se laisse faire, sans lutte, à la fois tendue et détendue, le regard clos, essayant de faire le vide dans ses pensées. Pourtant, impossible d'ignorer la douleur lancinante qui sévit dans son ventre, le poids sur son dos, la chaleur de l'enfer, de leurs deux corps qui se touchent. Puis une de ses jambes cède sans qu'elle l'ait décidé, un antérieur, qu'elle s'empresse de redresser.

Tes dents claquent dans l'air quand elle faiblit; mais elle se reprend. De toute façon, tu as fini. Tu as fait ton boulot rapidement. Satan ne perd pas son temps. Tu redescends, en sueur, le regard fou. Ton coeur voudrait dire pardonne-moi, mais ton corps n'est plus là. Tu la regardes avec un sourire vicieux, t'approchant de son visage comme un serpent. « Comment vas-tu l'appeler, cet adorable enfant, Gladys ? »

❦  Qui te dit que tu n'es pas stérile? Lui crache-t-elle lorsqu'il est enfin redescendu de son dos, laissant le froid de la nuit s'y répandre. Je n'y est pas encore réfléchit. Comment souhaites-tu l'appeler?Dit-elle, d'une voix déjà plus éteinte. Et si elle était enceinte? Et si elle portait l'enfant de son violeur? Elle frémit.

Stérile ? Lucifer ricane au fond de toi. Puis il décide de te laisser seul, rien qu'un instant. Pendant que tu reprends tes esprits lentement, tu poses un regard effrayé sur Gladys. Tu sais ce qu'il vient de se passer. Tu ne lui réponds même pas. Tu recules de quelques pas, trébuches même. Le regard fuyant, la bouche ouverte sans réussir à sortir un mot pourtant, tu te mets à trembler. « Oh mon.. Oh mon dieu.. Je... Non.. » Tu fermes les yeux très fort en priant intérieurement pour que ça ne soit qu'un rêve.
Mais c'est un cauchemar, mon grand.

❦ Il revient à lui. Elle écarquille ses prunelles, le détail de bas en haut, puis l'inverse. A son tour elle recule. Mais elle est trop faible pour ça, et s’échoue sur le flan. Lentement, elle reprend son souffle. Doucement. Elle l'interroge du regard, n'osant ouvrir la bouche. Un nom lui vint soudain à l'esprit, et sans qu'elle ait réfléchi, elle dit, dans un souffle: Il, ou elle, s'appellera Asraël(le).

Tu aimerais l'aider, mais tes membres semblent pris dans du ciment. Tu n'arrives pas à bouger et la fixes, impuissant. Regarde ce que tu as fait. Tu imagines ? Violer une innocente. Violer la jumelle de l'amour de ta vie. Tu fonds de l'intérieur. Des larmes de rage coulent sur tes joues noires.
Mais le temps te fait tiquer et tu relèves la tête dans un mouvement désarticulé. « Asraël. L'ange de la mort. » récites-tu d'une voix presque robotique, le regard éteint et vide.

❦  La croyait-il sincèrement? Pourtant elle hoche la tête, couchée au sol. Croit-il qu'elle accepterait de porter en son ventre, en son centre, un poulain au nm d'ange de la mort? Certes non, et il ignorera cela jusqu'à la naissance, il ne la trouvera pas. C'est Luciole (chose que Gladys ne saura que plus tard) qui devra expliquer son rôle au futur héritier. Non, la noiraude souhaitait pardessus tout que cet enfant ne subisse pas l'influence de son père de prime à bord. Elle le nommerait Manakel, l'ange de l'équilibre. L'équilibre entre elle-même et Solheim. Va-t-en maintenant. Le chasse-t-elle, en couchant ses oreilles.

Mais il n'y a nul besoin d'équilibre à avoir avec toi, aujourd'hui. Tu n'en as plus pour longtemps avant de t'éteindre dans les flammes, n'est-ce pas, Solheim ? Et tu es loin d'être un phoenix. Tu ne renaîtras pas de tes cendres, toi. Sans un mot, les oreilles couchées aussi, sentant le démon reprendre son souffle au fond de toi après cet effort, tu déguerpis très rapidement, en lui accordant un ultime regard.
Peut-être aura-t-elle vu tes non-dits d'excuses. Peut-être aura-t-elle vu la lumière passée de Murphy, au fond de tes prunelles. Peu importe. Mais elle ne les verra sûrement jamais plus.
(out)

❦  Puis, après le départ de Murphy, ou de Solheim, ou des deux car au final peut importe, le silence retomba. Gladys resta au sol, épuisée, sous le choc.

❦ Osiris! Aurait-elle voulu le rappeler, en l'apercevant. Mais aucun mot ne franchit la porte de ses lèvres de suie. Elle l'observa revenir. Elle était faible. Comme elle se sentait faible, ne n'avoir même pas osé lutter! De toute manière, le résultat aurait été le même. Elle pourrait toujours prendre des plantes qui neutraliseraient la grossesse, et l'empêcherait de poindre. Mais la présence d'Osiris l'en dissuada. Sa mère l'avait laissé vivre, lui, et aujourd'hui il la défendait. Elle le remercia d'un hochement de tête. Aide-moi à me lever, s'il-te-plaît.