~ Sleeping beauty

Il fait chaud et froid en même temps. Aenor tremble – de longs frissons qui courent le long de son échine comme mille soldats qui partent au front avec le poing levé. Ils savent qu'ils vont gagner. Elle sourit, mais elle ne sait plus sourire. C'est automatique, ses lèvres sont redressées malgré-elle, elle ne les contrôle pas. Plus. Comme si elles appartenaient au Petit Prince à présent qu'il les avait touchées des siennes.
Ce qu'il murmure envoie une étincelle dans le cerveau de la Renarde. Comme de l'huile jetée sur une traînée de poudre. Elle frémit, frissonne. Elle n'a jamais ressentit ça. Pour personne. « Tu vois que.. que ça valait le coup. De compter jusqu'à 400. » Elle sourit, ose timidement s'approcher de nouveau de lui. Ses naseaux frôlent l'encolure du doré. Elle a l'impression de le découvrir.

Je suis toute émue avec ce sujet moi

J’ai l’impression d’avoir décollé de la terre pour voyager dans l’espace. Mon cerveau a commandé une bouffée d’air à mes souvenirs mais le message a dû se perdre en chemin. Je ne suis même plus sûr de savoir comment ouvrir la bouche. Elle est devenue gardienne de mes sens, je ne peux plus faire un geste sans que mon cœur ne soit pris de soubresauts. Quand ses naseaux frôlent mon encolure, je sens son sourire contre ma peau et j’ai le sang qui fait des bulles, comme celles que font les enfants pour impressionner leurs parents. « Et que se passerait-il si je comptais jusqu’à 401 ? » lui demandé-je d’une voix qui pétille comme un bonbon sur la langue, pleine de taquinerie.

Mais moi aussi tellement


La Renarde incline sa tête doucement sur le côté. Ça fait dégringoler ses crins flamboyants le long de son encolure, et plus bas encore. Ils se balancent dans le vide, comme animés, comme des milliers d'artistes trapézistes qui iraient d'une corde à une autre. Qui leur donneraient une vie.
Elle a le sourire en éventail, et des rêves en tête d'affiche pour les années à venir. Juste avec un baiser. Juste avec la rencontre fortuite de deux paires jumelles. « Peut-être que j'aurai déjà disparu. » souffle-t-elle contre son encolure, avant de décaler un peu sa tête pour pouvoir croiser son regard. Elle lui lance un clin d'oeil taquin et complice.

Pfiouu.. En plus, dernièrement, j'ai trouvé des photos qui m'ont fait penser à Aenor. Regarde

Spoiler:

Qu'est-ce que signifie « apprivoiser »? dit le Petit prince. - C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie « créer des liens... »

Sa réponse ne m’étonne guère – ou peut-être ai-je cligné des yeux par surprise, mais alors ce n'était que l’espace d’une milliseconde. Mon regard la dévore et je fais une note mentale me rappelant de le tenir en laisse. Est-ce bien, est-ce mal ? « Alors, ça aura été un très beau rêve. » Ma voix, étrangement douce, se veut murmure et chanson à la fois. « Et si tu disparais, je ne serai jamais bien loin. N’oublie pas ce que dit le Renard de ton histoire, princesse. ‘Tu es responsable de ce que tu as apprivoisé.’ » Mon chanfrein se colle au sien quelques instants volés, avant que je ne recule pour mieux l’observer - comme si c’était vrai. Comme si elle pouvait disparaître, là, maintenant, en poussière d’étoile. Je profite de l’éphémère avec l'émerveillement d'un enfant figé dans l’éternité, puis détourne les yeux à regret. « Si tu étais une saison... laquelle serais-tu ? » finis-je soudain par lui demander, le dos désormais face à elle, observant l'horizon.

Oh, elles sont magnifiques en effet Merci

Elle croise son regard, et le soutient. Elle plonge dans ses océans volcaniques, qui pétillent, qui brûlent d'un feu qu'elle ne connait pas bien. Elle affiche une mimique faussement offusquée. « Je n'ai pas besoin qu'on soit responsable de moi. » Elle lui lance un clin d'oeil, se déride, lui fait comprendre que c'est une plaisanterie (quoique).
C'est vrai et elle le pense. Mais pour une fois, l'idée que quelqu'un se fasse du soucis pour elle ne lui déplait pas. Au contraire, ça a un côté protecteur qu'elle n'a jamais eu l'occasion de goûter réellement. Son chanfrein contre le sien lui procure des étincelles jusque dans les sabots. Elle ne se reculera pas la première. Le courant d'air qui frappe son front la pique presque, quand il s'éloigne. « Le printemps. Parce que rien ne meurt, au printemps. » Elle affiche un sourire rêveur, avant de pivoter pour coller son épaule à la sienne. Comme si désormais, elle ne pouvait plus vraiment se passer de son contact. Elle regarde l'horizon, elle aussi. « Et toi, Petit Prince, laquelle serais-tu ? »

Elle fait mine de s’offusquer, et je n’en attendais pas moins d’elle. C’est une renarde qui, bien qu’apprivoisée, ne se laissera jamais vraiment caresser. Son âme appartient au vent, au soleil, aux 4 éléments. Elle veut une petite berge où poser son cœur quand l’envie lui prend, et non un port d'attache qui la retiendrait prisonnière. Elle est dévorée par la liberté, tout comme moi. « Le printemps… » dis-je tout bas quand elle se rapproche, peau contre peau. Je la laisse faire, resserrant mon étreinte tout en la berçant de gauche à droite, comme une enfant. Comme ma Wendy. « J’ai toujours aimé la neige, la beauté pure des flocons immaculés qui s’écroulent sur le sol et craquent sous nos pas - mais depuis que je t’ai vue, belle renarde, je ne jure que par le Soleil. Alors je dirais l’Été. » Je lui souris – mais pour une fois, c’est un sourire triste. Sa proximité, ses yeux enchanteurs, cette brûlure au fond de mon cœur.. Tout cela me rappelle Lily, et l’espace d’une brève seconde, je m’autorise à y penser. Et cette pensée m'écorche à vif. Serait-elle heureuse pour moi ?

Elle l'écoute avec une attention accrue. C'est beau, ce qu'il dit. Presque un peu qu'il lui ferait aimer la neige et l'hiver, elle qui n'a toujours vécu que sur le sable au bord de l'eau. Puis ses mots dérivent vers son élément natal : l'été. Le soleil. La chaleur écrasante qui vous pousse dos au vent. Elle sourit, fermant les yeux, sans répondre.
Il la berce et elle se berce d'illusions. Elle tangue. Droite à gauche. Gauche à droite. Elle a les yeux clos, lui fait-elle confiance à ce point ? S'il se décale d'un pas, elle tombe. Mais Aenor n'a jamais craint la chute. En inspirant à fond – son parfum, celui de la forêt, celui de la quiétude – elle rouvre les yeux, cherchant ses yeux bleus.
Elle n'y trouve que des nuages opaques, cisaillés de toutes parts. Cette vision l'effraie. Elle se tend, très légèrement. Dans ses yeux, elle cherche la blessure. Mais ça n'est qu'une cicatrice qu'elle ne peut pas saisir, ni même panser. Une douleur telle qu'une pieuvre retient quelque chose, là, piégé au fond des flots de l'océan de ses prunelles. Elle s'en sent retournée. Elle a mal, comme lui. Elle a mal... avec lui. Ça ne lui ai jamais arrivé. Jamais elle n'a absorbé ainsi les émotions de quelqu'un. Mais ce n'est pas lui. Ce n'est pas elle. C'est eux. C'est une seule et même personne. « À quoi penses-tu, Petit Prince ? »

Bon, il est temps de révéler le vrai Arsène...  

Je me suis laissé envahir par le passé une seconde de trop – voilà qu’elle l’a remarqué. Ses yeux, deux ambres qui rayonnent comme le soleil, sont des points d’interrogation qui m'interpellent. Je soupire, ne pouvant plus reculer. D’une certaine manière, je me sens lié à elle, et j’ai envie qu’elle sache ce qui me tourmente. « À une âme égarée… » Le cœur chargé d’électricité et un faux contact dans le sourire, je n’arrive pas à la convaincre que tout va bien. « Tu as ses yeux, sa soif de liberté… Sa soif de vivre. » Ma voix a cette étrange consonance qui rappelle la pluie et le tonnerre, l’obscurité… la solitude. « Mais elle n’est plus de ce monde. » J’ai parlé si bas que je ne sais même pas si elle l’a entendu. Ma tête se secoue vivement, comme pour chasser ces idées noires. « Aenor, il faut que tu saches. » Mes yeux trouvent les siens et s’y plongent désespérément, tandis que mon corps ne veut pas la quitter. « Devant le monde entier, je porte un masque. Je me fais passer pour un troubadour niais pour oublier et protéger les autres de ma tristesse infinie – parce que c'est plus facile de prétendre vivre dans la dérision, le rire. C'est facile de tout cacher derrière un sourire... mais quand je suis seul, je ne suis qu’un être détruit par la mort. Je suis le Vide, je le serai toujours. Depuis Lily, tu es la première à me voir tel que je suis, et ça s’est fait tout naturellement, mais je ne sais pas si c’est raisonnable, parce que j’ai peur de te décevoir. J'ai promis de veiller sur toi, d'être ton petit Prince. De t'emmener au Pays Imaginaire. »

 
Mais au fait, ils se sont jamais dis leurs noms si jamais me semble

Plusieurs émotions contradictoires traversent la renarde.
D'abord, l'incompréhension. Elle ne saisit pas tout de suite son histoire. Il a perdu quelqu'un. Très bien. Mais après ? Il ne s'en est jamais remis ? Pour elle et sa façon de voir la vie, cela lui semble inconcevable. Elle le dévisage lentement, sans l'interrompre, sans cesser de l'écouter.

Puis vient une colère étrange, muette, timide. Une colère qu'elle voudrait bien nier, mais elle ne peut la conserver dans le déni. Aenor n'est jamais en colère. Pourtant là, elle pense que ça y ressemble un peu. « Non, c'est elle que tu ne veux pas décevoir. » Sa voix n'est ni touchée ni touchante. Elle est d'une neutralité amenée par ces émotions qui sont nouvelles pour elle, et qu'elle a peur de ne pas savoir contrôler. Elle repense à leur rencontre. À ces sentiments, ces décharges électriques. Aurait-il pu mimer ? S'il a un masque, alors a-t-il joué la comédie avec elle ? L'a-t-il trompée, dans ses belles paroles et ses rougissements déguisés ? L'idée d'un jeu lui vient alors à l'esprit. Mais elle s'estompe aussitôt. Pour laisser place à un drôle de goût de déception. Elle baisse les yeux. Elle ne le regarde même plus. « Ce n'est pas quelque chose en moi que tu as aimé. Tu la vois elle, en me regardant. Tu t'es amouraché d'un souvenir qui a l'air vivant. Mais je ne suis pas elle. » Elle recule d'un pas, elle se sent blessée, trahie, désarçonnée. Une minute en arrière encore à peine et elle était si bien, elle planait dans un océan de nuages frais et rosés. Puis le vide s'est ouvert sous ses sabots, et il est immense. Elle ne voit pas le fond, mais elle sait qu'elle va tomber.

Puis la colère triste se mue en une peur qu'elle se refuse de ressentir. Il va partir. Il va la laisser. C'est elle qui est toujours partie. Elle n'a jamais été « celle qui reste ». Pourtant aujourd'hui, elle sent qu'elle va endosser ce rôle nouveau pour elle. Elle s'en refuse. Offusquée dans son égo et dans ses croyances naïves, elle se ferme même à sa détresse, ne s'attardant pas au chagrin qui peut le dévorer depuis si longtemps. « Je n'ai jamais été déçue de t'avoir vu sans ton masque. Maintenant, je comprends que c'est plus simple de l'enfiler de nouveau pour aller tromper quelqu'un d'autre. Libre à toi. Après tout, toi aussi, tu es libre. » Elle se détourne, se met de dos. Les larmes lui montent aux yeux, elle ne sait pas ce qui lui prend, elle ne sait pas comment réagir, elle ne sait pas pourquoi ça lui fait si peur et si mal.

Hahaha sérieux ? Bon, tant pis, on fait comme si
N’empêche, le retournement de situation...  

Je ne sais pas ce que j’avais espéré en me révélant ainsi – mais certainement pas cela. La pression monte à une vitesse folle, que je n’aurais jamais soupçonnée. À vrai dire, je la croyais liée à moi par un nœud ballant, qu’elle détacherait et rattacherait à sa guise en obéissant aux seules lois de sa liberté. Me suis-je trompé ? Est-ce que les sentiments changent les gens ? Je suis pétrifié. Les mots, fruits de sa peur et de sa colère, fusent comme du venin et me brûlent le cœur. « Tu te trompes. Je l’ai déçue, il y a bien longtemps déjà. C’est bien pour ça que je veux TE protéger. Je ne veux pas TE décevoir, princesse. Jusqu’ici, je n’avais pas encore ressenti cette peur – et pourtant, elle est là depuis des années. Je…. » Une boule dans la gorge, un couteau sur la langue, du métal dans l’estomac. J’ai envie de hurler et pourtant, reste muet comme une carpe. Le masque est tombé mais le rideau s’est fermé.

« Ce n'est pas quelque chose en moi que tu as aimé. Tu la vois elle, en me regardant. Tu t'es amouraché d'un souvenir qui a l'air vivant. Mais je ne suis pas elle. » Non. C’est faux. Je n’ai pas envie qu’elle pense cela, pas envie de la blesser à ce point, pas envie de la rejeter. Je veux la serrer dans mes bras, l’embrasser encore et encore, lui répéter ce que mon cœur n’a jamais osé dire autrefois, pas même à Lily… mais je reste bloqué.

À mesure qu’elle recule je me déteste toujours un peu plus. « Aenor… » Je déglutis, combats l’envie – me souvenant que je ne me suis jamais senti aussi vivant qu'auprès d’elle.. Mais à quoi bon ? Peut-être est-ce mieux ainsi ? Peut-être est-ce la seule façon de la protéger de ce vide qui remplit ma vie. Peut-être lui fais-je une fleur ; plus belle encore que celle qu’elle a planté. Mon corps entier se tord de douleur.

J'ai la voix en lambeaux, à peine audible. « ... Sois heureuse. » Je n'aurais jamais cru que ces mots-là auraient été les plus douloureux de toute mon existence. « Ne me laisse pas... » Je le pense et ne lui dis pas. Retiens des larmes que la solitude animera.

Grave

La princesse se détend. Elle l'observe, ose à nouveau croiser son regard. Courroucée, elle préférait foudroyer le vide et ses chimères de ses yeux inhabituellement colériques. « Je suis désolée. » On ne sait pas pourquoi, elle non plus. Enfin, peut-être que si. Elle l'embrasse du regard, mais sans le toucher. Parce que ça ferait mal, parce qu'elle a l'impression que ça serait la soigner et la meurtrir en même temps. Contradictions. « Pour toi et pour elle. »
Pas pour Aenor. Non, elle n'est pas désolée pour elle-même. Comme pour lui dire je t'avais dit que je survivrai. Même sans lui.
Pourtant, à cet instant-là, la renarde n'en est plus si sûre. Elle a peur, elle est gelée de l'intérieur. Et si elle n'y arrivait plus comme avant, seule ? Pourquoi faudrait-il s'y résigner ? Elle pourrait revenir vers lui. S'excuser, l'excuser – elle ne sait plus à qui est la faute. Le toucher, de nouveau. L'embrasser. Respirer, en fait. Elle pourrait faire tant de choses.

Aenor recule, face à lui. Elle le dévisage lentement. « Je crois qu'il nous faut nous séparer, Petit Prince. Le soleil se couche sur notre planète, et la nuit est pleine de terreurs. » Au fond, derrière sa simplicité affriolante, Aenor est bien plus complexe. Elle ne semble même pas triste. Peut-être que ça aura l'effet d'un baume au coeur. Ou d'une bombe. Ses yeux n'ont pas cessé de briller, mais l'ouverture s'est barricadée, enfermée à double tour, la magie de l'instant ! Envolée. Elle est restée elle-même. Et pourtant, elle n'est pas celle qu'il a connu depuis quelques instants. « Mais je te promets que nous nous reverrons bientôt. » Elle recule encore un peu. Comme pour lui montrer qu'aujourd'hui, l'histoire se finira ici. Que le chapitre suivant interviendra au bon vouloir du vent et des saisons.
Alors qu'elle recule, la distance entoure ses épaules comme un manteau de glace. Elle a froid, à l'intérieur. Elle sent déjà faner la fleur qu'il a plantée en elle. Elle cligne des yeux, quelques fois. Qu'as-tu fait, Aenor ? Une erreur. Celle d'avoir tout gâché, sûrement. Celle d'en être arrivé là, peut-être.

C'est triste

Tellement…

Quand sa bouche s’agite pour former les mots « Je suis désolée », je réprime la folle envie de la faire taire en imprégnant la couleur de mes lèvres sur les siennes. Mais non. C’est fait, désormais. On ne peut envisager de retour en arrière. La vie ne se rembobine pas comme un film. Alors, en guise de réponse, je hoche maladroitement la tête. Je sens toute la complexité de son regard, et même si je ne capte pas l'intégralité, je sais qu’elle est mal à l’aise. Qu’elle ne sait pas quoi faire de tout ça, de tous ces bagages malheureux... Je suis tout aussi perdu que toi. Encore quelque chose que j’aimerais lui dire, là, maintenant, et qui reste coincé dans le néant.

Terreurs nocturnes. Ses paroles ont l’effet d’un réveil – ou d’une bombe. Ouais, la détonation d’une bombe qui éclate les consciences comme du papier bulles. « As-tu au moins… un endroit où aller ? » demandé-je finalement en la voyant tourner les talons, inquiété par l’arrivée de la nuit d’encre. Les images de notre rencontre défilent à une vitesse vertigineuse devant mes yeux, me rappelant le danger qui rôde par ici. Je me rends compte, soudain, que je n’ai pas envie de la laisser seule, que c’est une mauvaise idée – mais la voilà déjà partie. Il ne reste plus qu’une poignée de secondes avant qu’elle ne se mette à courir, comme elle le fait toujours, en me plongeant dans un océan de remords dont je n'aurais jamais soupçonné l'existence. Tic, tac.

Un endroit où aller ? Demande-t-il cela sérieusement ? La princesse le dévisage, sans savoir vraiment qu'en penser. La pense-t-il en sucre ? Si fragile qu'elle ne survivrait pas la nuit tombée ? Alors comment aurait-elle survécu aux autres, seule, depuis si longtemps ? « Je trouve toujours un endroit où aller. » répond-elle seulement en détournant le regard, peut-être d'un ton un peu plus sec qu'elle ne l'aurait voulu.
Elle voudrait tant de choses. Se précipiter vers lui, lui crier de la protéger contre les masques noirs qui flottent devant ses yeux la nuit. Lui dire tout ce qu'elle ressent. Tout ce qui la rend vivante, et ces mêmes choses qui la ceinturent pourtant. À la place, elle finit de reculer, et tourne même les talons. De dos, elle s'éloigne, d'abord en marchant pour lutter contre les sanglots qui serrent sa gorge comme d'immenses étaux qui se referment lentement. Lorsque les larmes se mettent à couler, la princesse se met à courir.

J'en re-veux un de suite

Tiens https://galop-sauvage.forumactif.com/t46795-can-you-trust-my-best-intentions#1131234

Elle réagit comme je le redoutais – sur l’offensive, avec le ton aussi glacial qu’un vent d’hiver, qui gèle toute forme de vie sur son passage, impitoyable. « Je… » ne sais même plus quoi dire. Il faudrait que mon cœur cesse de jouer du tambour. Elle tourne les talons et je cherche désespérément son visage, mais elle court. Elle court aussi vite qu’une gazelle et je sens mes membres s’agiter. Je me surprends à courir moi aussi, à la suivre, jusqu’à ce qu’elle tourne et se dirige vers des chemins escarpés. À bout de souffle, j’arrête la machine qui me sert de corps et me laisse tomber maladroitement sur le sol, des larmes salées coulant en cascade sur mes joues refroidies par la nuit. Elle est partie. C’est fini.