mille vies pour un amant.

Elle te fonce dessus comme une fusée. Elle va vite, c'est vrai.
Mais elle n'est rien d'autre qu'une brindille face au bloc de granit que tu es. Une épine qui va se ficher un peu dans ta peau, et dont tu n'entendras plus jamais parler une fois retirée. Parce que ça va être simple. Tu ne connais pas cette furie, mais la ressemblance avec ta victime est frappante, et tu n'es pas idiot. Tu la laisses venir, comme une planète visée par un astéroïde. 
Mais au dernier moment, ton encolure balaie l'air si puissamment qu'en se heurtant à la sienne, tu ne manqueras pas, sûrement, de la faire chuter. Stoïque, indifférent, dur comme la pierre, loin de toute émotion, ton visage inexpressif ne se permet qu'un sourire amusé. Décidément, ça n'est pas fini, et la partie aura été bien attrayante.

▲ Gladys était effectivement une des meilleures à la course, chez elle. Elle ne l'a pas vu venir. Et comme avec l'Albinos, elle connait la même erreur: celle d'éviter le choc au mieux en se cabrant en arrière...trop en arrière. Elle reçoit son coup, se renverse, et s'échoue dans un hennissement strident sur le corps inerte de Nox. Scène d'horreur. Sonnée, les naseaux en sang, elle tente péniblement de se relever. Son regard terrifié se pose dans celui de Rhaegar. La mort, elle l'a maintes fois battue par les plantes. Et cette fois, la mort prend sa revanche, et se venge aussi sur son reflet pour la faire d'autant plus souffrir.
Il y a quelques secondes, elle fonçait sur Rhaegar ; à présent la mort lui va droit dessus.

En effet, puisque tu t'avances vers elle. Vers son corps échoué sur le cadavre de son frère. Tu t'avances lentement, parce que la mort est lente, qu'elle prend son temps, et que tu es la mort, Baltimore. Mais Baltimore n'est plus depuis longtemps. « Et maintenant ? Que comptes-tu faire ? » demandes-tu d'une voix grave, les naseaux frémissants, le goût du sang de Nox encore sur tes lèvres. Tu la surplombes de toute ton ombre.

▲ Gladys s'était faite à la fatalité: elle n'avait aucune chance. La question est plutôt que puis-je faire? Rétorque-t-elle, la mâchoire et la tête douloureuse. Elle connaissait déjà la réponse: rien. Sinon mourir. La noiraude ferma les yeux, résignée.

Tu lâches un léger rire sans joie en entendant ses mots.
Ses derniers mots. Dommage qu'elle n'en ait pas au moins profité pour dire quelque chose d'intelligent. Mais non. Tant pis. « Rien. » murmures-tu avec un sourire cynique, avant de te cabrer au-dessus de son corps, laissant tes lourds sabots retomber, tout ton poids avec, sur sa nuque.

▲ Et dans un léger soubresaut, un léger soupire, Gladys s'en alla à la suite de son jumeau, dont le corps sous elle, lui sembla encore chaud. Bientôt leurs corps gèleraient, avec cette température.