‹ blame it on the night ›

(oroszlàn)
Il s'est réfugié ici en espérant la revoir. Maxine. Elle lui manque.
Disparue, de nouveau. Son coeur se serre et dans les tréfonds de la grotte, à l'abri de la lune et des regards, le Lion laisse une larme rouler sur sa joue. Désolé, Nox, je n'ai pas réussi à tenir ma promesse...

where are you now ?
Elle n'y voyait rien, se heurtait aux parois. Au sol, quand ses membres fragiles se dérobaient à son contrôle. Ses pupille peinaient à s'adapter à l'obscurité, et ses iris bleutées, légèrement vairons, paraissaient presque inexistante dans ses yeux. Elle se redressa, la robe pleine de poussière. Son instinct lui dictait que quelque chose était tapi, là, dans l'ombre. Elle s'immobilisa, l'observant en silence, voyant la forme équine se découper progressivement dans l'ombre.

Spoiler:

where are you now ?
i'm faded
under the sea, under the sea

Le Lion l'a entendue approcher et ses yeux, bien acclimatés à l'obscurité à présent, parviennent sans effort à discerner ses contours, sa robe, ses crins en brosse. Il s'agit d'une jeune pouliche, il n'y a pas de doute. Dans la pénombre, l'éclat bleuté de ses yeux ressemblent à deux torches électriques. Il ne bouge pas, prouve seulement sa présence d'un ronflement neutre.

Elle admira les traits qui se détachaient lentement dans l'obscurité, l'écho faible de la respiration du mâle parvint à ses oreilles duveteuses, pointées droit sur lui. Elle observait les faibles reflets sur la robe dorée du mâle, et cherchait ses yeux dans la pénombre, qui s'y confondaient parfaitement. Curieusement, elle l'imita, ronflant des naseaux à son tour. Le silence n'était pas quelque chose qui la dérangeait, et elle s'avança d'un pas.
Puis deux. A la fois sauvage et apprivoisée.

Sauvage et apprivoisée. Exactement ce qui lui traverse l'esprit à cet instant-là. Comme elle s'approche un peu, il se relève prestement, avec lenteur mais grâce. Ses crins s'accrochent un peu à la paroi humide, s'y confondent dans l'obscurité. « bonjour. » murmure-t-il d'une voix douce et chaude. Il a déjà fait disparaître toute trace de tristesse de son visage.

Mais elle, elle n'avait pas oublié cette expression qui avait habité son visage quelques instants. Elle garda le silence quelques instants, un silence qu'elle seule pouvait comprendre. « Bonsoir. » contra-t-elle, d'une voix pourtant douce, mielleuse. Si innocente. Ses deux puits océaniques reflétaient légèrement la lumière, leur donnant une teinte presque fantomatique. En réalité, il faisait sombre, mais c'était difficile de savoir si il faisait nuit ou non dehors.
Il avait changé de masque, mais elle revoyait encore le souvenir de son faciès, image en écho dans sa tête.

Bonsoir ? Merde, combien de temps est-il resté là, prostré comme un moine face à un ciel sourd à ses prières ? Il esquisse un sourire un peu gêné. « il fait déjà nuit ? je dois être là depuis plus longtemps que je ne le pensais. » Son sourire s'agrandit, puis disparait lentement. Il s'approche encore un peu. « comment t'appelles-tu ? »

Elle était désormais proche de lui, et pouvait mieux sentir l'odeur forte qu'il dégageait. Celle d'un dominant. Elle laissa sa première phrase tomber dans l'oubli, lui adressant un semblant de sourire. « Je m'appelle Hel. Et vous êtes l'un des quatre Rois, n'est-ce pas ? »

Hel. Lourd prénom pour une créature encore si frêle, trouve-t-il. Il ne peut pas nier qu'il est flatté lorsqu'elle le qualifie de « Roi ». Beaucoup disent qu'il est le Roi du Nord, mais ici, on a toujours parlé que de dominants. « celui du Septentrion, en effet. je m'appelle oroszlàn. »

« Oui, je sais. » répondit-elle avec un léger sourire, plein d'assurance. Son regard pénétrant essayait de sonder les abîmes de ses onyx, tout en lui offrant un spectacle innocent, presque angélique. Et en même temps, étrange. « Je viens du Levant. » ajouta-t-elle par la suite, d'une voix calme, inclinant légèrement le visage.

Il est dérangé par cette petite, sans qu'il ne parvienne à dire en quoi et pourquoi exactement. Il se balance sur un pied, puis sur un autre et secoue sa crinière d'argent avant de répondre quoi que ce soit. « j'avais deviné. » fait-il avec un haussement de sourcil, amusé. « d'où me connais-tu ? »

Elle afficha une petite expression particulière, mélangée entre le doute et l'étonnement. Enfin, elle devait très certainement avoir l'odeur de son territoire sur elle. Mais elle ne s'en rendait pas compte comme elle lui appartenait. « Eh bien, j'ai reçu une éducation, figure-toi. » envoya-t-elle d'un air taquin, la malice dans les yeux.

Il hausse un sourcil, oubliant qu'il converse avec une pouliche. « je n'ai jamais prétendu le contraire, figure-toi. » répète-t-il de la même manière qu'elle, l'oeil allumé par une flamme malicieuse.

Mais contrairement à une pouliche classique, elle n'en fut pas perturbée. Elle voit danser la malice dans les yeux du mâle, et les siens si singuliers leur donne le pas. « J'ai compris que le Roi du Nord avait engendré une descendance. » fit-elle avec calme, suite à quelques instants de silence.

Il se demande comment est-ce qu'elle sait tout cela. Qui le lui apprend, là-bas au Levant ? Soudainement, il a peur que Rowena soit au courant. Qu'elle prévoie même de tuer son enfant. De tuer Elune. Il tressaille de tout son long mais se reprend. « eh bien sache que j'en avais déjà une. »
Première erreur, mon grand. Première erreur... Elle vient du Levant, ne te l'a-t-elle pas dit ? Ah, si.
Ce qu'il n'a plus pensé, dans son petit jeu de question-réponse, c'est que Rowena ignore ça. Qu'il lui a fait croire que leur enfant était mort, qu'il n'avait pas survécu, qu'il lui avait menti droit en face.
Pour ne pas qu'elle le tue.

» blame it on the night / a
» Blâme.
» blame it on a boy --
» ( Don't blame me. )
» / blame