sang pour sang

Je l'ai fondée ici, j'ai aujourd'hui un fils. répond-t-elle tout simplement. Elle n'avait pas envie d'étaler sa vie sans que l'alezane ne lui demande. Tu avais une famille, avant d'arriver ici ? Elle était attentive, les oreilles pointées vers l'autre jument.

Invité

- Non, lui répondit-elle. J'aime pas le terme de famille. A mes yeux, c'est rien d'autre qu'un vieux fardeau à se traîner. Je suis mieux sans.

Elle n'avait jamais vu de bonheur dans ce concept finalement. Etre seule, c'était de loin ce qu'il y avait de mieux dans la vie. Au moins, elle était sûre de ne pas avoir d'emmerde.

Nephtys pense commencer à cerner le comportement solitaire de l'alezane. Elle acquiesce silencieusement. Tu as rencontré du monde depuis ton arrivée ? Elle aurait potentiellement pu rencontrer des zombies ou des contaminés.

Invité

Alors du monde, ça, elle en avait vu. Ou en tout cas, quelques personnes. C'était pas son kiff mais tant qu'à faire, autant en parler.

- Oui, plusieurs, lui dit-elle en tentant vainement d'y réfléchir correctement. J'me souviens surtout d'un gars blessé qui s'appelle Akan. D'un autre qui m'a grave gavée et d'une jument noire qui s'appelle Léïne.

Lorsqu'elle entend l'alezane prononcer le prénom d'Akan, un frisson lui parcourt l'échine et son coeur s'emballe. Elle hoche pourtant la tête silencieusement, dissimulant son ressenti. Il était comment, celui qui t'a gavé ? Le prénom de Léïne ne lui parlait pas. Tu as apprécié Akan et cette Léïne ?

Invité

- J'aime pas grand monde, lui dit-elle sincèrement.

Jiyuu n'était pas du genre à se cacher. Elle affichait clairement qu'elle était plutôt du genre solitaire. D'ailleurs, le fait d'être auprès de quelqu'un ne pouvait vouloir dire que deux choses pour elle : que la personne lui était utile d'une façon ou d'une autre, ou bien alors qu'elle était presque invisible. En bref, pas de quoi l'emmerder.

- Il était... gris, je crois, dit-elle en se remémorant l'étalon un peu con qui l'avait collée. Akan, l'était chelou. Et Léïne... Elle était plutôt cool, j'avoue.

Un petit rire spontané sort de sa bouche. Dis-moi, le gris, il était pas un peu.. prétentieux ? Elle voulait vérifier son hypothèse avant de lancer son affirmation. Pourquoi tu dis ne pas aimer grand monde ? Qu'est ce que tu reproches aux autres ?

Invité

- J'sais pas trop, j'ai pas voulu rester, lui dit l'alezane.

Enfin, c'était certain que le gris en question n'était pas du genre modeste non plus. En fait, ça se voyait à la façon avec laquelle il l'avait abordée. Sans aucune gêne. Connard.

- C'que j'reproche aux autres ? Lui demanda-t-elle, avec un visage de comme si c'était clairement évident. De pas être dignes de confiance, de pas être intéressants, d'être imparfaits en fait. Comme j'le suis. Sauf que moi, j'me supporte juste c'qu'il faut.

L'enfer c'est les autres, comme disait Sartre. Nephtys hochait la tête, les oreilles pointées vers son interlocutrice. Triste, mais réaliste conception d'autrui. se contente-t-elle d'ajouter. Au fond, elle partageait l'opinion de l'alezane. Simplement, elle s'accommodait bien des imperfections des autres. Les deux juments avaient fait une bonne partie du chemin, la sortie du torrent était visible à l'horizon.

Invité

L'alezane se posait toujours des tas de questions. Elle savait bien que sa conception de la vie n'était pas la bonne. Enfin, y en avait-il une bonne ? Après tout, c'était vachement subjectif comme truc. Et fichtrement frustrant dans l'ensemble. A ses yeux, on ne pouvait pas mettre de mot sur ce genre de chose. En fait, ça se vivait. Point.

- C'pour ça qu'en général j'suis mieux seule, souffla Jiyuu.

Tu n'es jamais tombée amoureuse ? demande curieusement la petite jument. Je trouve tout de même ça éprouvant, de vivre une relation amoureuse sereine. Ce n'est pas de tout repos. Pendant quelques secondes, son esprit s'égare en un moment d'absence.

Invité

- J'sais pas c'que ça fait, l'amour, lui répondit-elle.

Et c'était vrai. Jamais Jiyuu n'était tombée amoureuse. Elle avait appris quelques petites choses à propos du cul par exemple, rien de plus. La survie avait été son unique moteur pendant des années, comment se focaliser sur autre chose ?

Tu y goûteras peut être un jour. Nephtys avait le sourire, malgré le désastre actuel de sa vie amoureuse. Je te le souhaite. Elle n'avait jamais connu meilleur sentiment que celui de l'amour, et ce dans toute sa vie.

Invité

- M'ouais, ça reste s'attacher, lui répondit-elle, dubitative.

Elle ne croyait pas au bonheur en présence d'autrui. A ses yeux, ce n'était que des emmerdes. S'attacher à quelqu'un, c'était risquer de le perdre. Et de se perdre. Aussi.

Elle hausse les épaules, son regard divaguant vers le torrent de lave. C'est un risque à prendre. Ça en vaut parfois la chandelle. Elle sentait son coeur se serrer continuellement, de plus en plus fort.

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