keep the streets empty for me

Spoiler:

Perché sur une excroissance glacée, il observait Kölryn. Son regard de charbon glissait le long des chutes d'eau, se noyaient dans le tumulte de l'écume, s'apaisaient de la surface de l'eau qui ondulait moins plus loin. Ici, le ciel se confondait presque avec la terre, et un instant il se demanda si ce n'était pas lui qui vivait à l'envers. Une brise glaciale empoignait la peau de son encolure, ses crins changeant brusquement de côté à chaque bourrasque plus audacieuse.
Les rois du Nord, qu'ils disaient.

Je peux ?

Aventura s'aventurait ici pour la seconde fois. Le froid mordant lui rentrait les fesses tandis qu'elle marchait, tête baissée, réfléchissant à beaucoup de choses en même temps. Le vent lui soufflait dans le dos tandis qu'elle avançait, les oreilles couchées.

Si le vent soufflait moins fort, une petite buée serait certainement visible à chaque expiration qu'il faisait, tant il faisait froid. Kölryn n'était certainement pas la partie la plus chaude en termes de climat, au Nord. Mais Aaren n'en demandait pas tant. A vrai dire, il préférait les paysage secs et hostiles, du moins aux yeux des autres. Il était certain de pouvoir apprécier le Nord à sa juste valeur sans être dérangé par qui que ce soit.

Seulement voilà, quelqu'un était dans le coin. Il entendit ses pas, sentit son odeur. Une femelle.
Ceci dit, il ne bougea pas de son perchoir, que n'importe quel autre être aurait trouvé particulièrement dangereux. Mais lui était bien loin de tout ça.

Aventura fixait l’autre cheval au loin. Elle frissonnait légèrement, adoptant toujours la même position pour se protéger du vent. Elle s’approcha en silence, les oreilles en avant.

Il l'entendit avant de la voir, malgré le vent qui sifflait dans ses oreilles. Il orienta son visage vers la jument appaloosa, sans rien dire pour autant.

Elle leva les yeux vers l'autre cheval, un étalon isabelle. Elle redressa la tête sans rien dire, elle était silencieuse et fixait le gouffre d'un air indescriptible. Ensuite, elle chercha le regard de l'autre équidé.

il est isabelle

Aaren plongea son regard dans celui de l'appaloosa, qui se planta bientôt non loin de lui. Elle détourna son regard vers le vide, et s'il avait pu hausser un sourcil, il l'aurait fais. « T'attends qu'on te dise de sauter ? » lança-t-il d'un ton narquois.

Pourquoi ? Ça t'intéresse tant que ça ? fit-elle d'une voix faussement outrée. Elle fixa l'étalon, d'une neutralité déconcertante avant de détourner le regard vers le gouffre de nouveau. Effectivement, elle aurait bien sauter dedans mais elle ne l'avouera jamais.

« J'en ai rien à foutre. » avoua-t-il en toute honnêteté. Tellement que c'en était soit amusant, soit déconcertant. En tout cas son sourire narquois ne le quittait pas. Un vrai petit con. « C'est juste pour ne pas louper le spectacle. » ajouta-t-il avec un petit rire un peu dérangeant.

Elle redressa encore plus ses oreilles et pouffa légèrement. Elle fixa son regard brun dans celui de l'étalon, une petite flamme de défi dansant dans le fond de sa prunelle. Tu en verras d'autre des spectacles, t'inquiète pas.

« Il y en a de plus intéressants que d'autres. » souffla-t-il en l'observant. Il s'approcha de quelques pas d'elle, la dominant d'une bonne tête, le soleil pâle du Nord donnant des reflets d'or à sa robe. Ses yeux sombres demeuraient plantés dans ceux de l'appaloosa, comme sous tension.

Elle plissa légèrement les yeux, éblouie par le soleil. Elle avait toujours ses yeux sombres plongés dans ceux de l’isabelle. Un sourire mi-moqueur mi-narquois s’afficha sur ses lèvres délicates. Effectivement.

« T'es qui sinon ? » lâcha-t-il, passant sur le sujet du suicide, qui tombait visiblement à l'eau. Tant pis, c'était pas aujourd'hui qu'il allait revoir un cadavre. Ça aurait changé de d'habitude : tuer sans avoir à frapper. Intéressant comme problématique. A mûrir.