where the streets have no name / a

La petite s'admire dans le reflet que lui renvoie la surface du lac, si lisse qu'elle croirait à de la glace. Elle se sourit, tourne sur elle-même comme une princesse, sans se lâcher des yeux. Tu es une princesse, Aenor, ne l'oublie jamais. Alors, elle se le rappelle régulièrement. Seule au beau milieu de la nuit, elle n'a pas peur – elle se met même à rire aux éclats.

● Le jeune prince du désert trottait fièrement autour du lac. Des éclats de rire l'intriguent et il se dirige vers eux, apercevant une pouliche. Toujours et encore à la recherche de Nox, mais en attendant, il fait de nouvelles rencontres, et ça lui plaît de sortir d'Egypte comme ça, sans mission secrète. Il l'interpelle d'un bref hennissement, orientant ses oreilles dans des sens contraires.

La rouquine se retourne en entendant le hennissement. Ses grands yeux brillants se posent sur la silhouette d'un étalon déjà bien plus vieux qu'elle. Elle l'observe avant de se détourner du lac pour s'approcher d'une démarche curieuse. Bonjour, qui êtes-vous ? demande-t-elle d'une petite voix drôlement assurée pour son âge.

● Et ce ton de voix trahissait du caractère, chose qu'il appréciait. Avec Harmonie pour compagne, on se s'en étonne pas. C'était l'occasion rêvée de se faire une bonne réputation, les poulains colportant tout partout, il en était certain. Mes amis m'appellent Chao. Et toi t'es qui? Il abaissa un peu ses naseaux vers elle, tout aussi curieux.

Mais la petite ramène brusquement son encolure vers elle, fronçant les sourcils. Son encolure courbée et fine démontre bien ses origines arabes et elle le toise avec curiosité aussi. Chao ? Ça fait assez méchant, comme nom, ose-t-elle faire remarquer. Moi, ce ne sont pas mes amis qui m'ont nommée, et je m'appelle Aenor.

● Il leva les yeux au ciel et pointa d'autant plus ses oreilles vers elle. C'est joli ton prénom. Bah, mon nom en entier c'est Chaodence, si tu préfères. Et je suis peut-être méchant, qui sait? Le sabino essayait d'être gentil, très gentil, parce qu'il allait être papa bientôt.

Merci, répond-elle, toute contente en essayant de ne pas trop le montrer. Je n'en sais rien, moi en tout cas. Mais ça ne me fait pas peur, de ne pas savoir. Elle le défie du regard avec un sourire espiègle.

● Elle lui emmêlait les méninges, il secoua la tête pour se débarrasser de cette sensation désagréable. Il soutint son regard sans effort et sans vouloir en faire. Finalement, il décida de s'éloigner, lentement, dépassé par les réactions de la pouliche.

Comme un peu satisfaite de la réaction qu'elle provoque chez l'étalon, elle sourit. Victorieuse. De toute façon, on le lui a appris. Elle est née pour gagner et c'est tout. Elle le suit alors, trottinant jusqu'à revenir devant lui, pour l'observer avec ses grands yeux. Mais est-ce que moi, je vous fais peur ?

● Il s'arrêta, et la regarda d'un air impatient, courbant l'encolure et dressant ses oreilles, profitant un peu, c'est vrai, du fait qu'il était plus grand. Non, tu m'ennuies. C'est différent. Il fit mine de claquer ses dents devant les naseaux de l'alezane, puis sourit pourtant d'un air amusé. Et je suis méchant si je veux, méfie-toi. è_é

Mais Aenor a un sourire effronté sur les lèvres. Elle ne bouge même pas la tête, a seulement un fin tressaillement. Elle soutient toujours le regard de l'étalon avec défi. Ah oui, je t'ennuie ? Elle hausse les épaules avec un sourire de nouveau. Un peu moqueur, comme un peu inconscient peut-être. Et que faut-il pour que tu veuilles l'être ? Elle est consciente qu'il ne faudrait peut-être pas le provoquer ainsi.

● Hum...bonne question. Son comportement envers lui lui déplaisait, et il rabattit ses oreilles sur sa nuque. Il allait la dompter, voilà. Comme Harmonie. Bon, maintenant pousse-toi avant que je m'en charge. è_é Fit-il avec un regard sévère, ronflant de ses naseaux dilatés. Le problème c'est qu'il avait oublié comme il avait fait pour s'y prendre.

Elle observe avec curiosité ses naseaux qui lui semblent soudainement énorme. Elle flirte avec le feu, elle le sait. Mais ça l'amuse. Ça l'excite. Elle se sent vivante. Et tu vas t'en charger comment ? Tu vas me frapper ? Tu te rabaisserai à frapper une pouliche ? Elle reste droite comme un i devant lui, inclinant sa tête sur le côté, intriguée.

● Il se secoua vigoureusement, agacé, et paraissait de plus en plus imposant sans rien dire ni faire. Il attrapa la pouliche par la crinière sans grande délicatesse mais sans brutalité réelle non plus, et la tira sur le côté pour pouvoir passer.

Bien évidemment, à côté de lui – et un peu à côté de n'importe qui – Aenor est une brindille et elle se fait décaler donc tout aussi facilement. Elle ne dit rien, mais renifle et s'assoit par terre avec un visage triste en regardant l'étalon passer