/ rider

Elle tressaille lorsqu'il passe ses naseaux sur son dos... mais déchante bien vite. Il s'éloigne presque directement et elle penche la tête sur le côté, interrogatrice. Ses deux yeux noirs ne lâchent pas le gris. Elle s'avance vers lui de nouveau. Je ne vais pas te manger. Ses dents se découvrent en un sourire pourtant carnassier. Elle lui fait un clin d'oeil avant de reporter son regard sur l'horizon. Comment pourrais-je vous aider ?

L'étalon gris passa sous silence la première réplique de la jument. Il l'observa quelques instants. Pour l'instant, je ne sais pas, je te dirais. Il soupira silencieusement et se rapprocha d'elle doucement, ne savant pas trop si elle lui en donnait le droit. Le passé était le passé. Il devait vivre l'instant présent.

Mais elle ne laisse rien paraître, comme de marbre, toujours. Protégée par une armure du meilleur acier. Elle ne semble pas réticente non plus à son approche, ça devrait lui suffire, sûrement. Elle l'observe du coin de l'oeil, sans bouger. Ils sont plus nombreux mais vous êtes plus forts. Nous sommes plus forts. fait-elle avec un sourire de victoire sur le visage.

Alcantaraz observe son visage avec attention avant de replonger ses yeux dans les siens. Il ne dit rien, il se contente de l'observer. Il regarde le ciel quelques instants, la nuit va bientôt tomber. Il lâche un soupire de désapprobation et ne bouge plus. Il n'ose pas pas continuer.

Elle ne comprend pas vraiment son comportement mais pourtant, elle le respecte. Elle ne dit rien là-dessus et observe le ciel s'obscurcir de minutes en minutes. Elle se retourne dans l'eau. Elle n'a nulle part où aller. Chez elle, ça n'a jamais existé, comme concept. Sauf qu'à présent, elle fait partie d'un groupe, à défaut d'avoir une famille unie. Je te suis ? Ils doivent bien avoir un endroit où se réunir et où dormir. Elle pourra rencontrer les rares qu'elle ne connait pas encore, ainsi.

Oui, mais je te préviens, je ne dors quasiment jamais avec les autres, et c'est pas pour toi que je vais commencer, lui dit-il avant de prendre la direction d'un abri qu'il connaît plutôt bien sur ces terres au petit galop.

Elle esquisse un sourire en coin en prenant le pas à côté de lui. J'préfère justement qu'on soit que tous les deux qu'avec tout le monde. Lov, elle fait pas trop dans le social non plus.

L'ibérique ralentit en arrivant près de l'abri. Il s'arrête totalement et laisse la demoiselle y entrer en première. Il s'engouffre dans l'abri étroit à son tour et il se couche par terre. Ils n'auront pas beaucoup de place et devront se serrer mais tant pis.

ça me va

Elle entre dans l'abri, un peu courbée par le manque d'espace. Mais ça suffira. Elle, elle est habituée au sol glacé et au froid nocturne et habituel au Nord. Alors un abri couvert, c'est presque du luxe. Vu le peu d'espace qu'ils ont, quand elle se couche, son encolure vient toucher celle du mâle mais elle fait mine de ne pas s'en soucier, quêtant pourtant sa réaction du coin de l'oeil. Ça fait longtemps que t'es avec eux ?

Un petit frisson vint effleurer sa fine peau tandis qu’il pose sa tête sur le sol frais. Je sais pas trop, quelques mois, voir peut-être un an, j’ai pas trop la notion du temps, lui dit-il en haussant les épaules.

Elle non plus, elle n'a pas trop la notion du temps. Elle acquiesce simplement et reste silencieuse, parlant rarement pour ne rien dire ou sans aucun but. Elle observe les parois de la petite caverne étroite avant de poser à son tour la tête sur le sol, les yeux toujours ouverts.

Alcantaraz ne bouge pas pendant un petit moment puis il vient chercher son contact avec douceur. Il laisse ses naseaux effleurer la ganache de Lövojka avec douceur.

La jument tressaille. La douceur, elle ne connait pas. Des relations, elle en a eu quelques-unes. Toujours dans la violence, dans l'adrénaline. Dans un drôle de jeu de supériorité. Elle pense à Akan, puis à Hooker. Ses pensées dérivent finalement vers Asmund et, curieusement, même si elle n'a aucune notion de la fidélité ni de l'amour, elle a l'impression de le trahir. Pourtant, pour le bien de sa couverture – et parce qu'elle en a envie, finalement – elle accentue le contact et laisse ses naseaux effleurer l'encolure du mâle, passant sous ses crins gris.